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Par G-en-vie le 30 Juin 2019 à 23:22
Cette semaine de fin juin, annoncée comme une semaine de forte chaleur, je m'attendais au pire dans l'école : excitation maximale, travail minimal, évanouissements possibles. Eh bien, pas du tout !
Ce qui arriva fut bien différent...
Figurez-vous que jeudi 20, mon directeur m'annonçait que Jean-Michel B. avait sélectionné une classe au hasard pour mener une expérimentation en lien avec son projet-phare de dédoublement des classes, qu'il lui fallait une classe à double-niveau pour cela, et il se trouve que c'est tombé sur moi et ma classe de CE1/CM2.
Son projet était le suivant : Le lundi, on allait mesurer toutes les heures la température de mes 24 élèves réunis dans un seul espace classe, et le mardi, on allait mettre mes CE1 dans une salle et mes CM2 dans une autre pour mesurer à nouveau, et comparer ensuite les relevés.
Dans la circulaire explicative que j'avais reçue la semaine précédente, il était stipulé que l'ébullition intellectuelle était sans doute en corrélation avec la température de l'individu. Contrairement à ce que nous pourrions penser, plus nous avons chaud, plus nous bouillonnons d'intelligence ! Des neuro-scientifiques l'avaient récemment démontré en laboratoire avec des animaux. Ce serait dû à une molécule secrétée par la chaleur qui stimulerait notre matière grise. Il s'agissait donc de le valider ou non en classe, ce qui pouvait donner des enseignements utiles sur l'opportunité d'un enseignement plus "industriel".
Donc, le lundi 24, j'ai vu débouler huit scientifiques en blouse blanche, fort sympathiques d'ailleurs, qui se sont installés dans la classe et qui toutes les heures prenaient la température de chacun de mes élèves. Et le mardi 25, de même. Je peux vous dire que mes séquences de classe ont été quelque peu hachées ces deux jours-là, mais mes élèves ont adoré (j'aurais bien aimé qu'ils me le fassent à moi aussi, mais apparemment, l'idée de mettre plusieurs enseignants dans un même espace pour faciliter une possible intelligence collective n'était pas à l'ordre du jour) !
Le jeudi 26, j'ai eu les résultats de leurs tests :
1) Les élèves ont été bien plus chauds, et donc en bonne ébullition intellectuelle, quand ils ont été regroupés sur un seul espace. Ceci démontré, le Conseil d'Evaluation de l'Ecole allait voir, c'est ce qu'ils m'ont dit, quelle quantité d'élèves on pourrait regrouper par mètre carré pour atteindre le niveau d'ébullition idéal.
2) Ils ont aussi remarqué que la partie la plus chaude du corps des élèves se trouvait sous les pieds, donc, m'ont-ils dit aussi, il serait peut-être intéressant à l'avenir de faire entrer les savoirs par cette partie du corps trop souvent méprisée et faire remonter progressivement ces savoirs jusqu'au cerveau par des techniques d'apprentissage appropriées, ce qui serait évidemment une véritable révolution pédagogique.
En tout cas, je suis bien content d'avoir contribué à faire avancer la science en ce domaine.
Daniel G
POUR ALLER PLUS LOIN
1) Regard personnel sur Monsieur Blanquer
http://pedagost.over-blog.com/2018/05/les-oublis-de-monsieur-blanquer.html
2) Transmettre, apprendre
http://pedagost.over-blog.com/2014/09/transmettre-apprendre.html
UNE QUESTION
La réussite d'une classe est-elle évaluable ?
5 commentaires -
Par G-en-vie le 10 Mars 2018 à 14:23
Il n'y a pas à s'en cacher, professeur des écoles n'est pas forcément un métier très facile et... « Et voilà encore une fonctionnaire qui se plaint ah bah ça faisait longtemps tiens ! »
Eh bien oui et j'assume, parce que promis ça ne va pas durer... juste quelques lignes tout au plus, c'est promis.
Le travail entre et avec êtres humains est complexe, délicat, pas besoin d’agression physique pour être mal, parfois les paroles ou les non-dits sont bien plus puissants pour nous pousser vers le bas. Et après, que faire pour remonter ?
Beaucoup ont s'en doute vécu ces moments de doutes, de ras-le-bol pour x ou y raison, hiérarchie, administration, parents, collègues, élèves, matériel et que sais-je encore...
Mais par chance, parfois, il suffit de pas grand chose (du moins en apparence) pour reprendre du poil de la bête et afficher un sourire rayonnant.
Le secret ? C'est Daniel Gostain qui me l'a offert. Non, je n'ai pas été payée pour écrire cela, je rends à César ce qui lui appartient. Daniel a simplement pris le temps un samedi midi de janvier de m'expliquer ce qu'était la classe-plaisir et les "moments champagne".
