• Cette année, après plusieurs années de fonctionnement en CP/CE1 dans une classe rurale d’une petite école de 3 classes dans le sud de la Loire Atlantique, j’enseigne en CP/CE1/CE2.

    Tout le cycle 2, donc ! 

    Soit 7 CP, 8 CE1 et 6 CE2. Les plus grands sont donc avec moi pour la 3ème rentrée consécutive.

    Quel bonheur ! Pas de perte de temps à expliquer le fonctionnement de la classe coopérative.

    Ils maîtrisent bien l’autonomie, la coopération, le travail dans le calme, et pour que je puisse entendre les petits CP lire, ils se repèrent dans les fiches, les tiroirs… Ils sont toujours super motivés pour le cahier d’écrivain, et toujours  créatifs. Ils m’épatent, vraiment, ces CE2.

    Jusqu’ici, pas d’auto-correction (sauf avec les cartapinces, logico et boîtes bleues Veritech), car je trouve les CP et CE1 bien trop petits pour trouver et comprendre leurs erreurs seuls.

    Cette année, je commence donc à les initier à l’auto-correction, en démarrant par celle des fichiers d’orthographe : cela va tout seul ! Je suis donc confiante pour démarrer l’auto-correction en maths après les vacances de la Toussaint.

    Vraiment, quelle chance cette année de voir le bénéfice de deux années de mise en place de techniques Freinet.

    Mais mon plus grand bonheur, c’est la prise de parole de L. Ce garçon très discret n’a jamais pris la parole en conseil depuis le CP.

    La semaine dernière, L s’inscrit dans la colonne « J’ai une proposition », et lors du Conseil, il explique qu’il voudrait qu’on fasse une maquette de notre nouvelle classe (on a déménagé dans une plus grande salle). Il explique son projet, ce qu’il faudrait, les matériaux… Aux petits CP qui trouvent que cela va être trop difficile, il répond qu’on va coopérer, que les plus grands aideront les plus petits.

    Voilà, deux ans de mutisme, et d’un coup, vlan ! Il prend la parole pendant plus de 10 minutes et explique la coopération et la solidarité à tous ses camarades.

    J’en avais la larme à l’oeil !

    Véronique Mullet

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Le Conseil de classe

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-conseil

    2) La Classe coopérative

    https://www.icem34.fr/ressources/classe-cooperative/demarrer-une-classe-coop/43-demarrer-une-classe-cooperative

    UNE QUESTION 

    En quoi la prise de parole peut-elle être un déclencheur d'apprentissages ? 


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  • Quand on me demande ce que je préfère dans mon métier, j'ai du mal à répondre. Mais je crois que l'imprévu est une des choses que je préfère. On ne sait pas en partant le matin de quoi la journée va être faite. Certains jours, on a de mauvaises surprises (heureusement, c'est assez rare) et d'autres, au contraire, on découvre à chaque heure un nouveau petit bonheur. Et c'est encore plus vrai quand on s'adresse à des enfants porteurs de handicaps !

    Aujourd'hui, ce fut une de ses journées mémorables, dans le bon sens du terme.
    Une de ses journées qui pourtant ne s'annonçait pas forcément très bien. Le vendredi matin est souvent compliqué : les élèves sont au bout du rouleau et l'un d'eux, très envahissant, qui part les autres jours en inclusion pendant 1h, est là toute la matinée, ce qui crée une certaine tension. 

    La nuit avait été assez courte et je n'étais pas très en forme. Quand on a entendu les loulous débouler dans les escaliers, on s'est regardées avec l'AESH (qui était presque dans le même état que moi) et on s'est dit : "Waouw !!! Ils commencent fort !!! La journée va être longue !!!" 

    Et là, un je ne sais quoi s'est déclenché : le rire communicatif d'un élève habituellement très calme et discret, les pointes d'humour d'un élève autiste. Et en fait, on a passé une merveilleuse journée !!! Allant de surprise en surprise, avec des loulous qui réussissaient des choses pour lesquelles on s'arrachait les cheveux avec eux depuis 2 ou 3 semaines.

