• Mercredi 9, c'est la fête à la Loi Travail. Aussi, avons-nous imaginé une Loi Travail pour l'école, qui s'inspirerait quelque peu de celle sur l'entreprise. Voici les premiers articles de cette loi :

    • Tous les élèves doivent travailler de 8h30 à 18h30, avec une pause déjeuner de 5 minutes par plat consommé, car les programmes sont lourds et ils doivent les maîtriser.
    • L’enseignant peut convoquer certains élèves à n’importe quel moment de la semaine, du week-end ou des vacances, pour leur faire étudier une notion qu’ils ont négligée. Ils seront alors mis en temps d’astreinte permanent.
    • Le maître peut prolonger son cours tant que 70% de la classe ne montrera pas des signes d'épuisement (ce taux de 70 % sera estimé par les Inspecteurs compétents de l'Education nationale).
    • Les devoirs faits à la maison, pris en charge par les dignes parents volontaires et mobilisés, seront pris en compte dans le livret scolaire, et bénéficieront d’un bonus des notes de 10%.
    • Les élèves mettant en danger l’économie performative de la classe seront, dans un premier temps, mis au placard avec le matériel de classe, puis dans un second temps, en cas d’aggravation et après concertation avec les bons élèves, sortis du système éducatif.
    • Les enfants, à partir d’1 an d'âge, dès lors qu'ils auront acquis la marche, seront mis au service de l’enseignant, pour lui porter son café, ses photocopies, etc.,  dans le cadre d’une optimisation budgétaire du personnel de service et de la disparition progressive des crèches.
    • Les temps de déplacement des élèves entre la maison et l'école doivent être rentabilisés à l’aide de tous les moyens numériques actuels et futurs pertinents (oreillettes, implants...) et les apprentissages (tables de multiplication, conjugaisons, etc.) seront validés lors du passage du portail de l’école.
    • Un enseignant, mécontent d’un élève, peut lui intenter un procès et se voir attribuer des indemnités compensatoires prélevées sur les revenus des parents de l’enfant fautif, mais plafonnées à 15 mois de salaire.

     

    Pourvu que cette loi ne fasse pas descendre les élèves dans les cours de récréation !

    Daniel Gostain, Valérie da Silva et Nicolas Janod


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  • Pour donner du sens aux textes que nous écrivons, j'ai proposé à mes élèves de CE1-CE2 de les lire aux GS de l'école voisine afin de leur montrer la richesse, le plaisir que l'on gagne en apprenant à lire (et surtout à écrire !).

    C'est un dispositif qui existe depuis longtemps dans notre école et qui permet aux GS de venir se familiariser avec la « grande » école. Habituellement, les CE1 ou CP lisent une histoire d'un livre qu'ils ont saucissonnée (que l'adulte a saucissonnée plutôt) et dont chacun lit laborieusement sa partie. Autant dire que l'objectif de donner le goût de la lecture aux non lecteurs n'est pas tout à fait atteint !

    J'ai changé cela pour ma classe en arrivant dans l’école. Les deux premières années, je leur ai proposé de choisir un JMagazine (JMagazine) seul ou à deux et den lire une histoire ou un poème. Avec séances de critiques du groupe pour être intéressant en public. Et cette année, leurs textes libres sont tellement riches, variés, dynamiques que je leur ai proposé de les partager.
    Le dispositif est le même depuis trois ans : des petits groupes de 4-5 élèves de GS tournent sur les groupes de CE1-CE2 (4-5 aussi) répartis dans différents lieux accueillants (coin regroupement, BCD, etc). On s'appuie sur les adultes disponibles : 2 enseignantes, 1 ATSEM, et 2 services civiques (ils prennent un groupe à eux deux) ou lAVS. Les GS entendent donc les 21 CE1-CE2 en se déplaçant d'une salle à l'autre et les grands lisent 4 fois leur création. C'est très dynamique, et adultes comme enfants se régalent à chaque fois.

    Depuis quelques jours, nous travaillons la lecture-mise en scène.

