• Ulis collège , 2ème rentrée dans le collège, 8 jeunes sur 12 sont là pour la deuxième année.

    Vendredi 9 septembre, dernière heure de la matinée, nous nous retrouvons tous dans la classe. Avec les inclusions, il est rare qu’on soit tous ensemble.  

    Nous commençons par lire les pagettes sur arbustes (pour en savoir plus : Les pagettes), regarder si nous avons des messages, puis, une fois ce travail terminé, N. propose qu’on fasse conseil de classe. 

    Normalement, il est lundi car c’est l’autre heure de la semaine où nous sommes tous réunis mais comme tout le monde est d'accord, nous faisons "conseil". Il y a déjà quelques propositions. N. fait remarquer que du coup, il aura lieu au même moment que celui de l’année précédente, un vendredi. La mémoire affective est vraiment intéressante... 

    Plusieurs propositions sont traitées. On décide d’aller visiter la médiathèque de Vénissieux et H. se propose de téléphoner afin de voir si cela est possible, et aussi à quels moments. 

    N. propose de faire un voyage à Marseille, en fin d’année. Il précise bien, en me regardant, que c’est du travail, qu’il va falloir chercher des informations, se demander comment on y va, où on couche, calculer le prix et que là-bas,  on y va pour travailler. Certains pensent déjà à des visites, musées… Et on pourrait aussi visiter les quartiers… D’autres sont un peu réticents et s’inquiètent du budget.  Un autre ne veut pas partir car il a un peu peur. Un jeune propose alors de faire un tour de table afin que chacun puisse s’exprimer. Tout le monde dit ce qu’ils pensent, et certains, qui d’habitude ne parlent pas, prennent la parole. 

    Je propose alors qu’on se laisse une semaine pour réfléchir à ce projet. Tout le monde est ok. 

    Puis, j’informe la classe qu’un groupe de musique nous a contactés afin de travailler une heure trente avec lui. Mais comme je pensais que le Conseil serait lundi, je me suis inscrit et je n’avais pas vraiment préparé mon intervention. Tout le monde semble enthousiaste. Je propose alors de regarder une vidéo du travail effectué par ce groupe. Et là, l’enthousiasme retombe. La vidéo montre le travail d’un groupe de jeunes enfants et les collégiens ne veulent pas faire comme eux. Ils sont grands, eux ! Puis, c’est un peu la honte si on tourne un clip comme eux. Puis, certains posent des questions et je suis bien incapable de répondre. Je demande alors qui veut s’en occuper et les plus anciens me répondent « Ils t’ont écrit à toi, c’est toi qui proposes, c’est à toi de t’en occuper ». Et oui, l’année dernière, une règle tacite s’était mise en place, celui qui propose organise en priorité.  Il peut être accompagné par d’autres mais là, j’ai cassé l’enthousiasme et si je veux que le projet se réalise, j’en deviens responsable…Pour le moment, c’est mon projet ! 

    Moment-plaisir pour plusieurs raisons :  

    - des jeunes qui proposent, qui demandent l’opinion de tout le monde  

    - des jeunes qui s’autorisent à penser à de gros projets, qui se sentent capables 

    - des jeunes qui s’autorisent à ne pas être de ne pas la même opinion que leurs copains  

    - des jeunes qui n’ont pas peur de rappeler les règles aux adultes  

    - des jeunes qui osent rappeler les règles de fonctionnement à l’adulte  

     - des jeunes qui donnent du travail à l’adulte dans le cadre de la coopération 

    Des jeunes qui se construisent en tant que citoyens, acteurs et auteurs de leur parcours ! 

    Nicolas Monchand 

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1)le conseil des enfants

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/un-conseil-cooperatif-1

    2)une classe transplantée

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-nouvel-educateur-186-sortir

     UNE QUESTION

    Les élèves peuvent-ils mettre les adultes face à leurs contradictions ?