Ça peut sembler être une idée toute simple ou très « monde des Bisounours » pour les rabats-joie et pourtant quelle douce efficacité...
Cette année, je travaille dans une structure spécialisée où de nombreux professionnels se croisent, pas que des instits mais des gens venus d'univers différents, avec des parcours et des vécus personnels riches mais ce n'est pas toujours simple de faire cohabiter harmonieusement toutes ces expériences.
Alors malheureusement, telles dans une cocotte minute, les tensions s'emmagasinent sur des désaccords, des opinions divergentes au regard d'une pratique, d'un accompagnement ou d'une absence de communication et il ne manque plus grand chose avant l'explosion...
Ainsi l'ambiance peut parfois être pesante mais chacun prend sur soi, se dit que ça va passer, que c'est comme ça.
Après une nouvelle journée où collectivement on avait réussi à creuser un peu plus, il semblait nécessaire de trouver une solution, de réagir et autant que possible avec douceur...
J'avais dans ma besace, cette nouvelle graine à semer, généreusement confiée par Daniel, il suffisait juste d'attendre le moment opportun pour la mettre en terre...
Et c'est arrivé. Ce soir, réunion d'équipe, comme à chaque fois on énumère les projets à venir, les réunions, les dernières nouvelles, un peu comme un JT de 20h, et la conclusion approche, regards sur la pendule, encore un quart d'heure... C'est alors qu'arrive le flash spécial !
« Ça vous dirait un moment champagne ? »
Non, je n'ai pas ramené de bouteilles, juste l'envie de faire goûter des petites bulles de bonheur et de bonne humeur. J'ouvre le bal et découvre avec plaisir que les collègues ne se font pas prier pour en faire autant : d'une parole positive un peu timide, deux ou trois s'enchaînent accompagnées de rires et de joie. Pari réussi ? Je ne sais pas, mais une chose est sûre aujourd'hui, malgré le froid, la neige, le gel, quelque chose a germé. A nous maintenant d'en prendre soin...
Depuis, on arrive à respecter ce moment, une fois tous les 15 jours, quelques minutes pour se faire du bien pour conclure une réunion.
Merci Daniel et merci aux collègues qui font vivre ça à leurs élèves. Vous faites beaucoup de bien.
Isabelle Perreau
POUR ALLER PLUS LOIN
1) L’équipe pédagogique
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/10790
2) Nouvel Educateur : Projets d’adultes, leviers de transformation
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/2661
UNE QUESTION
Peut-on vivre des moments-champagne dans une ambiance délétère ?
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Par G-en-vie le 30 Mai 2017 à 17:06
Les élèves de CM1, classe de Mme Beata Goulet de l'école Maurice Thorez à Wavrechain-sous-Denain ont commencé à correspondre avec une classe de leur âge en Pologne, la classe de Mme Sabina Gorzen. Les correspondants habitent à Poznan et vont à l'école Cogito – une école qui n'est pas une école type en Pologne parce que sa pédagogie est basée, entre autres, sur la pédagogie de C. Freinet et J. Korczak.
Notre classe a envoyé la première lettre, je me suis chargée de la traduction. L'écriture de la lettre a été précédée d'un petit débat qui s'est imposé naturellement : De quoi parler dans notre lettre ? Certains élèves voulaient parler de leur vie et de leur situation personnelle (leurs animaux, leurs jeux vidéo, le repas chez mamie...), les autres ont proposé de présenter la classe, l'école et le village. Après une discussion, c'est la deuxième proposition qui a été choisie. Les élèves ont dû se mettre en situation de celui qui recevra cette lettre et répondre à la question : « Qu'est-ce que moi, je voudrais savoir sur celui qui m'écrit ? » Nous avons trouvé plusieurs réponses : « Je voudrais savoir comment il s'appelle, où il vit, comment est son école... ».
À partir de ces propositions nous avons pu élaborer la lettre.
Connaissant les réalités polonaises, je leur ai conseillé de donner de plus amples explications sur leur âge et le niveau de scolarité (en Pologne on commence l'école à 7 ans), et les horaires (on commence à 8 heures et la grande pause de midi n'existe pas).La première lettre n'était pas très longue. Nous l'avons copiée sur quelques grandes feuilles pour qu'elle puisse être affichée au tableau. Chaque élève a copié une phrase en s'appliquant énormément. Quelques erreurs de copie ont été transformées en jolies fleurs ou cœurs bien rouges, ainsi la lettre a été décorée des dessins qui parsemaient le texte. Quelle joie de recevoir la réponse et quelle surprise de voir le texte en langue inconnue !
La seconde lettre ainsi que la troisième parlaient de l'école. Nous avons répondu aux questions de nos correspondants... nous avons parlé de la cantine, de l'élevage des animaux en classe, des devoirs à la maison, de nos matières préférées... il y a un détail sur lequel tous les élèves, les petits Français et les petits Polonais, sont d'accord : tous adorent la récréation.