    Un enfant a même, contre ma consigne (c’était la veille de la lecture !), écrit un nouveau texte car les autres ne lui convenaient pas. D'une richesse remarquable pour cet enfant d'imagination d'ordinaire timide. Il a bien eu raison.

    Aujourd'hui c'était la dernière séance de critiques par le groupe avec les critères élaborés ensemble. J'étais, comme eux, très émue. Poèmes, histoires ou émotions personnelles étaient au rendez-vous.
    Par l'écriture de textes libres le programme, que d'aucuns disent ne pas être traité en pédagogie Freinet, est largement dépassé en français, et avec bonheur et fierté !

    C'est vraiment délicieux de voir le bonheur des enfants partageant leur création. Ils aiment la proposer à entendre et à voir, souvent lue avec leurs camarades préférés. Les dialogues prennent ainsi une couleur sensible, douce ou énergique. Et le trac diminue !

    Voir les yeux des enfants briller à la lecture de leur création ou les entendre éclater de rire au détour d'une petite phrase lue est magique pour tous. "C'est moi qui les ai fait rire ? Ils ont donc aimé ce que j'ai écrit ?" Ils se sont relancés passionnément dans l'écriture ! Et les maternelles attendent les nouvelles créations en demandant à lenseignante d’écrire leurs propres textes !

    Pascale Henquinez

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/https://www.icem-pedagogie-freinet.org/pratiques-et-recherches-28-la-methode-naturelle-d-apprentissage-l-ecrilecture

    2/https://www.icem-pedagogie-freinet.org/les-presentations-1

    3/https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55592

    UNE QUESTION

    Comment et pourquoi mettre en place des échanges inter-cycles ? Et entre écoles ?


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  • J'enseigne en lycée professionnel, en lettres-histoire, en Vaucluse. J'ai pour habitude de recevoir des invités en classe.

    J'aime profiter de toutes les opportunités de rencontres, et donc d'apports les plus larges possible.
    Cela va de l'ancien élève, devenu militaire et traumatisé par ce qu'il a vu et fait, de la maman d'élève qui a été jurée en cours d'assises, à une habitante de la ville qui a participé à l'émission de téléréalité "Les reines du shopping", à l'auteur autodidacte qui a écrit son autobiographie, au comédien, au  membre de l'association SOS homophobie...
    J'adore ça, faire entrer les expériences de vie en classe, écouter, interroger et échanger.

    Avec les élèves de 3ème prépa pro (découverte professionnelle), je voulais parler du nazisme et de la propagande nazie autrement en histoire. Je décide de parler du nazisme à travers les JO de Berlin en 1936.
    En nous documentant nous découvrons que le plus jeune médaillé olympique du monde est français, il a 12 ans en 1936 et défile devant Hitler. Il s'appelle Noël Vandernotte, champion d'aviron. Son père, résistant a été déporté à Buchenwald et est revenu vivant.

    Les élèves s'informent et nous découvrons qu'il est toujours en vie et qu'il habite Beaucaire à moins de 50 km du L.P.

    Un des élèves, relayé ensuite par ceux de la classe, me dit : "Et s'il venait en classe ? " Je leur répond que c'est un monsieur très âgé, 92 ans, et ils me répondent aussitôt : "Et si nous allions le voir ?"

    Voilà mon moment-champagne, car depuis, j'ai obtenu ses coordonnées et appelé. C'est un homme charmant qui a dit oui à une future rencontre. Rendez-vous est pris en mai, je croise les doigts pour qu'il ne lui arrive rien.

    Salima Crépin-Leblond

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Enseigner l'histoire de la Shoah

    http://www.memorialdelashoah.org/pedagogie-et-formation/activites-pour-le-secondaire/conseils-pour-enseigner-lhistoire-de-la-shoah.html

    http://www.memorialdelashoah.org/pedagogie-et-formation/activites-pour-le-primaire/conseils-pour-enseigner-lhistoire-de-la-shoah.html

    2) L'Histoire en pédagogie Freinet

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-histoire-geo

    UNE QUESTION

    Comment travailler le témoignage sans les témoins ? 

