• Tous les jours, un temps de 30 minutes environ est consacré au Travail personnel.

    Le rituel est le suivant :

    1) Chacun choisit le projet qu'il fera pendant ces 30 minutes, avec quelques obligations (en particulier que huit enfants chaque jour écrivent un texte libre). Leur choix est inscrit sur un tableau qui pose l'engagement.

    2) Le temps de travail personnel démarre : chacun se place, prend les outils adéquats (cahiers, livres, petit matériel de trousse, etc.) et moi, je me tiens à leur disposition.

    Ce moment est particulièrement apprécié par les élèves.

    Sans doute qu'ils goûtent là la liberté qui leur est laissée, une liberté dans un cadre établi donc rassurant.

    Et ces projets seront ensuite pour la plupart présentés au groupe classe dans le "Je fais partager" du matin, et peut-être publiés dans un journal.


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  • Depuis longtemps, depuis toujours, il faut faire l'appel quand on est enseignant. C'est une obligation institutionnelle, le nombre des présents, le nombre des absents, tout ceci est inscrit à l'école élémentaire sur un registre rose, document officiel, preuve administrative, judiciaire...

    En observation dans une classe de collège, j'assistais à ce rituel immuable, qui sur 55 minutes de cours peut prendre facilement un quart d'heure. Car ils résistent un peu, répandus sur leur chaise, cachés derrière leur cartable, ils ricanent. Il faut attendre le calme, qu'ils enlèvent leur manteau, qu'ils posent leurs cartables par terre. Attendre le silence, pour entendre son nom et y répondre par ce même mot « présent », depuis si longtemps, depuis toujours. Ils sont grands, ils ont 15 ans, ils sont presque devenus des femmes et des hommes, je les avais connus si petits, mais paradoxalement dans ce rituel d'introduction à la classe, ils m'apparaissent encore plus petits : des bébés attachés à leur chaise, si passifs, si attentistes :

      « - untel, - présent, - ton carnet ; - untel, - présent, - ton carnet ; -untel, - il est absent m'dame ;   -untel, - j'suis là, - ton carnet ; etc, etc … »

    Ici le rituel est coercitif, les élèves doivent donner leur carnet à chaque début de cours et le récupérer à la fin, comme cela la sanction est donnée sans perte de temps en négociation pour obtenir l'objet au cas où, et c'est l'ensemble des élèves qui subit l'attente stérile du "chacun dépose son carnet et du chacun le récupère", à chaque cours, chaque jour, chaque semaine, chaque mois, pendant toutes ces années. Patience : le désir naît aussi par la contrainte, j'aimerai tant y croire...

    Pourtant dès trois ans, ils mettent eux-même leur étiquette-présence sur un tableau, ils s'inscrivent dans le temps de la classe, « au quoi de neuf », à la cantine, au goûter …Ils choisissent une activité. Ils deviennent des élèves par le rituel et dans le rituel, car il leur permet d'apprendre quelque chose : reconnaître son prénom et puis l'écrire, dans la bonne colonne, décoder, lire, ne pas oublier. Surtout choisir une activité, anticiper un projet, y réfléchir déjà en posant sa croix dans le tableau à double entrée, ou alors préférer l'amitié et s'inscrire dans la même case que le copain.

    Ensuite je les rassemble sur les bancs autour de moi, après ce temps de projet personnalisé qui dure bien une heure. J'ai mon cahier sur les genoux, je cherche un stylo, je n'ai jamais de stylo, enfin j'en trouve un, je commence :

    «  Hou, hou, les enfants, je vais faire l'appel, je veux le silence, je dois entendre chacun d'entre vous, vous avez eu assez de temps pour discuter depuis ce matin, maintenant je veux le silence complet. » J'appelle les enfants par ordre alphabétique, d'abord les petits, puis les moyens et enfin les grands. Je leur demande de répondre : « je suis là » parce que je souhaite évaluer le langage des petits, leur capacité ou non à employer le « je ». En début d'année, la plupart des petits ne répondent rien, certains prennent une grande inspiration mais n'arrivent à sortir aucun son. Et puis très vite par imitation des plus grands aussi, ils répondent, « Ze suis LÀ », heureux d'avoir pu surmonter cette épreuve. Certains grands me regardent et disent « présents » comme des grands, par habitus des nombreux appels qu'ils ont déjà vécus, à la cantine, au centre de loisirs etc ...

