• Le récit que je fais ici d'un moment jubilatoire, vécu tout récemment, vient d'une conviction : il faudrait qu'un jour on casse ce fonctionnement de l'école en groupes fermés d'élèves ayant le même âge, vivant les mêmes histoires scolaires et empêchés de partager leurs différences intérieures, venant des mêmes environnements trop souvent ghettoïsés,  et qu'on le remplace par un apprentissage fondé sur  l'échange des différences.

    Ça peut passer par des dispositifs comme la correspondance avec des enfants de milieux différents ou avec des personnes d'un autre âge, par des rituels comme le "Je fais partager" (Le dispositif) pendant lequel les enfants volontaires font partager leurs centres d'intérêt, par ces moments d'écriture libre où les textes produits font émerger les richesses singulières de chacun.

    Et voilà un autre exemple de la vertu des mélanges et des complémentarités.

    Un vendredi sur trois avec ma collègue de CP, nous vivons un temps de partage qui se construit ainsi. Mes dix élèves de CM2 préparent d'abord la lecture d'un album convenant à des enfants de 6-7 ans. Puis le vendredi, nos deux classes (CP et CE1/CM2) se rejoignent pour vite former des équipes de quatre : un élève de CM2, un de CE1, deux de CP. Ces quatuors se trouvent un espace dans les salles de bibliothèque et de ludothèque. Une fois installés, l'élève de CM2 lit son histoire aux trois autres. A l'issue de cette lecture offerte, tous les quatre réalisent une création commune inspirée par cette lecture. Nous, les deux enseignants, nous contentons d'observer, d'accompagner et de prendre des photos.

    En voici quelques-unes :

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

     

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

     

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

    Plaisir VECU 212 : Quand les extrêmes se rejoignent

     

     

     

     

     

     

     

    C'est une action très simple à préparer, très aisée à mener, il suffit juste d'avoir le désir de s'ouvrir. Les grands sont fiers de montrer leur expertise et se sentent investis d'un rôle très valorisant, les petits perçoivent un message non dit qui pourrait être : "Toi aussi, un jour, tu le feras".

    Daniel Gostain

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ ) Le multi âge

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/taxonomy%3A5013.5014.1522

    2) La lecture aux petits

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55592

    UNE QUESTION

    Le multi-âge : ça profite à tous ?


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  • « J’ai eu la chance de pouvoir m’inscrire en stage dans ta classe ! » Voilà le contenu d’un mail que j’ai eu le bonheur de recevoir fin août. Une ancienne stagiaire décidait de revenir dans ma classe, conquise par les pratiques mises en place. Le changement de niveaux lui permettait de venir découvrir cette année la mise en place d’un projet « Espaces partagés et Coéducation ».

    Le dispositif est déjà en soi une satisfaction, puisqu’il a été conçu avec une collègue qui a fait le mouvement afin qu’ensemble, nous puissions donner vie à ce projet de mutualisation des espaces et de nos pratiques.

    L’ouverture de la porte de communication entre nos deux classes l’après-midi permet de transformer nos cours doubles en une classe multi-âge au sein de laquelle les élèves se déplacent pour aller d’ateliers dirigés en activités autonomes. L’aménagement des classes a été pensé afin que dans chaque classe coexistent des espaces qui nous semblent indispensables, comme le coin calme, les jeux d’imitation de la maison, un lieu pour dessiner, un autre pour peindre, une table ronde pour partager…

    Ces espaces ont tous néanmoins des différences, afin que chaque classe détienne une particularité : un coin calme est orienté vers le toucher : revêtement des murs et coussins qui jouent sur les matières et des jeux dédiés alors que dans l’autre classe il y a des plantes. Une classe dispose d’un coin écoute d’albums et l’autre d’instruments avec un appareil pour écouter de la musique. Dans une classe on joue à la marchande avant de cuisiner, dans l’autre on s’habille et on s’occupe des poupons que l’on lave… Ce dispositif nous permet non seulement d’échanger, de croiser nos regards d’enseignantes, mais aussi de laisser une plus grande liberté aux élèves dans la gestion autonome de leurs apprentissages.