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  • A l’école, dans la cour de récréation, il y a des modes. Et en ce moment, la mode, c’est les billes. La cour est jonchée de petites boules multicolores devant lesquelles s’inclinent filles et garçons. « Tu m’joues ? Pour de la vraie ou pour de la fausse ?.... » Les couples se font et se défont au gré des parties. Mais parfois la gaieté et l’enthousiasme du début font place aux larmes et à la colère : les règles du jeu n’avaient pas bien été édictées, acceptées, comprises… et les deux protagonistes ne sont pas d’accord sur le résultat, alors ils vont chercher l’adulte pour les départager. Cela m’est arrivé à moi, parfois, de devoir intervenir, eh bien ce n’est pas facile de tirer tout ça au clair. Alors vite, on va en parler en classe !

    S’ensuit le conseil d’enfants « spécial billes ». On discute, on met en place des scénarii pour que les règles soient posées, comprises dès le début de la partie, et on revient sur le règlement de billes que les adultes du périscolaire l’année dernière avaient établi. Les enfants font de nouvelles propositions qui vont être soumises lorsque enseignants et animateurs se réuniront pour se mettre d’accord pour revoir le règlement des billes de cette année.

    Je me sens enthousiaste et confiante car l’année dernière, je n’avais pas du tout pensé à demander aux enfants comment était vécu ce règlement, qui avait été imposé aux enfants par l’équipe du périscolaire. De voir mes élèves s’en emparer, dire leurs désaccords et faire des propositions, me remplit d’admiration, de gratitude et de fierté pour ces enfants libres de dire, de choisir, de critiquer et de proposer.

    Mais je n’étais pas au bout de mes surprises…

    Lors de cette discussion, un élève explique que certains enfants tournent autour des joueurs de billes. Ils sont tristes, ou en colère, car ils n’ont pas de billes, eux. En effet leurs parents ne veulent pas en avoir à la maison à cause d’un petit dans le foyer, ou tout simplement ne pas en acheter. Alors les enfants sont condamnés à regarder avec envie, jalousie, ou encore tristesse leurs camarades s’amuser.

    Mes élèves ont été touchés par cette situation et deux d’entre eux proposent d’organiser un don de billes au sein de la classe afin que chacun puisse en avoir. On vote, majorité ! Tout le monde est d’accord avec cette proposition.

    On décide de dédier une boîte à cet effet.

    Plaisir VECU 808 : Elan de solidarité

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les enfants à l’initiative de cette idée passent dans les rangs, boîte à la main. De nombreuses mains se soulèvent et laissent tomber dans la boîte une ou deux billes, parfois gagnées le jour même. On liste les enfants qui n’ont pas de billes, ceux-ci en reçoivent deux à la fin de la quête.

    Cette boîte est placée sur une table de la classe et chacun peut y déposer ou venir y chercher une bille.

    Que ce soient les enfants donateurs ou les enfants receveurs, tous étaient ravis : fiers d'avoir donné, partagé ou d'avoir reçu, d’avoir été pris en compte. Tous les élèves de ma classe peuvent maintenant aller « tiquer de la bille » !

    J'ai été vraiment touchée par cet élan de solidarité spontanée dont les enfants ont fait preuve et très fière aussi de voir qu’au sein de ce groupe il y avait assez de confiance, de liens, d’empathie entre les enfants pour que de telles propositions puissent voir le jour.

    UN GRAND BRAVO A MA CLASSE DE CE1 !!!!! 

    Mylène de Sainte Marie

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1)les messages clairs

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/les-messages-clairs

    2)les droits de l’enfant

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/43431

    UNE QUESTION

    Y a-t-il un âge pour parler de solidarité avec les enfants ?

     


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  • Des moments de plaisir ? J’en ai le vendredi après-midi, quand, après avoir rangé la classe, chacun fait son métier puis s’installe pour le conseil ... C’est le moment où on ouvre le frigo…. C’est comme ça qu’on appelle notre « morceau de tableau » consacré à l’ordre du jour du conseil…

    « Le conseil est ouvert », c’est un élève qui préside. Je serai le président. Le silence se fait naturellement. Je n’interviens pas…. On demande la parole. On ne se moque pas. On écoute celui qui parle. Je donnerai la parole à ceux qui ont le moins parlé. Les gêneurs 3 fois ne pourront plus parler ni voter. Qui veut être secrétaire ? Le président distribue les rôles, un bâton de paroles, un maitre du temps et un responsable frigo chargé d’effacer les points abordés.

