• Tous les vendredis de 13h 30 à 14h, c’est « Présentations » pour cinq classes de notre école : deux classes de CP, deux classes de CM2 et une classe de CE1 qui vient de nous rejoindre. Les enfants présentent des textes ou des exposés .

    Dans ma classe de CP, un enfant est responsable de l’inscription et note chaque semaine les prénoms des enfants volontaires  devant le nom des classes où ils veulent présenter.

    Aujourd’hui, Z. a été lire aux CPB  un texte intitulé "Le vaccin" (le médecin est venu mardi pour les vaccinations et Z. a écrit un texte en tutorat avec un CM2). E. a souhaité aller lire aux CM2 un texte qu’elle avait écrit il y a deux mois sur "Je suis Charlie". L. pourtant très timide, mais en confiance, s’était inscrite pour aller lire son histoire de fées aux CM2A. M. a présenté elle aussi une histoire de fées aux CE1.

    Les lecteurs encore hésitants peuvent demander une aide des lecteurs plus experts.

    A 13h 35, nos quatre présentateurs sont partis dans les autres  classes et nos quatre invités sont arrivés en même temps. Le programme était varié : un CE1 nous présentait un exposé sur les loups, un CM2 sur Cuba, les deux autres enfants du CP et du CM2 ont lu un texte de leur cahier d’écrivain.

    Le système est rôdé depuis 6 mois qu’il fonctionne : écoute attentive, applaudissements, questions, remarques, propositions. Les remarques des enfants sont toujours bienveillantes et constructives : « Tu n’as pas lu assez fort » ou  « Tu as lu trop vite »  pour les CM2 qui doivent adapter leur lecture aux CP. «  C’est vrai ou c’est imaginaire ton histoire ? » a demandé un CP au CM2 qui lisait une histoire de monstre ...

    14h 05 : chacun retrouve sa classe, rapide bilan collectif… Rendez-vous  la semaine prochaine !

    Cette ouverture entre les classes est riche et stimulante, les écrits et les savoirs circulent, provoquent envie d’écriture, de lecture,  grands et petits apprennent à se connaître.

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ conférences d’enfants

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche-expose-conference-d-enfant

    2/ exposés – faire parler les élèves

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/12517

    3/ Vidéo 

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/43609

     UNE QUESTION

    Comment mobiliser / motiver d’autres collègues à participer à un projet pour qu’il devienne un vrai projet d’équipe ? 


    2 commentaires
  • Mon ASEM a trouvé plein de feutre barbouillé par terre sous la grande table "arts plastiques" hier en faisant le ménage. Elle m'en parle ce matin. Je n'avais rien vu...

    Je décide donc d'en parler au moment "J'ai un problème" du Conseil de classe, en expliquant que ceux ou celles qui ont fait ça doivent s'excuser devant la classe et nettoyer pour qu'on ait une belle classe, car c'est important d'être dans un lieu agréable pour tous... Personne ne moufte!

     J'explique que mentir est plus "grave", qu'une faute avouée est à moitié pardonnée et qu'une fois réparé, le problème est oublié...

    On discute ensemble où l’on peut dessiner dans la classe, sur quels supports, avec quoi... On réexplique la règle concernant le matériel de la classe, l’importance d’y faire attention…

     Finalement, personne ne se dénonce et personne n'a rien vu... (une certaine « solidarité » et pas de désignation abusive d'un bouc émissaire; ce qui m'a bien plu !)

    Puis l'élève "le plus turbulent", appelons-le Gaspard, (sur lequel j'avais quelques soupçons) affirme que ce n'est pas lui qui a gribouillé par terre, mais qu’il veut bien nettoyer !  (Je le crois, vu sa réaction : d’habitude il est tout gêné quand il ment et se trahit lui-même). A ce moment là, d’autres voix s’exclament en chœur : "Moi aussi ! Moi aussi ! Moi aussi !" Je n’ai pas compté, mais il s’agissait bien des ¾ de la classe… Waouh ! Vive la solidarité et l'entraide ! Je les ai félicités pour leur proposition et on a remercié Gaspard qui a nettoyé!   