    Et puis un jour, un élève dit « je ne suis pas là », je souris, quelque chose se passait enfin, et j'ose penser que ce n'était pas un hasard, j'en suis sûre, c'était le résultat d'un long chemin parcouru ensemble et séparément. Moi de mon côté, j'avais accepté de leur faire de plus en plus confiance, et de vivre ce moment comme un passage obligé, que je ne passais plus en force, mais que je reconnaissais comme tel, un passage, dont il faut attendre quelque chose et puis un jour ça arrive, forcément, comme une évidence c'est toujours comme ça avec les enfants. Accepter de se laisser emporter à nouveau par la magie de l'enfance, de refaire le voyage à l'envers, pas facile quand on est enseignant même en maternelle.

    Ils rient, ils me regardent tous un peu surpris, ils pensent : «  alors on a le droit de dire qui on est vraiment, comment on est en ce moment ? C'est pas juste pour contrôler, évaluer, on a le droit de parler, en fait silence c'était pour de faux ? »

    Je me tais, une petite fille se lance : « je suis dans Ma tête de Ma maman », j'apprécie le lapsus, j'observe l'élève, elle a tout dit d'elle-même, je n'aurais jamais pu faire mieux même en réunion de synthèse avec le RASED, et puis tout s'enchaîne : « je suis dans le ventre de ma maman », « je suis absente », « je suis dans ma bouche », « je suis dans ma tête », « je suis une tartine grillée qui saute dans l'air », « je suis le président mangé par un requin, mangé par le dinosaure et je suis mort », un petit garçon métis dit « je suis blanche-neige », un autre « je suis pikachu et kokonot » …

    Et moi ... je suis aux anges, je cherche à nouveau mon stylo, je veux noter, mais ça va trop vite, je leur fais répéter, je casse la magie un peu, qu'importe. Alors tous les jours, ou presque de toute cette année ou presque, ils sont :  - le petit déjeuner du matin, - leurs corps, - des personnages de dessins-animés, - de contes, - la vie et la mort bien sûr, - leurs parents, - leurs copains …Ils sont le passé et le futur, ils sont l'ici et l'ailleurs.

    Ils sont des enfants et des élèves tenus ensemble et qui conceptualisent déjà ce que c'est qu'ETRE dans ce nouveau rituel de l'appel du matin.

     Un petit garçon qui présente des troubles de la communication, s'aventure enfin « je suis mon étiquette- prénom » !

    POUR ALLER PLUS LOIN

    Interrogation sur rituels

    http://www.tousalecole.fr/content/rituels

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/pages/2015/01/30012015article635581990197013615.aspx

     UNE QUESTION

    Qu’est-ce qui fait que plus l’élève avance dans sa scolarité plus sa marge de liberté est réduite?

     


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  • Les enfants auraient fait une année intensive en pratique et en technique de lecture, comme il se doit dans les programmes wink2, dans toutes les classes du CP au CM2. Ils auraient à cœur de montrer leur expertise mûrissante à tous les adultes et également entre eux.

    Les beaux jours seraient là, et avec eux une utilisation plus régulière de la cour de récréation envisageable. Les coupes et les trophées livres auraient été commandés.

    Nous sommes lundi. Des équipes de quinze élèves, constituées à parts égales, autant que possible, des enfants des classes de CP, CE1, CE2, CM1 et CM2 sont constituées. Par exemple, l'équipe 1 aura 3 élèves de CP, 3 élèves de CE1, de CE2, de CM1 et de CM2, et ainsi de suite.