Pour donner une réponse la plus précise et la plus personnelle possible sur les activités, les occupations et les passe-temps, nous avons fait une enquête parmi les élèves de notre classe. Pour présenter toutes les réponses, nous avons appris à construire un tableau.
Après trois lettres collectives, nous avons envoyé les lettres plus personnelles. Les élèves ont travaillé en binômes, chacun a écrit une lettre de présentation en y mettant les informations les plus importantes : la description de sa famille, ses passions, ses plats préférés, ses activités, ses passe-temps.
Nous attendons les réponses avec impatience. Nous avons vu des photos sur lesquelles les correspondants écrivaient leurs réponses.Les élèves ont cherché spontanément des informations sur la Pologne, ses symboles, sa capitale, son emplacement en Europe. Certains ont appris aussi qu'ils avaient les origines polonaises, ils ont appris les noms compliqués de leurs grands-parents ou arrières-grands-parents.
Les plus curieux ont comparé les deux écritures, surtout les prénoms et ont trouvé les sons qui correspondent mais qui ne se notent pas de la même façon !Nous cherchons déjà des sujets pour nos futures lettres, cette fois-ci nous allons en écrire douze, une lettre par binôme, il faut donc trouver un sujet commun qui intéresse.
Beata Goulet
CM1 – Ecole Maurice Thorez – Wavrechain sous DenainPOUR ALLER PLUS LOIN
1)chercher des correspondants
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/correspondants
2)l’enfant auteur
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/11881
UNE QUESTION
La correspondance épistolaire suffit-elle pour les jeunes élèves ?
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Par G-en-vie le 8 Mars 2016 à 20:20
Mercredi 9, c'est la fête à la Loi Travail. Aussi, avons-nous imaginé une Loi Travail pour l'école, qui s'inspirerait quelque peu de celle sur l'entreprise. Voici les premiers articles de cette loi :
- Tous les élèves doivent travailler de 8h30 à 18h30, avec une pause déjeuner de 5 minutes par plat consommé, car les programmes sont lourds et ils doivent les maîtriser.
- L’enseignant peut convoquer certains élèves à n’importe quel moment de la semaine, du week-end ou des vacances, pour leur faire étudier une notion qu’ils ont négligée. Ils seront alors mis en temps d’astreinte permanent.
- Le maître peut prolonger son cours tant que 70% de la classe ne montrera pas des signes d'épuisement (ce taux de 70 % sera estimé par les Inspecteurs compétents de l'Education nationale).
- Les devoirs faits à la maison, pris en charge par les dignes parents volontaires et mobilisés, seront pris en compte dans le livret scolaire, et bénéficieront d’un bonus des notes de 10%.
- Les élèves mettant en danger l’économie performative de la classe seront, dans un premier temps, mis au placard avec le matériel de classe, puis dans un second temps, en cas d’aggravation et après concertation avec les bons élèves, sortis du système éducatif.
- Les enfants, à partir d’1 an d'âge, dès lors qu'ils auront acquis la marche, seront mis au service de l’enseignant, pour lui porter son café, ses photocopies, etc., dans le cadre d’une optimisation budgétaire du personnel de service et de la disparition progressive des crèches.
- Les temps de déplacement des élèves entre la maison et l'école doivent être rentabilisés à l’aide de tous les moyens numériques actuels et futurs pertinents (oreillettes, implants...) et les apprentissages (tables de multiplication, conjugaisons, etc.) seront validés lors du passage du portail de l’école.
- Un enseignant, mécontent d’un élève, peut lui intenter un procès et se voir attribuer des indemnités compensatoires prélevées sur les revenus des parents de l’enfant fautif, mais plafonnées à 15 mois de salaire.
Pourvu que cette loi ne fasse pas descendre les élèves dans les cours de récréation !
Daniel Gostain, Valérie da Silva et Nicolas Janod
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Par G-en-vie le 5 Janvier 2016 à 04:21
Que les apprentissages (et donc les programmes) ne soient issus que des projets des enfants favorisés par l'adulte.
Que la création, l'expression, l'expérimentation et la manipulation soient au centre de tous les apprentissages.
Que les horaires de classe et d'école puissent être plus souples et plus adaptés aux besoins et à la vie de la classe.
Que la circulation dans l'école soit la plus libre possible.
Que les parents deviennent de vrais partenaires, pouvant eux aussi faire partager leurs savoirs.
Que les arrivées en classe du matin deviennent échelonnées.
Que je ne sois plus seul en tant qu'adulte dans la classe.
Que l'inspecteur disparaisse et laisse place à un accompagnateur.
Qu'il y ait possibilité et même encouragement à aller voir d'autres classes.
Que nous puissions partir chaque année en "classe verte".
Qu'il y ait plus de temps pour se réunir, échanger, prévoir des projets, et ceci le plus librement possible.
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