• On est lundi matin ! Tous les élèves montent en classe comme d'habitude ... sauf qu’ils n’ont pas de cartables … Et … qu’à 09h00 tout change ! Près de 200 élèves quittent leurs classes, en 2 ou 3 groupes, sans adultes et s'orientent dans les couloirs. Ils ont un objectif précis : rejoindre leur atelier sur le thème de la « Cop 21 : luttons contre le réchauffement climatique ».

    Plaisir VECU 713 : Une Journée pas comme les autres

    Ça y est la journée Cop 21 a commencé !

    Cela fait déjà plusieurs semaines que tous les enseignants ont réfléchi, organisé cette journée particulière. On est plus d'adultes que de classes, cela permet moins d'élèves par groupes. La directrice et deux anciennes collègues retraitées participent. On a préparé ensemble : inventaire et échange du matériel, d’idées, ...

    Ce matin on est tous arrivés très tôt pour préparer les ateliers, les affichages pour orienter les élèves au mieux.

    Et voici comment cela se passe :
    - Chaque groupe assiste à 4 ateliers dans la journée avec des courts retours en classe pour débriefer.

    Les horaires des ateliers :

    ateliers 1 : 9h00/9h45 – ateliers 2 : 10h15/11h10 – ateliers 3 : 14h00/14h45 – ateliers 4 :  15h15-16h10

    Les ateliers :

    1/ Sensibilisation à la protection de la nature : la forêt à partir d’un conte, l’exposition de Yann Arthus-Bertrand, les animaux en voie de disparition …

    2/ Sensibilisation aux énergies nouvelles et renouvelables : à partir de jeux sur le site EDF, C’est pas sorcier, de l’urbanisation galopante à l’amélioration de l’habitat.

    3/ Sensibilisation au tri : jeux sur le tri et les déchets

    4/ Sensibilisation à la protection de l’eau et des océans : à partir du film Home, de l’exposition de Yann Arthus Bertrand, et de la charte de Maud de Fontenoy. 

    Les déplacements se font dans le calme : les plus jeunes sont pris en charge par les CM2 qui viennent les chercher et les raccompagner dans leur classe. On descend nos groupes en récréation , on retrouve d'anciens élèves, et des élèves que l'on croise sans vraiment les connaître et qui ne nous connaissent pas tous non plus .

    Le midi, c'est dans une ambiance enthousiaste que les collègues se rejoignent pour déjeuner en salle des maîtres , on raconte comment se sont passés ces temps animés devant des élèves de tous niveaux , leurs réactions , leurs intérêts , ... Et toutes les observations sont faites en mode positif.

    Nous avons pris le temps pendant ces ateliers de parler, de s’écouter, de ne pas tout faire, de faire autrement en fonction des groupes : ne serait-ce pas cela aussi la liberté pédagogique ? Ce moment qui se voulait une sensibilisation sans pression de vouloir à tout prix mettre en œuvre une séance d’apprentissage est un pari gagné !

    Et quelle surprise le lendemain, de croiser des élèves qui nous disent bonjour, nous sourient, (qui ne nous regardaient pas forcément avant) ... Et une petite fille en CP qui me dit : Mme XX (elle connaît mon nom !!!,  j'ai adoré votre atelier, et sans compter les réactions des plus grands des élèves qui reviennent en classe et nous disent : « Quand est ce qu'on refait une journée comme celle -là ? »
     
    Eh oui et si on le faisait plus régulièrement, ce serait un bon moyen de mieux se connaître, autant entre élèves et adultes, qu'entre élèves, et même entre collègues.

    Alors c’est vrai que c’est une lourde organisation mais le résultat est là, on en ressort tous grandis et heureux de la réaction des élèves.

    Valérie Da Silva

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Education à l'environnement

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/environnement

    2) Mener des semaines thématiques

    https://padlet.com/lasemainedessavoirs/1

    UNE QUESTION

    Peut-on vraiment sensibiliser aux grandes questions sur une journée ? 


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  • Si vous parcourez ce blog régulièrement, vous pouvez y déceler un mélange de pédagogie Freinet, d'influences clownesques, à travers notamment le projet des "empêchements à apprendre" (http://www.empechementsaapprendre.com/), et un certain goût pour l'incarnation des savoirs, qu'on retrouve dans le livre, "Verbes, Sujets et compagnie".