    La liste des épreuves est communiquée à chaque classe. En voila quelques exemples :

    - lecture de vitesse : il s'agit de lire le plus rapidement possible de manière compréhensible, et en respectant la ponctuation,  un texte qui est le même pour chaque équipe. Le gagnant est celui qui mettra le moins de temps.

    - lecture d'endurance : il convient de lire le plus longtemps possible et sans s'arrêter un livre. Le gagnant est celui qui aura lu le plus longtemps sans s'arrêter.

    - lancer de lecture : il s'agit de lire à haute voix un texte, de telle manière qu'un adulte puisse l'entendre clairement à certaines distances (l'adulte recule de trois mètres à chaque tentative). Le gagnant est celui qui aura porté sa voix le plus loin.

    - lecture en relais : il s'agit ici d'assurer à dix la lecture d'un texte complet, le même pour tous, composé de dix phrases, sans à-coups.  L'équipe gagnante est la plus rapide.

    - lecture en longueur : il faudra lire, sans à-coups et sans se tromper, la phrase la plus longue possible. Plusieurs phrases, de plus en plus longues, sont à lire par les compétiteurs. Le gagnant est celui qui aura lu la phrase la plus longue.

    - le décath-lecture : il faudra lire un texte, à plusieurs reprises, avec les tons les plus variés possible. L'équipe gagnante est celle qui aura adopté le plus de tons différents possible.

    Du mardi jusqu'au vendredi, pendant une heure chaque jour, les équipes constituées se rassemblent pour se répartir par épreuves et les préparer. Elles disposent toutes des mêmes textes et sont entraînées par des adultes de l'école.

    Enfin, le vendredi après-midi, démarre la compétition tant attendue ! Des arbitres sont positionnés pour noter les points de chaque équipe et vérifier que l'ensemble des membres de chaque équipe (et pas seulement les meilleurs lecteurs ou ceux issus des "grandes" classes) participent aux épreuves.

    A l'issue de la compétition la remise des prix a lieu, sachant que tous les participants seront récompensés par la remise d'un livre.

     


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  • Un jour, dans ma classe, est arrivée une missive adressée à chacun des élèves et à moi-même. Nous l'avons aussitôt lue :

    CE2/CM1 : NOUS VOUS DECLARONS LA GUERRE 

     CE2/CM1, nous sommes les H et nous vous détestons, vous, et tous les élèves des écoles !

     Quoi ? Vous ne connaissez pas les H ? Vous n’avez jamais entendu parler des Homonymes ? Et pourtant, on ne cesse de vous empoisonner la vie.

     Nous sommes partout dans les textes que vous écrivez. Les a et à, les on et ont, les ou et où, c’est nous ! Et qu’est-ce qu’on rigole avec vous car vous n’arrêtez pas de vous tromper. On est plus forts que vous !

     Vous ne nous croyez pas ? Eh bien, on vous propose un défi : Toutes les semaines, on glisse à votre maître, que nous détestons aussi car il vous apprend à nous combattre, un texte avec plein de H et on verra qui l’emportera entre vous et nous. A chaque fois, soit vous marquez 1 point, soit c’est nous.

     Mais nous, les H, on sait déjà qui va gagner. On prépare déjà une grande fête des H et vous nous regarderez manger et boire.

    Ah ah ah !

       Vous avez peur, hein ?

     

    On a tous décidé de relever le défi. Chaque semaine, je les préparais à affronter un nouveau couple de H (a/à ; ou/où ; et/est ; ...) puis la bataille se faisait. On avait pour cela créé un cahier spécial "La bataille des H". Voilà la première :
     

    Bataille 1. Savoir choisir entre a et à

      Tous contre les H

     La roue __ eau __ été réparée

    Elle l'__ chuchoté __ tout le monde

    Comprends-tu ce qu'il y __ __ écrire

    Il l'__ observé __ la télé

    Il n'y __ rien __ faire

    Le renard __ couru __ toute vitesse

    Il __ dû le chercher __ la maison

    Il est parti __ la campagne

    Il __ scié et __ collé

    Mentir ne lui __ servi __ rien ?

