• Plaisir VECU 220 : Histoire d'un refus

    Un mercredi de juin. Dix enfants de 4 ans, 5 mamans d’élèves et 2 maîtresses regardent un plan de Lyon.

    « Voilà où est notre école. Là c’est le Rhône, là, la Saône. On va partir par cet escalier... au début ce sera le chemin qu’on connaît, celui qu’on prend pour aller au jardin régulièrement. Mais ensuite on va descendre jusqu’au bord de la Saône, traverser sur la passerelle, et remonter sur la colline en face. Vous verrez, ce sera une randonnée sur un chemin étonnant, on se croirait à la campagne»

    Plaisir VECU 220 : Histoire d'un refus

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les enfants s’élancent joyeusement. Ils sont contents de se retrouver, d’être ensemble.

    La balade dure deux heures. Que de choses à découvrir, si proches de l’école et pourtant jamais explorées!

    Devant la gare saint Paul, on s’accroche aux grilles pour regarder les trains.  On grimpe un vieil escalier, on observe les façades, on regarde la vue. Puis c’est le chemin de Montauban. C’est bien vrai qu’en pleine ville, ce chemin est étonnant. Je l’ai découvert pendant mes balades du confinement . On peut y aller à pied et pourtant on ne le connaît pas : plaisir de partager cette découverte de notre « presque-quartier ».  Pause sur la piste de la Sarra. Petit goûter, jeux de devinettes. On redescend par un autre chemin, on traverse par une autre passerelle. On est des explorateurs.. il faut remonter, on est fatigués. Mais que de bonheur !

    Plaisir VECU 220 : Histoire d'un refus

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Mais que faites-vous là, enfants, mamans et maîtresses, un mercredi de juin ? La Ville de Lyon aurait-elle remis la classe le mercredi ? » Non, ce n’est pas vraiment la classe, c’est juste un « rendez-vous de déconfinement ».

    C’est quoi l’histoire?  Juste l’histoire d’un refus.

    Vous vous en souvenez :  le 11 mai, les écoles avaient ouvert à nouveau, après trois mois sans se voir. Soulagement ! Pourtant, il s’était avéré que notre institution était dans l’incapacité de recevoir vraiment les élèves, à cause des restrictions liées au protocole. En particulier, les élèves de PS et MS « non prioritaires » n’avaient pas leur place. A l’école, toute l’équipe avait mis beaucoup d’énergie pour un accueil le plus acceptable possible d’un très petit nombre d’enfants , pendant que tous les autres étaient encore à la maison ! Insupportable à mes yeux. 

    Alors j’avais décidé d’agir auprès de tous ces enfants non accueillis à l’école, à l’heure du déconfinement. Comment les aider à sortir, à renouer un contact avec le groupe, avec la nature, avec l’activité physique?  J’ai imaginé deux actions croisées, et un message adressé aux familles :   l’école ne peut pas  recevoir vos enfants mais vous n’êtes plus confinés, alors sortez ! Allez au contact de la nature et rencontrez-vous !

    Première action : les « défis-nature »

    Chaque semaine, un « défi-nature » proposait une activité à réaliser dehors : dessiner un arbre ou un paysage, observer et photographier un animal, faire une mini-randonnée, rouler en rollers ou en vélo … avec photos dans le journal de l’école chargé de faire le lien entre « dedans et dehors ».

    Deuxième action : les rencontres enfants et parents

    Pour partager ces « défis-nature », pour reconstituer le groupe-classe et passer à nouveau du temps ensemble, je n’avais pas de cadre institutionnel. Alors j’ai contacté  les deux mères d’élèves élues de ma classe, et leur ai confié mon désarroi devant le peu d’enfants reçus à l’école. Grâce à leur enthousiasme et à leur confiance, nous avons convenu d’organiser ensemble des rendez-vous hebdomadaires pour parents et enfants dans les parcs du quartier ou pour des balades. Elles se chargeraient de l’invitation par mail. De mon côté, je contacterais les  familles à qui j’avais rendu visite pendant le confinement, qui risquaient de passer à côté de la proposition. Résultat : quatre rendez-vous, avec pour seul cadre la bonne volonté, la solidarité citoyenne et l’appui sur le vécu de la classe. Quasi tous les enfants de la classe ont pu s’y retrouver au moins une fois. L’un est venu avec grande sœur et petit frère en poussette. Un autre avec son petit voisin. Un troisième a participé à chaque rendez-vous, après que je sois allé le chercher chez lui, car sa maman ne pouvait pas sortir. La mixité sociale de la classe a été recréée, avec de beaux échanges entre enfants et entre adultes… dans le respect des règles de distanciation (physique, pas sociale !) 

    L’apprentissage scolaire reprenait vie, à l’extérieur, et sous une nouvelle forme.       

    Catherine Hurtig-Delattre

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Sortir

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    2) Travailler les relations enseignants-familles

    http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/relations-ecole-familles/dispositifs/les-entretiens-enseignante-parent-s-un-dispositif-institutionnalise

    UNE QUESTION

    Faut-il désobeir pour rester vivant (au sens plein du terme) ?


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  • Commentaires

    1
    FONTANA MARIE-PIERRE
    Dimanche 22 Novembre 2020 à 10:33

     Toujours des idées géniales  Catherine!

    Merci pour ce partage.

     

    Marie-Pierre Fontana-ICEM 14

     

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