    Quel plaisir d’accueillir cette stagiaire dans ce dispositif qu’elle avait choisi ! Elle s’est glissée dans nos pratiques, elle a accompagné les élèves dans des ateliers coopératifs. Elle est de son propre aveu enthousiasmée. Avec nous, elle a pu constater qu’ils s’appropriaient ce nouvel espace avec des modalités de travail différentes de celles qu’ils avaient connues pour la plupart. Ils attendent l’ouverture de la porte de communication avec impatience, parce qu’elle annonce de nouvelles activités avec des déplacements, que, petit à petit, ils régulent entre les différents lieux et les activités qui leur sont proposées.

    Clothilde Jouzeau Kraeutler, enseignante de maternelle

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) L’aménagement de classe

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55559

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55560

    2/ Créations : Espaces

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/26078

    UNE QUESTION

    Comment accepter le regard de l’autre sur sa pratique ?


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  • Dans ma classe de CE1 dédoublée (13 élèves), nous avons commencé les "Quoi de neuf ?" dès les premiers jours de classe. Certains élèves avaient l’expérience de cette pratique l’an dernier tandis que d’autres l’ont découverte. Les demandes de participation sont tellement nombreuses que j’inscris 2 enfants par jour : un le matin et un l’après-midi.

    Depuis la rentrée, nous avons eu des thèmes très divers. Une élève a raconté ses vacances avec des photos, une autre a amené le livre photo de sa naissance, d’autres ont amené des jeux, des figurines, des livres…

    Cette présentation ne donne pas nécessairement lieu à un travail mais nous avons déjà fait quelques prolongations.

    Avec le thème des vacances, nous avons pu travailler sur la carte de la France mais aussi sur la carte du monde (des élèves sont partis au Maroc, en Roumanie et une élève est même partie au Canada !). Nous avons regardé le trajet pour arriver à destination : les pays traversés, les océans, les continents.

    Une élève nous a présenté sa collection entière de cartes Star Wars, nous avons ensuite essayé de toutes les compter en les groupant par 10 (il y en avait 95).

    Deux élèves ont amené une figurine qu’ils ont eue dans un menu de fast-food, nous avons calculé le prix des menus pour différentes familles.

    Pour l’instant, 2 élèves ne se sont pas encore portés volontaires pour venir présenter quelque chose mais ils participent à l’échange et posent des questions.

    J’ai un élève extrêmement timide qui prend très rarement la parole et parle tout bas, et j’ai été très surprise de le voir lever le doigt dès la deuxième semaine pour s’inscrire au Quoi de neuf. Il s’est mis devant la classe pour montrer sa figurine, a dit quelques mots avec mon aide et a ensuite répondu aux questions des copains. J’étais fière qu’il ose si rapidement parler à toute la classe et ses copains ont fait la même réflexion : « N. est moins timide que l’an dernier, il a même fait un Quoi de neuf devant tout le monde ! »

    Chloé Brillon ce1 école M. Thorez - Wavrechain-sous-Denain (59)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Le « Quoi de neuf ? »

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-quoi-de-neuf

    2) Un petit objet important pour moi

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/23756

    UNE QUESTION           

    L’expression passe-t-elle obligatoirement par de la parole ?


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  • Vendredi 21 septembre. Classe de CE2. Conseil de classe.

    Les élèves se sont approprié le conseil à une vitesse folle. Nous sommes seulement à trois semaines de la rentrée ! Ils ont des petits papiers à mettre quand ils veulent dans trois pochettes différentes : Je critique/ J’ai un problème, Je félicite, je propose.