    J’ai été touchée par la spontanéité et la gentillesse de Gaspard, relayées par le reste de la classe. Nous tournions en rond et je pense qu’il a essayé de trouver une solution pour sortir la classe de cette impasse. Gaspard est un élève qui s’implique beaucoup dans la vie de la classe, fait de nombreuses propositions…

    Lorsque j’ai parlé de cet événement à sa mère, Gaspard était fier et a répondu que c'est important pour lui d'avoir une belle classe propre !

     J’ai l’impression que les institutions comme le Conseil, les moments de présentations et d’apprentissages mutuels qui en découlent, favorisent ce climat d’entraide et de solidarité. Lors des conseils, les enfants prennent l’habitude de parler de leurs problèmes et essayent ensemble de trouver des solutions. Ils sont tous concernés par le mal être de l’un d’entre eux. Ils prennent également l’habitude de se féliciter les uns les autres que ce soit par rapport à leur comportement ou leurs apprentissages et toute la classe a pris l’habitude applaudir  chaque enfant félicité. En janvier le Conseil avait décidé que Gaspard ne pourrait plus jouer au coin cuisine car il lançait les jouets, embêtait ses copains et ne rangeait jamais. Au retour des vacances, Gaspard a demandé au Conseil s’il pouvait à nouveau jouer dans cet endroit. Tous ont accepté (y compris mon ASEM et moi-même) à la vue des efforts et progrès de Gaspard durant les mois précédents. Est-ce que Gaspard voulait à son tour remercier le Conseil en proposant de nettoyer la classe ?... 

     Quoi qu’il en soit, depuis la rentrée il n’y a pas eu de problème au coin cuisine et Gaspard a été félicité au Conseil. Son nombre de croix de « gêneur » a véritablement diminué et il n’a pas été mis temporairement à l’écart du groupe pour un comportement dérangeant.

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Conseil

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    2/ exemple - Règles de vie

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/2394

     UNE QUESTION

    Faites-vous participer des adultes au sein du Conseil (ATSEM , AVS, REV, PVP, … ) ?


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  • Ce court texte, début d'expérience, est là pour confirmer une conviction : que l'avenir de l'école ne peut passer que par de l'inventivité, que si nous lâchons (ou au moins mettons au second plan) les progressions, programmations et fiches de préparation bien modélisées pour laisser place à l'inventivité et le lâcher-prise pédagogique, il y aura sursaut.

    Cette conviction ne naît pas d'aujourd'hui, mais je l'ai à nouveau vécue hier.

    Classe de CE1, où j'interviens pendant que ma collègue "prend" mon CP/CE1 pour faire de l'anglais avec eux. Je décide au dernier moment - dans la matinée - que dans le cadre de ce que je fais avec ses CE1 en expression écrite, j'allais expérimenter l'expression écrite en mathématiques.

    Ce n'est pas nouveau, car en 2007, j'avais écrit un livre "Mat et Ma Tic et compagnie" (Bayard jeunesse) où je défendais sous forme d'histoire pour les enfants une approche à multiples entrées des maths : par la création, les défis, la poésie, le jeu, l'écriture.

    Je propose aux élèves de choisir seul ou avec un camarade un personnage mathématique à incarner : le carré et autres figures géométriques, le 10, 100 et autres nombres remarquables, l'addition, la soustraction, et même des outils mathématiques comme la règle et l'équerre. Il s'agira de préparer une présentation théâtralisée et écrite de ce personnage. Ce qu'ils font.

    Et puis, comme il nous reste peu de temps avant que je retrouve ma classe habituelle, je leur propose de faire une première improvisation dans laquelle ils joueront leur personnage fier de se présenter.

    En première volontaire, P. Elle a choisi la droite. Là voilà qui arrive devant la classe, les bras écartés, ayant du mal à se déplacer : "Comme c'est dur ! Je n'arrête pas de grandir, et comme je m'étends tout le temps, je me cogne sans arrêt ! Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Il paraît que jamais ! En plus, ce qui est bizarre, c'est que plus je grandis, plus tous les autres me semblent petits." Je lui demande de trouver une "sortie de droite", ce qu'elle fait sans perdre son émotion et sa démarche.