    Cette semaine, avec ma classe de CE1, nous avons commencé à étudier, en chercheur d'indices, ce qui constitue une phrase. Les enfants en ont inventé chacun une de leur choix puis nous en avons analysé deux prises au hasard au tableau.

    Les voilà :

    1) Le roi vit dans un château royal.

    2) Une jument court dans des pierres.

    Je leur ai demandé de dire ce qu'ils voyaient. La première, L., a remarqué que deux mots se ressemblaient : "un" et "une". Et puis, N. a ajouté que "le" et "des" ne leur ressemblaient pas mais étaient sans doute de la même famille, celle des petits mots. Alors, nous avons cherché à comprendre l'intérêt de ces mots, et très vite, les sens de singulier/pluriel et de masculin/féminin ont émergé. Un enfant nous a révélé qu'on les appelait "les déterminants", puis nous avons observé le lien existant entre chacun des déterminants et le mot d'à côté, le nom. Bref, un bon moment de lecture grammaticale.

    Mais ce qui a été le plus fort et parlant pour moi, c'est la conclusion que nous avons donnée à cette séquence sous forme théâtrale. J'ai demandé à des enfants volontaires de jouer le personnage-déterminant venant raconter son histoire à la classe. Vous constaterez dans cette vidéo ci-dessous comment l'incarnation, qui permet l'émotion, le jeu, l'humour, le plaisir et le partage, donne de la force à un concept pourtant abstrait. Et sans doute une certaine permanence...

    A poursuivre les semaines prochaines.

    La vidéo à consulter là : https://vimeo.com/151286403

    Daniel Gostain

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Le Français en méthode naturelle

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-francais

    2) L'importance des personnages

    https://padlet.com/danielgostain/1

    UNE QUESTION

    A quel moment de la scolarité doit-on enseigner la grammaire et ses notions ? 


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  • Que les apprentissages (et donc les programmes) ne soient issus que des projets des enfants favorisés par l'adulte.

    Que la création, l'expression, l'expérimentation et la manipulation soient au centre de tous les apprentissages.

    Que les horaires de classe et d'école puissent être plus souples et plus adaptés aux besoins et à la vie de la classe.

    Que la circulation dans l'école soit la plus libre possible.

    Que les parents deviennent de vrais partenaires, pouvant eux aussi faire partager leurs savoirs.

    Que les arrivées en classe du matin deviennent échelonnées.

    Que je ne sois plus seul en tant qu'adulte dans la classe.

    Que l'inspecteur disparaisse et laisse place à un accompagnateur.

    Qu'il y ait possibilité et même encouragement à aller voir d'autres classes.

    Que nous puissions partir chaque année en "classe verte".

    Qu'il y ait plus de temps pour se réunir, échanger, prévoir des projets, et ceci le plus librement possible.


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  • J'aime beaucoup rencontrer les parents de mes élèves individuellement pendant environ 30 minutes chacun.

     

    Pendant la première rencontre en septembre, je demande aux parents de me parler de leur enfant. Je les écoute et parfois je pose quelques questions. Je n'apporte d'informations que sur les sujets que les parents abordent. Quand un parent me dit par exemple que son enfant est très désordonné, je peux répondre qu'en classe, ses affaires sont toujours bien rangés ou bien qu'effectivement j'ai remarqué la même chose et comment j’essaye de le soutenir pour qu'il s'organise mieux.

     

    Dans cette première rencontre je ne parle pas du tout de réussites ou de difficultés scolaires. Le but pour moi est de prendre du temps autour de chaque enfant, et à travers de ce que dit son parent, de le connaître un peu mieux. Cela me donne aussi un petit aperçu sur comment parent et enfant « fonctionnent » ensemble et comment je pourrai m'appuyer sur le parent quand j'aurai des difficultés avec l'enfant. Le parent, lui, est placé dès le début d'année en position de co-éducateur, car je lui permets de m'expliquer son enfant (qu'il connaît bien mieux que moi) au lieu de simplement lui rendre compte de son enfant à l'école. Cela donne un tout autre ton à nos relations pendant toute l'année. Parfois, en fin de ce premier rendez-vous, je demande aussi de l'aide au parent.

    Comme dans le cas de R. qui s'était mis déjà une ou deux fois dans des colères très violentes, agressant un autre élève et se montrant incapable malgré mon aide de mettre des mots sur ce que lui arrivait et sur les raisons de sa colère, refusant même l'idée de passer par la parole pour régler son conflit. J'ai expliqué à sa mère ce qui s'était passé, ce que j'avais essayé, et ce que je n'avais pas réussi : faire parler son enfant. Et je lui ai demandé comment elle s'y prenait. Elle me disait qu'à la maison aussi, il se fermait quand il avait un problème, il s'enfermait dans sa chambre, puis se calmait et ressortait, mais ne verbalisait pas. On en est resté là.