    L'apothéose, cet après-midi, quand l'élève autiste a voulu faire une carte pour l'anniversaire de sa petite soeur ! Lui qui tient rarement plus de 5 minutes sur une activité (à l'exception d'un jeu de construction bien précis), qui se promène beaucoup dans la classe, il a passé près de 45 minutes assis tranquillement à sa table à s'appliquer comme jamais !!! Il était tellement dans son travail que j'ai décidé de proposer aux autres de faire des productions libres en arts plastiques en attendant qu'il termine, pour ne pas briser la magie ! Et ils se sont tous mis à faire des choses pour leurs frères, leurs soeurs. Ils ont découpé, collé, dessiné, décoré tout en coopérant, en se donnant des conseils ! Il y en a même une qui a fait une carte pour l'anniversaire de son grand-père qui était le 26 janvier, et qu'elle "emmènera au cimetière parce qu'il est mort". Bref, une maitresse et une AESH allant d'émotion en émotion et qui ont eu bien du mal à ne pas verser leur petite larme à l'une ou l'autre reprise.

    Donc, on n'a pas fait de géographie cet après-midi. On n'a pas fait le plan de travail non plus. Mais une chose est certaine, tout le monde est reparti grandi ce soir !

    Vanessa Muller-Pillet

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Psychologie, éducation et enseignement spécialisé (Daniel Calin)

    http://dcalin.fr/index.html

    2) Ressources école inclusive

    http://ressources-ecole-inclusive.org

    UNE QUESTION

    Le rire peut-il être un moteur d'apprentissage ? 


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  • Aujourd'hui, comme chaque jour depuis lundi dernier, je me connecte à 13h30 à ma séance "Jitsi" pour la visioconférence avec mes élèves qui commence à 14h.
     

    Je vois M., qui, comme depuis lundi, teste des trucs pour voir si tout marche bien. Et je constate qu'il est arrivé à changer son "fond", en faisant croire qu'il est à la montagne, en haut d'un gratte-ciel. Je lui envoie un message en lui disant "Ça marche bien ton fond vert. Tu nous diras comment tu fais ?" et il me répond en message privé (technique que je ne leur avais pas apprise) "Ne dis rien, je vais leur faire une surprise !".
     

    Arrive 14h, une quinzaine d'élèves se connectent. A chaque fois que M. prend la parole, il rallume son micro, puis sa caméra, et, comme si de rien n'était, raconte ce qu'il a a dire, avec, derrière lui, un décor de jungle, de gratte ciel, puis du stade Vélodrome.
    En quelques interventions, les autres élèves voient bien qu'il y a quelque chose qui cloche. "Mais, tu es où M. ?". Je joue l'ingénu, et je leur dis qu'il doit sûrement être un super héros qui arrive à voler d'un endroit à l'autre. Mais non. Rapidement, M. devient l'expert, et la vie, face à l'écran, prend le relais. Tout le monde se met à rajouter des fonds, certains n'y arrivent pas, mais on s'entraide, et finalement on y arrive.
    S'ensuit un de ces moments de jubilation où l'on rigole tous, devant nos écrans, comme la fois où A. pleurait de rire à l'entretien du matin en nous expliquant l'absurdité des Shadoks, qu'elle venait de découvrir.
    Et les idées fusent : "Comment on fait un message privé ?"
    "Je propose qu'on se connecte, pour ceux qui le voudront, lundi prochain".
    La vie ne prend pas de vacances.
     

    Quand j'étais musicien intervenant, je me disais que la maîtrise du geste instrumental commence quand on "joue", c'est à dire qu'on commence à prendre du plaisir avec l'instrument, et que l'on choisit sciemment de produire quelque chose pour provoquer le rire de l'autre, sa surprise, ou, quand on est virtuose, tout le panel des autres émotions humaines.
     

    En me reconnectant, quelques dizaines de minutes après la fin de notre conférence, A. et A. étaient restés connectés. Ils se racontaient des blagues.
    J'ai vu le monde d'après, je passe du temps avec eux, un peu tous les jours. Et promis, il y aura de belles choses.