    Pour moi c’est un grand plaisir de voir qu’ils n’ont plus besoin de moi. Les rituels sont lancés. Les institutions sont là comme garant. Les maitres-mots les aident à s’exprimer.

    Comme par magie, la classe se pose, s’écoute et aborde les sujets qui lui tienne à cœur.

    On ouvre le frigo : Premier point : « Politique ». Qui a écrit Politique ? A. lève le doigt. Que voulais-tu dire ? J’aimerais qu’on prenne le temps de parler de l’information. Il se passe beaucoup de choses dans le monde et j’aimerais qu’on m’aide à comprendre, qu’on en discute…. La discussion s’ouvre. Le maitre du temps rappelle qu’on a 5 minutes sur ce sujet. Le président donne la parole, veille à ce qu’on reste bien sur ce sujet. Je jubile… Le conseil décide que le premier mardi du mois (au fait c’est mardi prochain !), nous ferons un débat sur un sujet d’actualité. Un élève propose d’apporter « Un jour, une actu », magazine auquel il est abonné.

    Le conseil se termine parfois par un tour de félicitation : « Je félicite L. car elle m’a bien expliqué en maths et j’ai pu finir ma ceinture ». On part en week-end regonflé, heureux d’avoir participé au conseil et d’avoir fait grandir chacun d’entre nous. On a posé nos valises et tout le stress de la semaine chargée.

    Des petits plaisirs comme ça, ils sont nombreux le vendredi après-midi au conseil.

    Véronique Druot – CM2 à Pujaudran (32)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1)le conseil

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/un-conseil-cooperatif-1

    2)les félicitations

    http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-vecu-411-la-journee-de-l-amitie-a161746796

     UNE QUESTION

    Pourquoi mettre en place des rituels ?


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  • J’utilise une monnaie de classe. Cette monnaie est un véritable outil de gestion de groupe. C’est un outil de motivation, je travaille et je suis payé pour cela. Mon travail est reconnu dans la classe et il a une valeur. C’est un outil de sanction : je fais une bêtise, je paye une amende. Les amendes sont discutées et votées en conseil. Je dépense ma monnaie au marché organisé une fois par mois environ.

    Stupeur mardi matin ! La banque a été dévalisée, elle est presque vide. Qui a commis le vol ? En tant que garant de l’institution, je demande au(x) voleur(s), non pas de se dénoncer, mais plutôt de rendre ce qu’ils ont volé discrètement, juste de le déposer sur mon bureau. J’argumente : « Si la classe n’a plus de monnaie, il n’y a plus d’amendes mais des punitions données par la maîtresse, le marché prévu vendredi prochain ne pourra pas avoir lieu, on ne peut plus louer de matériel à la classe, bref…. tout le système est mis à mal ! Je sens l’inquiétude monter : les élèves n’avaient pas mesuré l’importance de la monnaie et la place qu’elle prend dans notre quotidien.

    Arrive 15h50, c’est l’heure du rangement et des métiers. Les discussions vont bon train… On sort à 16h, j’accompagne au portail ceux qui rentrent chez eux. J’aperçois un attroupement ; des élèves de ma classe sont autour de L. Je remonte en classe : les pujaux (c’est le nom de notre monnaie) sont disposés sur ma table. Je compte. Il y en a 4353. Le montant du vol est énorme ! Je décide de provoquer un conseil extraordinaire dès le lendemain matin afin de demander une sanction applicable au(x) voleur(s).

    9 h : le conseil exceptionnel est ouvert. Le silence est lourd. Je préside. Je rappelle les faits, des pujaux ont été rendus. Le conseil doit-il se contenter de cela ? La loi n’a pas été respectée, je demande une sanction. Les voleurs se désignent immédiatement. Chacun s’exprime sur ses motivations, les conditions, ce qu’il s’est passé…. On écoute, on ne juge pas, on essaie de comprendre. Les vols se déroulent pendant les récrés car certains restent en classe. M raconte : « On se met au défi : t’es pas cap de voler dans la banque ! ». Deux voleurs ont préparé une lettre pour s’excuser. Ils la lisent devant toute la classe. Le conseil est touché. A. se met à pleurer. M. en a parlé à la maison et a préparé sa lettre avec sa mère. Des élèves remarquent que les « voleurs » ont pris l’initiative de rendre la monnaie volée et de préparer une lettre d’excuse : il faut reconnaître que c’est bien. J’acquiesce mais nous devons discuter de la sanction. Q rappelle que le conseil avait décidé il y a deux mois environ des dispositions à prendre en cas de vol. Je me souviens effectivement que nous avions parlé de cette éventualité. Les élèves avaient demandé à ce que la banque soit fermée à clé afin d’éviter cet écueil. Finalement nous n’avions pas donné suite car trop lourd à gérer.