     

    Aujourd'hui, j'ai revu cette maman pour la remise des livrets. J'ai parlé des avancées et des difficultés, des efforts et des découragements de son enfant du point de vue scolaire, puisque c'était l'heure du premier bilan. A la fin, elle m'a demandé des nouvelles du comportement de son enfant, de ses colères… et elle m'a raconté qu'elle aussi maintenant ne le laissait plus s'enfermer. Que quand il rentrait fâché, il devait lui raconter ce qui s'était passé, et que ça marchait de mieux en mieux. Qu'elle l'envoyait même une fois par mois chez un psychologue pour lui permettre de sortir ce qu'il tenait enfoui en lui et qu'il commençait à sembler aimer ce rendez-vous mensuel.

     

    Ana Dulac, enseignante sur Paris

     

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) L'école et les parents

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/se-lancer-en-pedagogie-freinet-communiquer-et-sortir

    2) La coéducation à l'école

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/coéducation

    UNE QUESTION

    Jusqu'où doit s'arrêter (pour l'enseignant) la connaissance de l'enfant et de sa famille ? 


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  • Lundi 7 décembre, une journée de classe de CE1 qui démarre comme pour les autres semaines par un "Je fais partager" (Le "Je fais partager"). Douze enfants s'inscrivent pour présenter un livre, un texte d'écrivain, raconter un vécu personnel, etc. Donc quatre passeront ce lundi, quatre mercredi, quatre vendredi.

    - A. nous a apporté un livre sur les chevaux. C'est sa passion. Elle a préparé sa présentation, puisqu'elle a même sélectionné certaines pages à l'aide de post-it.

    - E. nous a parlé de son week-end avec les Eclaireurs Israélites. Ils ont confectionné des cadeaux pour les enfants des familles ayant peu d'argent. Il nous a parlé aussi de la fête de Hanoukah, de l'allumage des bougies et nous a écrit Hanoukah au tableau en hébreu.

    - I. nous a présenté son livre "Le bossu de Notre dame" qu'elle est en train de lire.

    - L., qui est arrivée ce matin-là avec des béquilles, nous a parlé de son entorse, ce que c'était et ce que ça impliquait pour elle pour les semaines à venir.

    Ces quatre passages ont passionné les enfants de la classe, je l'ai tout de suite senti. Alors, porté par une subite impulsion, j'ai proposé aux quatre enfants un rendez-vous à 11h30 pour me parler de ce temps de "Je fais partager".

    Je vous livre ci-dessous l'essentiel de ce qu'ils ont dit, en essayant de conserver leur expression. J'ai été séduit par leur pensée, et conforté dans l'idée que l'enseignement par le maître n'était vraiment pas la voie d'apprentissage la plus efficiente (ce qui ne veut pas dire que notre part dans les apprentissages soit secondaire !)

    "Ça sert à quoi le « Je fais partager » ? 

    - Ça sert à faire partager ce qu’on a appris ou ce qu’on a fait. Comme ça, on peut apprendre des choses aux autres. C’est bien de faire partager, car comme ça, les autres, ils en savent plus sur nous, sur ce qu’on aime, sur ce qu’on présente.

    Pourquoi est-ce important qu’ils sachent ce que tu aimes, toi ?  

    - C’est pas important, mais ça peut leur apprendre.

    - Si elle leur fait connaître ce qu’elle aime bien, peut-être que si ensuite elle les invite pour son anniversaire, ils sauront ce qu’elle aime pour les cadeaux.

    - Oui, ça peut apprendre, ça peut bien aider, par exemple un enfant qui ne sait pas du tout ce que c’est que l’hôpital, qui n'y est pas allé, moi, si je lui expliquais, il saurait un peu plus.

    - Je trouve que c’est très important de connaître ses qualités, ce qu’on aime, car après, ça peut te donner des idées. Je pourrais me dire, tiens, je pourrais bien aimer les chevaux, moi aussi.

    - C’est bien parce que quand on a appris des choses, on peut les apprendre aux autres. E., par exemple, il aime bien les clowns, et quand on a fêté son anniversaire, les personnes qui lui ont fait un cadeau pouvaient savoir et lui faire un dessin, par exemple un singe qui fait des acrobaties.