    Ensuite, M. et A., qui jouent le nombre 10. L'un est le 1, l'autre le 0. Tous deux se mettent à se chamailler car le 1 est prétentieux, prétendant porter le nombre, le second s'énerve contre le 1, mal à l'aise qu'il est d'être un zéro.

    Arrivent E. et L. qui font le +. Elles sont toutes fières d'annoncer qu'elles additionnent tous les nombres existant sur terre et qu'elles sont prêtes à accueillir tous les nombres qui veulent se faire additionner.

    Nous n'avons pas eu le temps de voir tous les personnages, ce sera la prochaine étape que je vois ainsi :

    1) Poursuivre dans l'improvisation sur scène, pour laquelle ils semblent à l'aise et trouvent de vraies fulgurances grâce au corps et à l'incarnation (voir l'article qui en parle : http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-a-vivre-985-les-personnages-savoirs-a107966412)

    2) Préparer une écriture de ce qui est venu lors de l'improvisation pour stabiliser le texte d'intervention (sans pour autant perdre la liberté de l'interprétation, ce qui sera un travail difficile, je l'ai moi-même vécu en tant que clown :  http://www.empechementsaapprendre.com/ ).

    3) Présenter les personnages mathématiques aux autres classes de l'école.

    Plaisir vécu... plaisirs à vivre

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ créations maths

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-creation-mathematique

    2/ personnages incarnés

    http://pedagost.over-blog.com/2017/04/incarner-les-savoirs.html

    3/ pochettes à savoirs 

    http://pedagost.over-blog.com/2015/01/les-pochettes-a-savoirs.html

    UNE QUESTION

    Pourquoi mettre en scène des personnages mathématiques? Est-ce transférable ?


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  • Jeudi 8 Janvier au "Quoi de neuf?", aucun enfant spontanément n'a parlé de Charlie, c'est donc moi qui me suis inscrite pour leur en parler. Un long moment d'échanges et d'éclaircissements : Charlie est un journal, très peu d'entre eux le savaient; Liberté de penser, de dessiner, de caricaturer, etc.

    J'ai ensuite écrit au tableau la citation attribuée à Voltaire "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrais jusqu'à la mort pour que vous puissiez le dire" et nous en avons longuement parlé.

    J'ai terminé cet échange en proposant à ceux qui le souhaitaient d'écrire ou de dessiner pendant le plan de travail individuel qui a suivi immédiatement. J'en ai vu certains écrire et dessiner mais une seule élève m'a rendu un texte (j'avais dit que cela pouvait rester intime).

    Avec un collègue de l'école nous sommes allés manifester dimanche en compagnie de certaines mamans musulmanes de l'école ; c'était à mes yeux important d'être ensemble ce jour là.

    Lundi au "quoi de neuf", deux enfants ont parlé de Charlie. Le premier a raconté qu'il était allé manifesté avec son père. La seconde avait apporté une caricature du numéro de Charlie Hebdo sur les rythmes scolaires (n°1142), où sur la couverture, nous voyons un enfant dire "Demain, j'ai Djihad !" et Titeuf lui répondre "T'as du bol. J'ai maths !". On l'a regardée, commentée.

    Les enfants ont remarqué que la mèche de Titeuf, c'était la barbe de l'enfant musulman à l'envers. J'ai expliqué que cela pouvait choquer et pourquoi. J'ai aussi parlé du droit au blasphème en France.

    A un moment, une petite de CE2 (musulmane) a demandé: "Maîtresse c'est quoi le Djihad?"

    J'ai répondu que je ne savais pas bien répondre à cette question, que j'avais peur de me tromper et de leur dire des bêtises.

    Alors, un élève s'est écrié "Mais maîtresse on n'a qu'à faire un exposé !" J'ai acquiescé, demandé qui souhaitait faire une recherche documentaire sur ce sujet.

    Un élève a alors proposé de regarder d'abord dans le dictionnaire, ce que nous avons fait immédiatement. Je leur ai lu la définition et nous en avons parlé ensemble.

    Un élève a dit qu'il fallait se venger quand on se sentait insulté. J'ai demandé comment faire alors, qu'est-ce qu'on avait pour "se venger"? Un autre élève lui a alors répondu: "la loi".