    Ce vendredi nous avons une proposition. S. propose d’avoir un lapin dans la classe. Je demande la parole, un lapin, c’est un peu gros, on ne peut pas le lâcher dans notre cour toute bitumée, il va être malheureux, un autre enfant demande la parole : on pourrait prendre un hamster, un autre évoque de prendre un poisson… Le débat est lancé, ils argumentent, on finit par voter, ce sera un hamster s’il n’y a pas d’allergie dans la classe, nous écrirons une lettre aux parents pour le savoir, sinon, ce sera un poisson.

    Et puis, sans besoin d’intervention ils élaborent leur plan : il faudra s’en occuper, lui donner à manger, à boire. Maîtresse, tu pourras faire une pince à linge pour s’occuper du hamster ? (la pince à linge étant un service de classe). 

    Ils continuent : Il faut une cage, de la litière, une roue…  On pourrait écrire une lettre aux parents pour demander si quelqu’un en a, et puis, on pourrait aussi faire une annonce dans notre journal de classe ! Maîtresse, tu nous donneras des exercices pour savoir ce que ça mange un hamster ? Un élève réagit, mais il faut de l’argent pour acheter la nourriture, et la litière. Le tour de parole repart de plus belle : on pourrait vendre des gâteaux. Oui, mais où ferions-nous les gâteaux ? A la maison ou à l’école ? Maîtresse, on peut faire les gâteaux à l’école ? Et comment allons-nous faire pendant les vacances ? Maîtresse le prendra, comme ça, on ne se bagarrera pas ! Gloups… Je demande la parole, ça, ça ne va pas être possible, il va vous falloir trouver une autre solution !  Une autre élève C. demande la parole, elle n’a pas l’air si enjouée que les autres. Elle ne veut pas d’animal dans la classe parce qu’à la fin ils meurent, et c’est triste. Une autre question plus philosophique est lancée, deux trois enfants prennent la parole pour expliquer que ce n’est pas grave que c’est aussi la vie, c’est comme ça. On rit à l’évocation du poisson suicidaire de C. ! Mais il est déjà 16h30, il faut partir, les élèves repartent dans un entrain que je ne leur ai jamais vu…

    Pendant tous ces échanges, je les regardais, je les écoutais… et je jubilais ! Ca y est, les élèves se sont appropriés la classe, ils ont proposé, posé les problèmes, cherché des solutions, débattu, argumenté, philosophé, voté… Ils vont écrire, ils vont lire des documentaires, à leur demande… et tout cela aura tellement plus de sens ! Je touche du doigt ce que j’essaye de mettre en place depuis quelques temps… une vraie classe coopérative, une classe qui s’approprie l’école, qui l’envahit même (bon, d’un tout petit animal !) ! Quel bonheur ! Je sens que je vais l’aimer cette année !

    Jeanne Paturel

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ ) Les élevages en classe

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/11498

    2) L’enfant auteur

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche-enfant-auteur

    UNE QUESTION

    Quel guidage du maître en pédagogie Freinet ?


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  • L’année dernière, avec ma classe de CE2-CM1-CM2, nous avons mené une correspondance. Ma classe était située dans une école REP+ de la Porte de Clignancourt, tandis que celle de nos correspondants était située en milieu rural, en Charente-Maritime. Avec mon collègue, nous nous étions choisis, dans l’idée notamment de permettre aux élèves d’appréhender, connaitre des milieux de vie très différents. Le résultat fut d’une grande richesse.

    Dès le contrat de correspondance, nous avons organisé une alternance entre envois collectifs et envois individuels. Les envois collectifs ont donné lieu à des échanges d’exposés, d’enquêtes, d’expériences diverses et variées, mais aussi et surtout à une étude comparative de nos milieux respectifs, propice au travail approfondi dans le domaine de la géographie ! Dans ce contrat, chacun des enseignants s’engageait aussi auprès des élèves à faire tout son possible pour organiser une rencontre entre les deux classes. Très vite, c’est la classe de Charente-Maritime qui s’est engagée dans le projet d’organiser une classe de découverte autogérée à Paris.