    - Quand on a fêté l’anniversaire d’E., sur le « Joyeux anniversaire », j’avais dessiné un clown. 

    Imaginez que demain matin, je vous fasse un exposé sur le cheval ou sur l’hôpital. Que voyez-vous comme différence avec le « Je fais partager » ? 

    - C’est mieux qu’on écoute des enfants, qu’on s’écoute entre nous. Toi, c’est bien aussi, mais je pense que c’est mieux d’enfants à enfants. Toi, on sait que tu sais beaucoup de choses. Je pense que c’est mieux de savoir des choses sur les autres.

    - Si tu parles du cheval et qu’après tu parles tout de suite de l’hôpital puis du « Bossu de Notre Dame », et enfin de Hanoukah, ça n’a rien à voir entre eux. Le problème, c’est qu’il y a la même distance entre les quatre.

    - C ’est mieux que ce soit les enfants qui présentent, parce que si toi, tu présentes quelque chose sur le cheval, on sait que les adultes connaissent beaucoup de choses, et nous, on en connait moins. Moi, quand je présente quelque chose sur le cheval, j’ai beaucoup de sourires, et vu que j’adore les chevaux, j’aime bien le présenter. Alors que mes parents ou souvent les adultes, ça ne les intéresse pas trop.

    - Quand nous, on présente quelque chose comme un livre, c’est parce que on l’aime bien, ça nous a fait du plaisir quand quelqu’un nous l’a acheté, alors que les adultes, par exemple toi, quand tu présentes, des fois, t’es pas super content. C’est pas toi vraiment qui as envie de le présenter. C’est aussi des gens qui décident : « Dans la classe, on va faire ça en premier, après c’est la récréation, puis cela ». C’est pas toi qui décides vraiment ce qu’on va faire. C’est plus amusant pour nous de présenter. Et aussi, ça nous apprend à s’écouter entre nous. C’est déjà pas mal.

    - C’est mieux d’écouter les plus petits, car les plus grands, ils vont savoir plus de choses que nous, ils vont nous corriger, et il y a des enfants qui n’aiment pas du tout ça. C’est pas grave s’ils ne disent pas exactement la bonne phrase.

    - J’ai un peu changé d’avis, parce que c’est aussi intéressant de t’écouter, parce que c’est quand même toi qui nous apprends. Tu dois quand même nous corriger. C’est aussi intéressant, mais un petit peu moins que quand c’est entre enfants.

    - C’est bien que les enfants expliquent des choses car des fois, il y a des personnes qui se moquent, quand on leur pose une question : « Tu vas pas savoir ! C’est trop compliqué pour toi ! » Des fois, au « Je fais partager », quand on leur montre des choses, les personnes qui se moquaient se moquent moins, parce qu’elles ne savaient pas, ça. Alors que la personne qui montre au « Je fais partager » savait. Ça nous montre qu’il ne faut pas se moquer des autres. Des fois, on sait des choses que l’autre personne ne sait pas, et des fois, le contraire.

    - Faut pas se moquer des autres, car les petits peuvent apprendre aux grands. Par exemple, il y a tellement de pays que personne ne sait parler toutes les langues. Il y a donc peut-être des enfants qui apprennent le latin et qui l’apprendront à leurs parents.

    Est-ce qu’il y a des moments où vous m’apprenez des choses ?  

    - Quand je t’ai présenté mon livre, peut-être que tu ne le connaissais pas. Quand A. a présenté son livre sur les chevaux, peut-être que tu ne savais pas tout ce qu’elle a expliqué. Et même à la maison, tu peux apprendre des choses à tes parents. La dernière fois, quand on est allé à la Cité de l’architecture, le soir ou le lendemain, j’ai expliqué à maman toutes les légendes qu’on avait apprises.

    - Des fois, quand tu oublies quelque chose, on te le rappelle.

    - Oui, c’est possible, parce que moi, quand je t’ai présenté Hanoukah, j’ai eu l’impression que t’as dit des choses que t’as remarqué et que tu ne les savais pas."

    Daniel Gostain

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) L'enfant-auteur et dévolution

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche-enfant-auteur

    2) La classe inversée

    https://www.classeinversee.com

    UNE QUESTION

    Sur quoi se fonde l'autorité de l'enseignant, si autorité, il doit y avoir ? 


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