    Hervé Allesant

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) "Emancipation numérique" (un numéro du Nouvel Educateur)

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/62041

    2) Jitsi

    https://jitsimeet.fr

    UNE QUESTION

    Le numérique favorise-t-il l'émancipation ou l'addiction  ? 


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  • Un mercredi de juin. Dix enfants de 4 ans, 5 mamans d’élèves et 2 maîtresses regardent un plan de Lyon.

    « Voilà où est notre école. Là c’est le Rhône, là, la Saône. On va partir par cet escalier... au début ce sera le chemin qu’on connaît, celui qu’on prend pour aller au jardin régulièrement. Mais ensuite on va descendre jusqu’au bord de la Saône, traverser sur la passerelle, et remonter sur la colline en face. Vous verrez, ce sera une randonnée sur un chemin étonnant, on se croirait à la campagne»

    Plaisir VECU 220 : Histoire d'un refus

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les enfants s’élancent joyeusement. Ils sont contents de se retrouver, d’être ensemble.

    La balade dure deux heures. Que de choses à découvrir, si proches de l’école et pourtant jamais explorées!

    Devant la gare saint Paul, on s’accroche aux grilles pour regarder les trains.  On grimpe un vieil escalier, on observe les façades, on regarde la vue. Puis c’est le chemin de Montauban. C’est bien vrai qu’en pleine ville, ce chemin est étonnant. Je l’ai découvert pendant mes balades du confinement . On peut y aller à pied et pourtant on ne le connaît pas : plaisir de partager cette découverte de notre « presque-quartier ».  Pause sur la piste de la Sarra. Petit goûter, jeux de devinettes. On redescend par un autre chemin, on traverse par une autre passerelle. On est des explorateurs.. il faut remonter, on est fatigués. Mais que de bonheur !

    Plaisir VECU 220 : Histoire d'un refus

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Mais que faites-vous là, enfants, mamans et maîtresses, un mercredi de juin ? La Ville de Lyon aurait-elle remis la classe le mercredi ? » Non, ce n’est pas vraiment la classe, c’est juste un « rendez-vous de déconfinement ».

    C’est quoi l’histoire?  Juste l’histoire d’un refus.

    Vous vous en souvenez :  le 11 mai, les écoles avaient ouvert à nouveau, après trois mois sans se voir. Soulagement ! Pourtant, il s’était avéré que notre institution était dans l’incapacité de recevoir vraiment les élèves, à cause des restrictions liées au protocole. En particulier, les élèves de PS et MS « non prioritaires » n’avaient pas leur place. A l’école, toute l’équipe avait mis beaucoup d’énergie pour un accueil le plus acceptable possible d’un très petit nombre d’enfants , pendant que tous les autres étaient encore à la maison ! Insupportable à mes yeux. 

    Alors j’avais décidé d’agir auprès de tous ces enfants non accueillis à l’école, à l’heure du déconfinement. Comment les aider à sortir, à renouer un contact avec le groupe, avec la nature, avec l’activité physique?  J’ai imaginé deux actions croisées, et un message adressé aux familles :   l’école ne peut pas  recevoir vos enfants mais vous n’êtes plus confinés, alors sortez ! Allez au contact de la nature et rencontrez-vous !

    Première action : les « défis-nature »

    Chaque semaine, un « défi-nature » proposait une activité à réaliser dehors : dessiner un arbre ou un paysage, observer et photographier un animal, faire une mini-randonnée, rouler en rollers ou en vélo … avec photos dans le journal de l’école chargé de faire le lien entre « dedans et dehors ».