    C'est __ St Nazaire qu'il l'__ rencontré

           CE2/CM1 : ___ pts

     H : ___ pts

     

    A chaque fin de bataille, nous comptions les points pour la classe et les points pour les H que nous affichions.

     Je vous passe les détails sur les missives reçues par la suite, notamment celle où les H décidaient de changer les barèmes de points de la bataille car ils trouvaient que je faussais les règles du jeu en préparant les élèves avec des leçons sur les homonymes.

     N'empêche qu'à la fin d'une belle série de combats, la classe a gagné et nous avons fêté la victoire.

     Et quant à savoir si les H, c'était l'invention du maître, motus et bouche cousue...

     Et vous ? Vous voulez défier les H dans votre classe ?

    Daniel Gostain

    POUR ALLER PLUS LOIN

    https://padlet.com/danielgostain/1

    UNE QUESTION

    Est-ce que rendre une activité ludique permet et suffit à asseoir les apprentissages ?

     


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  • Comme nous l'écrivions dans un article précédent (http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-a-vivre-521-la-balade-a-questions-a106819402) rien de tel que de changer de regards pour élargir sa réflexion, et donc ses apprentissages.

    Ce matin, avec mes CE1, nous avons "chaussé" nos lunettes mathématiques imaginaires pour les utiliser dans l'observation du quartier de l'école.

    D'abord, un petit échauffement dans le préau : "Que voyez-vous ici qu'on pourrait mathématiser ? Essayez de formuler vos propositions avec un Et si..."                                            

    - Et si on mesurait les cadeaux du sol ?

    - Et si on retraçait les fenêtres sur une feuille ?

    - Et si on calculait la longueur et la largeur du préau

    Plein de "Et si" formulés spontanément, mais aussi avec mon aide pour les pousser vers du Comptage, du Mesurage, du Traçage, du Calculage clown

    Et puis, nous sommes sortis de l'école pour chercher de nouveaux "Et si".

    Les voilà !

    - Et si on mesurait la hauteur de ce réverbère ?

    - Et si on mesurait la taille des gens dans la rue ?

    - Et si on comptait de nombre de L sur ces trois plaques d'égout (toutes identiques, d'où l'idée d'une multiplication à faire, si ça leur vient).

    - Et si on comptait le nombre de fenêtres de ce grand immeuble ?

    - Et si on retraçait sur une feuille ce panneau de stationnement interdit ?

    - Et si on trouvait la longueur de cette impasse, du poteau à la grille ?

    Bref, demain, on a des recherches à mener ! D'abord, constituons les équipes... Je forme des équipes de quatre, ayant chacune ces missions à accomplir dans l'ordre choisi par eux, équipes accompagnées d'un adulte.

    Voilà ! On est demain. C'est lancé dans le quartier :

    1) "Bonjour monsieur/madame. On peut vous mesurer ?" "Oui, allez-y !" "Oh, vous êtes grand !"

    2) "Elle est longue la rue à mesurer ! Bon, on s'y met. 80 règles de 1 mètre, 80 mètres. On verra si on trouve les mêmes résultats que les autres équipes".

    3) "Il y a 15 voitures garées là. Ça nous fait combien de roues ?"

    Les enfants sont dedans. A fond ! Ça change du fichier...

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Lunettes maths

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/mettre-des-lunettes-pour-voir-le-monde-autrement

    2/ Comment sortir en classe pour mener une recherche ?

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    3/Comment faire une étude du milieu ? 

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/étude%20du%20milieu

    UNE QUESTION

    Comment mettre en lien l’observation mathématique libre et les  programmes ?


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