    Mes petits parisiens étaient baba de découvrir au fil de nos échanges toutes les montagnes déployées par leurs camarades pour mener à bien un tel projet. Tandis que nous nous apprêtions de notre côté à partir en classe de découverte grâce à la Mairie de Paris, nos correspondants multipliaient quant à eux ventes et événements en tous genres pour financer seuls un aller-retour en TGV, un séjour en auberge de jeunesse, les courses pour les repas, les tickets de métro sur place…

    C’est alors que, dans ma classe, grâce aux propositions du conseil, est née l’idée de payer à nos correspondants une journée complète à la Cité des Sciences. Et hop ! Calcul du budget, réalisation de cartes postales à vendre par les élèves, comptage régulier du pécule ainsi accumulé, évaluation de la somme restante à trouver, demande à la coop de l’école : les mathématiques naturelles sont arrivées dans la classe !

    Finalement, durant 3 jours au cœur du mois de mai, les deux classes se sont rencontrées avec plein de partages : une journée à la Cité des Sciences de La Villette, une matinée dans notre école sur des ateliers gérés par les élèves, et puis une autre matinée à la Tour Eiffel, qui était un moment aussi riche pour les Parisiens que pour ceux de Charente-Maritime. Joie teintée de trac des rencontres individuels après près d’une année d’échanges individuels entre chaque binômes de nos deux classes, fierté de faire découvrir le métro, émerveillements partagés au cœur d’un Paris aussi méconnu de mes élèves que mystérieux pour les élèves de mon collègue. Pour nous, enseignants, la satisfaction de faire entrevoir à ces enfants la possibilité d’inventer une communauté malgré tellement de distances…

    Au fil des correspondances individuelles, il a fallu apprendre à écrire bien, à écrire juste, à se dévoiler pour apprendre de l’autre, et enfin à partager. Quelle expérience dans le domaine du « savoir écrire et manier la langue » ! Les élèves de ma classe, issus d’un milieu très populaire, majoritairement immigré, enclavé dans un ghetto social, ont découvert qu’il existait partout des enfants avec qui ils pouvaient échanger et se comprendre, simplement par le pouvoir de l’écriture. Un horizon s’est ouvert dans leur vie. Et je pense que mon collègue pourrait en dire autant pour ses élèves des campagnes de la Charente Maritime !

    L’un des temps les plus forts pour cette correspondance individuelle fut le moment du retour des vacances en janvier. Mes petits élèves aux parents Maliens, Sénégalais, Sri Lankais, Algériens, Tunisiens, Marocains, Haïtiens, Ivoiriens… reçurent des lettres peuplées de « Bonne année », de récits de réveillon de Noël et de cadeaux en tous genres… Leur première réaction fut la perplexité : « Maitresse ! On n’a rien à leur raconter, nous. » Déjà, courant octobre, au moment des présentations, la question des « origines » (pour mes élèves, « racines venues d’un autre pays ») avait été posée… Chez nous, ce fut l’occasion de nous interroger sur les rites et coutumes à travers la classe, à travers le monde. Beaucoup ont cherché à décrire les fêtes pratiquées dans leurs familles respectives autour des enfants et des cadeaux, mais aussi de la nourriture. D’autre y virent l’occasion de recherches approfondies au sujet des pays d’origine de leurs parents. Tout à coup, apprendre à l’autre quelques mots d’une autre langue pratiquée à la maison mais pas à l’école est devenue une fierté. En échange, certains ont reçu des descriptions de fêtes et recettes charentaises.

    Et l’envie de s’écrire pour devenir amis est restée ; Et des envies d’aller parcourir la France / le monde sont nées !

    Magali Jacquemin

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) La Correspondance

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-correspondance-scolaire

    2/ Nouvel Educateur : La pédagogie Freinet en milieu populaire

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/46426

    UNE QUESTION

    Nos origines : faut-il les travailler ou bien les dépasser ?


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