     


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  • Suite à une phrase de Matthieu Ricard, moine bouddhiste, sur la méditation : " Il vaut mieux en faire 10 secondes par jour plutôt que 2h tous les 15 jours.", j'ai choisi d'instaurer à chaque entrée en classe (c'est à dire à l'entrée le matin, puis au retour de chaque récréation), 1 minute de méditation. Je n'appelle pas cela méditation car je trouve le terme un peu pompeux, mais "la minute de retour à soi".

    Mes objectifs sont d'apprendre aux enfants à se centrer sur eux, à être à l'écoute de leur corps, de leurs émotions et à être pleinement conscient du moment présent. Parce que savoir être chez soi, avec soi, permet de mieux gérer ses émotions, d'être à l'écoute de soi et par voie de conséquence de l'autre, de savoir se concentrer, gérer des moments de stress ou d'émotions intenses...

    Cette minute est ritualisée et très cadrée.

    Trois règles à respecter scrupuleusement :
    1) je libère mes mains
    2) je fais silence
    3) je ne suis en lien avec rien ni personne : c'est à dire que je ferme les yeux si je peux, ou que je fixe un point sur le table ou par terre.
    Je rappelle ces règles lorsqu’on se prépare à la minute de retour à soi. Après le rappel de ces règles, je dis aux enfants de s'installer confortablement et de réfléchir s'ils préfèrent fermer les yeux ou fixer un point. Cela permet à chacun de se préparer. Ensuite je fais un petit dong avec mes crotales et je tourne un sablier. Moi aussi, je fais cette minute en me recentrant et ça m'apaise également. Pendant cette minute, j'invite les enfants à ressentir leur respiration, car c'est ce qui permet d'être dans son corps, à sentir leur corps, si il y a une partie qui bouge de lui dire de s'arrêter, à trouver un mot qui peut dire comment je me sens là maintenant (ce qui suppose d'avoir travaillé au préalable sur le vocabulaire des émotions, of course).
    Il est important de ne pas trop parler pour qu'il y ait du silence, pour que l'enfant sache aussi l'appréhender.

    Quand le sablier de 1mn est terminé, je refais un dong avec mes crotales et tout le monde rouvre les yeux. Les enfants qui veulent partager leur ressenti peuvent le faire, ce n'est pas une obligation. Il est très intéressant de faire partager le mot que les enfants ont choisi pour désigner leur météo intérieure, ça donne du vocabulaire, ça permet d'avoir un peu le thermomètre émotionnel de sa classe et aussi d'entendre ceux qui sont énervés ou tristes. Par contre, je ne demande pas d'explication à leur état émotionnel, ce n'est pas le but, et souvent ils n'ont pas envie d'expliquer pourquoi ou de la partager, mais sont simplement contents d'avoir pu le dire. De toutes façons si l'émotion est trop forte, ils peuvent aller dans le coin appelé "Je calme mes émotions (je vous en parlerai dans un autre article;-)).

    Quel plaisir d'entendre les enfants dire je me sens apaisé, relaxé, tranquille. Certains parents m'ont partagé que les enfants aimaient beaucoup ce temps, que ça leur faisait beaucoup de bien.
    Ce que cette minute apporte à ma classe, c'est un moment de connexion, d'apaisement et de silence. ensuite on est tous calmes pour se mettre au travail. Un jour, j'avais oublié de la faire car nous étions dans un projet, et bien ils étaient excités comme des puces, en train de gigoter partout, de bavarder... Je ne comprenais pas et je me suis dit  : "Ah ben oui voilà, j'ai oublié de faire ma minute de retour sur soi." Depuis , je ne l'oublie plus.