    La discussion continue sur le rapport à la loi, quelle sanction, qui doit la donner ? Un élève propose de créer le métier de juge. J’exclue d’emblée cette possibilité. « Le conseil doit prendre ses responsabilités. Nous recherchons dans le cahier du conseil et nous retrouvons la décision prise : « En cas de vol, le fautif devra rembourser la somme volée et le conseil donnera une punition ». C’est écrit noir sur blanc et cela a été voté en conseil. Nous y voilà. Mais quelle punition ? Réflexions et propositions : deux propositions apparaissent. 1) Les voleurs seront ceinture dorée de comportement. 2) Les voleurs ne passeront plus au bilan (c’est le moment de la paye) pendant un temps en rapport avec le montant volé.
    Le conseil vote finalement que les voleurs peuvent choisir leur punition entre ces deux propositions. Deux choisissent de passer ceinture dorée, ils perdent tous leurs droits. Leur situation sera réexaminée à chaque conseil. Les autres choisissent de renoncer au bilan pendant 4 voire 6 semaines. Les voleurs assument parfaitement la sanction. Le conseil décide également que les parents ne seront pas prévenus car le problème a été réglé en interne et qu’il n’est pas nécessaire d’alourdir la sanction.

    Ce matin, je les ai vus grandir. Ils ont discuté, proposé, voté et sont arrivés à une solution satisfaisante pour le groupe. Quel bonheur et quel plaisir de pouvoir vivre ça.

    Véronique Druot – CM2 à Pujaudran (32)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1)la monnaie dans la classe

    https://www.icem34.fr/ressources/classe-cooperative/divers-cooperation/146-la-monnaie-interieure-comme-instrument-educatif

    2) le conseil d’enfants

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/fichier-d-incitation-cooperation-citoyennete

    UNE QUESTION

    Peut-on laisser les élèves décider de toutes les formes de sanctions ?


    4 commentaires
  • En classe unique, un jour par semaine, premier "Accord de groupe" du vendredi (comme un conseil d'élèves) qu'ils ont aussi tous les mercredis : quelques prises de paroles qui valent le coup de se réjouir quand à leur implication dans les apprentissages.

    - Proposition par une élève d'une journée Halloween : je leur demande pourquoi justement un vendredi car ils passent quand même plus de temps avec le maître. Une élève de CP (fraîchement arrivée de maternelle en septembre 2017) me répond avec la plus grande simplicité : tu comprends maîtresse c'est tellement chouette de partager des journées spéciales. Nous avons aussi envie de partager quelque chose de spécial avec toi ! Un autre élève : Qui prépare le mot ? Et allez, même pas besoin de proposer la rédaction du mot partagée, l'idée est venue d'eux même.

    - Pendant le temps d'Arts Visuels, je vois quelques élèves discuter, se partager des feuilles...un CM1 était en train de fabriquer des créations géométriques pour que les CE1 les colorient. Des créations, des photocopies, des coloriages... Je leur ai donc proposé de partager cette idée lors de l'"Accord de Groupe". Cette idée a tout de suite fait l'unanimité dans la classe et quelle aubaine pour moi qui doit travailler la géométrie le vendredi ! Et en plus, il y en a plusieurs qui ont eu l'idée d'en faire des livrets pour les vendre pour la Coop ! Puis petit débat sur : "Est ce que les gens vont nous acheter des livrets de coloriage alors que nous ne sommes pas des professionnels ?"

    Bon maintenant, il faut mettre en place tout ça !

    Quel plaisir !

    Marie Delarue (74)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Le Conseil

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    2) La Classe unique

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/8287

     UNE QUESTION

    Qui décide des apprentissages ?


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