    Deuxième action : les rencontres enfants et parents

    Pour partager ces « défis-nature », pour reconstituer le groupe-classe et passer à nouveau du temps ensemble, je n’avais pas de cadre institutionnel. Alors j’ai contacté  les deux mères d’élèves élues de ma classe, et leur ai confié mon désarroi devant le peu d’enfants reçus à l’école. Grâce à leur enthousiasme et à leur confiance, nous avons convenu d’organiser ensemble des rendez-vous hebdomadaires pour parents et enfants dans les parcs du quartier ou pour des balades. Elles se chargeraient de l’invitation par mail. De mon côté, je contacterais les  familles à qui j’avais rendu visite pendant le confinement, qui risquaient de passer à côté de la proposition. Résultat : quatre rendez-vous, avec pour seul cadre la bonne volonté, la solidarité citoyenne et l’appui sur le vécu de la classe. Quasi tous les enfants de la classe ont pu s’y retrouver au moins une fois. L’un est venu avec grande sœur et petit frère en poussette. Un autre avec son petit voisin. Un troisième a participé à chaque rendez-vous, après que je sois allé le chercher chez lui, car sa maman ne pouvait pas sortir. La mixité sociale de la classe a été recréée, avec de beaux échanges entre enfants et entre adultes… dans le respect des règles de distanciation (physique, pas sociale !) 

    L’apprentissage scolaire reprenait vie, à l’extérieur, et sous une nouvelle forme.       

    Catherine Hurtig-Delattre

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Sortir

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    2) Travailler les relations enseignants-familles

    http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/relations-ecole-familles/dispositifs/les-entretiens-enseignante-parent-s-un-dispositif-institutionnalise

    UNE QUESTION

    Faut-il désobeir pour rester vivant (au sens plein du terme) ?


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  • Depuis quelques années, je m’interroge sur le climat de classe et les liens qui unissent, ou pas, mes élèves. Comment faire pour les aider à coopérer, à aller vers l’autre, celui qui est différent de soi ? Alors cette année, j’ai pioché cette idée dans l’agenda Coop de l’OCCE : Mon ami-e du jour. Il s’agit pour une journée d’avoir un « ami-e » imposé-e dans la classe et de trouver mille et une manières de lui montrer qu’il ou elle est important-e pour moi, que je le reconnais, que je l’estime.

    Nous avons donc procédé le matin à un tirage au sort secret de l’ami-e. A la vue de l’ami-e désigné-e, j’ai pu lire de la joie, de la déception, de l’inquiétude dans certains regards. J’ai accompagné ces réactions d’un sourire, parfois de quelques mots rassurants, de propositions d’un temps de parole avec moi.

    Pendant la journée, j’ai observé les attitudes, les façons d’agir et de se parler de mes élèves. Je leur ai laissé des temps libres dans la classe susceptibles de favoriser des échanges inhabituels, des temps où l’on peut proposer à un camarade de faire un jeu, de lire un livre, de poursuivre un exercice, de réviser des mots de dictée, et que sais-je encore ! Et le soir, pendant le bilan météo, nous avons accueilli et recueilli les impressions de chacun.

    Qui a trouvé la personne chargée de lui témoigner « un peu plus d'amitié que d’ordinaire » ? Comment as-tu deviné ?
    « Oh, ben, c’est facile, à la récréation, il a joué avec moi. C ’était jamais arrivé ! »
    « Il m’a donné une partie de son goûter ! »
    « Il a lavé ma table pleine de peinture ! »
    « Il m’a aidé à faire mes opérations ! »
    « Elle m’a expliqué l’exercice ! »
    « Elle m’a dit bonjour ! »                                                                                                                                « Il s’est rangé avec moi ! »

    Et des remarques : « J’ai passé une super journée. J’ai pas joué avec mes copains de d’habitude et du coup j’ai joué à autre chose ! » « Moi, j’ai été gentil avec plein de copains pour pas qu’ils trouvent leur ami. »

    Une très belle journée sans dispute, sans bagarre, sans mots déplacés ! Ou presque !
    Une très belle journée pleine de sourires, de mots, de découvertes, de rencontres alors que mes élèves se connaissent pour la plupart depuis 6 ou 7 ans.
    Une si belle journée que mes élèves en ont redemandé ! Et que deux de mes collègues se sont lancées...

    Gaelle Madrenas, ICEM-Pédagogie Freinet
    Gaelle.Madrenas@ac-montpellier.fr

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1)aborder les émotions en classe

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/56022

    2)l’OCCE

    http://www2.occe.coop/

    UNE QUESTION

    A quoi tient la réussite d’un dispositif ?


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