    Cette pratique demande une régularité et d'être exploitée sur un temps assez long, car beaucoup d'enfants ont du mal à lâcher prise, à fermer les yeux (il ne faut jamais l'obliger, car c'est une coupure avec le monde extérieur et ça peut représenter une grande insécurité pour l'enfant !!), et ce n'est qu'en étant rassuré que l'enfant pourra commencer à lâcher et à se centrer sur lui.

    Mylène de Sainte Marie

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Le corps, le sport, mais encore...

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/49295

    2) Méditation à l'école

    https://www.mieux-vivre-autrement.com/la-meditation-a-l-ecole-pour-favoriser-lapprentissage.html

    UNE QUESTION

    Pour faire de la méditation ou de la relaxation en classe, faut-il avoir soi-même pratiqué ? 


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  • Le titre de ce billet pourrait faire penser à une activité qui se pratique de plus en plus souvent en classes, la plupart du temps en début de journée, intitulée aussi "La Phrase du jour".  L'enseignant écrit une phrase à partir de laquelle une analyse grammaticale est effectuée. Les phrases choisies par l'enseignant sont faites pour travailler un thème précis en grammaire.

    Ce que je vais vous présenter aujourd'hui se différencie sur de nombreux points de cette pratique et se rapproche bien davantage d'un des principes défendus en pédagogie Freinet : partir des textes des enfants pour apprendre à lire, à écrire, à étudier la langue, à correspondre, etc.

    En effet :

    1) La phrase que nous allons étudier est proposée par un élève de façon spontanée, glissée dans mon oreille lors du temps de l'Accueil.

    2) L'activité autour de cette phrase ne se limite pas à une analyse grammaticale, mais touche aussi à un vrai travail de compréhension, fait de contextualisation, d'hypothèses orthographiques, et seulement après de recherche grammaticale. Le tout porté par le désir qu'ils ont de deviner ce qu'a bien pu proposer leur camarade.

    Pour ces deux raisons, je considère que les enfants se sentent bien davantage impliqués pendant ce temps, et que nous pouvons donc parler de "plaisir de classe".

    Le point de départ de l'activité est venu de moi : un matin, j'ai été heureux de voir que de plus en plus d'élèves me disaient bonjour dans la cour, sans que je le demande. Alors, j'ai voulu leur faire partager cette satisfaction personnelle, mais plutôt que de passer par l'oral, je l'ai écrit au tableau sous une forme que j'affectionne, celle du Texte-Initiale (Le Texte-Initiale).

    J__ s____ b____ c________ q__ n_____ n_____d_______ b__________ l_ m__________ !

    (Je suis bien content que nous nous disions bonjour le matin !)

    Les enfants ont découvert ce texte énigmatique, avec sous chaque mot un numéro. L'activité qui a suivi a été de recomposer le texte : chaque enfant me proposait une lettre pour le mot qu'il m'indiquait (par exemple le "o" après le "c" de "content"). Si la lettre était juste, il pouvait en proposer une seconde, sinon, nous passions à un autre enfant. Peu à peu, le texte apparaissait, les enfants, très actifs, se lançant dans une vraie conquête de la langue comme des aventuriers.

    Une fois, le texte finalisé, nous passions à un petit moment grammatical : recherche de la nature des mots (déterminant, nom commun, nom propre, verbe) et nous finissions par des propositions d'enrichissement oral du texte à l'aide d'adjectifs.

    Depuis ce premier temps que j'ai initié, chaque matin ou presque, un enfant me glisse dans la cour en secret un texte court à partir duquel nous menons l'activité.

    Voilà un exemple en vidéo et une photo :

    Plaisir VECU 900 : La Phrase du jour

    Le visage de Fahd reflète bien la fierté que peut éprouver un enfant à ce que sa phrase devienne celle de toute la classe.

     Cette association du "Je fais partager une phrase" (Le "Je fais partager") et du "Texte-Initiale" m'a semblé intéressante à vous décrire !

    Daniel Gostain

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Le Français en méthode naturelle

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-francais

    2) L'enfant-auteur

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche-enfant-auteur

    UNE QUESTION

    Peut-on travailler la grammaire indépendamment de la production de textes ? 


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