    Voilà, c'était un moment assez incroyable.... La très grande majorité des élèves de la classe sont musulmans, et devant une telle question, ils cherchent la réponse dans les lieux de connaissance (le dictionnaire, l'exposé) et non pas dans les rumeurs, les croyances...

    L'école fonctionne en Pédagogie Freinet depuis plusieurs années, ces élèves pratiquent quotidiennement les conseils d'élèves, les conseils de délégués, les "quoi de neuf", les ateliers philo.

    Sabine G

    Enseignante en cycle 3 en "No go zone"

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Paroles d’enfants

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55584

    2/ Quoi de neuf

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-quoi-de-neuf

    UNE QUESTION

    Vous sentez-vous à l’aise pour parler de tous les sujets avec vos élèves ?


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  • Lundi dernier, nous avons eu la désagréable surprise de trouver Calin, notre cochon d'Inde, mort dans sa cage au cours du week-end. 

    L'an passé, nous avions Caramel, rapidement mort après quelques semaines chez nous (il était paralysé des pattes arrière). 

    Mais à chaque fois, quels enseignements ! 

    L'an passé, ils avaient voulu l'inhumer... forcément... Les enfants avaient fabriqué un petit cercueil de bois. Ils avaient lavé et peigné l'animal, lui avaient offert des dessins. Ils avaient également voulu lui rendre un hommage personnel. Caramel était alors placé dans la salle des ateliers, cercueil ouvert, et les enfants, à tour de rôle, allaient lui rendre hommage, individuellement. Puis ils allaient dans la cour en attendant que chacun lui adresse un dernier petit mot. C'était un moment très émouvant. Il y avait des pleurs, des larmes, des cris, comme on peut en voir lors des "vrais" enterrements. A l'école, ils apprenaient la douleur du deuil. 

    Puis nous avions mis en terre notre petit rongeur dans la forêt qui jouxte l'école et dans laquelle nous avons l'habitude de faire nos récréations régulièrement. Les enfants avaient choisi le plus vieux et le plus noueux olivier du bosquet pour enterrer l'animal. Sans doute symbole d'immortalité, de sagesse. Nous avions creusé la tombe et décoré les lieux. Lorsque les première fleurs printanières avaient pointé leurs pétales, les enfants en avaient fait des bouquets qu'ils déposaient sur la tombe. 

    Cette année, les enfants de la classe sont plus jeunes. J'ai moi-même confectionné le cercueil. Il y a eu les hommages individuels. nous avons eu quelques chants et prières. Mais il y avait plus de retenue, de pudeur. Suite aux attentats parisiens, certains ont voulu chanter la Marseillaise. Nous avons discuté autour de ça. Puis d'autres ont voulu mettre une croix; ce qui a également donné lieu a des explications. Pourquoi une croix pour un cochon d'Inde ? Pourquoi faut-il enterrer les morts ? Est-ce que tout les humains font ça ? Depuis quand ? Nous avons parlé de la nourriture parfois placée à côté des défunts pour qu'ils puissent se nourrir pendant le long voyage jusqu'à l'au-delà. D'ailleurs, qu'est-ce que l'au-delà ? Paradis / enfer, est-ce que ça existe ? Y a-t-il un paradis pour les animaux ? Sinon où vont-ils ? Dans le doute, ils ont mis du foin et quelques carottes dans le cercueil. 

    J'essaye de ne pas trop prendre la parole. Mais dans ce moment de philo non institutionnel, les enfants avaient besoin de réponses à leurs questions, de connaissances. Ils écoutaient mes explications avec intérêt. 

    Avoir un animal à l'école, c'est souvent difficile : changer la cage tous les deux jours, penser à lui porter des produits frais, à vérifier le niveau de graines, foin et eau avant le départ en week-end, trouver des parents pour le garder pendant les vacances (c'est pas toujours facile), ... . Mais d'autres moments sont tellement riches que j'hésite presque à en prendre un autre. 

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ atelier philo

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-debat-philo

    2/ règlementation pour avoir un animal 

    UNE QUESTION

    L’école est-elle un lieu où les élèves peuvent tout « vivre » ?


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