• Cette semaine de fin juin, annoncée comme une semaine de forte chaleur, je m'attendais au pire dans l'école : excitation maximale, travail minimal, évanouissements possibles. Eh bien, pas du tout !

    Ce qui arriva fut bien différent...

    Figurez-vous que jeudi 20, mon directeur m'annonçait que Jean-Michel B. avait sélectionné une classe au hasard pour mener une expérimentation en lien avec son projet-phare de dédoublement des classes, qu'il lui fallait une classe à double-niveau pour cela, et il se trouve que c'est tombé sur moi et ma classe de CE1/CM2. 

    Son projet était le suivant : Le lundi, on allait mesurer toutes les heures la température de mes 24 élèves réunis dans un seul espace classe, et le mardi, on allait mettre mes CE1 dans une salle et mes CM2 dans une autre pour mesurer à nouveau, et comparer ensuite les relevés. 

    Dans la circulaire explicative que j'avais reçue la semaine précédente, il était stipulé que l'ébullition intellectuelle était sans doute en corrélation avec la température de l'individu. Contrairement à ce que nous pourrions penser, plus nous avons chaud, plus nous bouillonnons d'intelligence ! Des neuro-scientifiques l'avaient récemment démontré en laboratoire avec des animaux. Ce serait dû à une molécule secrétée par la chaleur qui stimulerait notre matière grise. Il s'agissait donc de le valider ou non en classe, ce qui pouvait donner des enseignements utiles sur l'opportunité d'un enseignement plus "industriel".

    Donc, le lundi 24, j'ai vu débouler huit scientifiques en blouse blanche, fort sympathiques d'ailleurs, qui se sont installés dans la classe et qui toutes les heures prenaient la température de chacun de mes élèves. Et le mardi 25, de même. Je peux vous dire que mes séquences de classe ont été quelque peu hachées ces deux jours-là, mais mes élèves ont adoré (j'aurais bien aimé qu'ils me le fassent à moi aussi, mais apparemment, l'idée de mettre plusieurs enseignants dans un même espace pour faciliter une possible intelligence collective n'était pas à l'ordre du jour) !

    Le jeudi 26, j'ai eu les résultats de leurs tests :

    1) Les élèves ont été bien plus chauds, et donc en bonne ébullition intellectuelle, quand ils ont été regroupés sur un seul espace. Ceci démontré, le Conseil d'Evaluation de l'Ecole allait voir, c'est ce qu'ils m'ont dit, quelle quantité d'élèves on pourrait regrouper par mètre carré pour atteindre le niveau d'ébullition idéal.

    2) Ils ont aussi remarqué que la partie la plus chaude du corps des élèves se trouvait sous les pieds, donc, m'ont-ils dit aussi, il serait peut-être intéressant à l'avenir de faire entrer les savoirs par cette partie du corps trop souvent méprisée et faire remonter progressivement ces savoirs jusqu'au cerveau par des techniques d'apprentissage appropriées, ce qui serait évidemment une véritable révolution pédagogique. 

    En tout cas, je suis bien content d'avoir contribué à faire avancer la science en ce domaine. 

    Daniel G

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Regard personnel sur Monsieur Blanquer

    http://pedagost.over-blog.com/2018/05/les-oublis-de-monsieur-blanquer.html

    2) Transmettre, apprendre

    http://pedagost.over-blog.com/2014/09/transmettre-apprendre.html

    UNE QUESTION

    La réussite d'une classe est-elle évaluable ? 


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  • Aujourd'hui, nous partons en visite à la Caverne du dragon, sur le chemin des dames (que je vous recommande par ailleurs). Entre les deux visites prévues, nous pique-niquons et nous approchons de statues, au milieu d'un espace vert, accolé au musée de la caverne. Nous organisons des jeux pour certain-e-s, d'autres prennent la pause pour un session photos en extérieur (le jour de présence du jury des "écoles fleuries" approche, nous aimerions ajouter quelques clichés à notre expo) et d'autres partent à la recherche d'éventuels vestiges avec un papa d'élève à quelques mètres de notre traditionnel "Lucky Luke".

    Quelques minutes plus tard, un enfant vient me chercher en courant : le petit groupe a découvert une balle de shrapnel près d'un tas de pierres et surtout de nombreux fossiles.

     Plaisir VECU 412 : Fossiles et vraies recherches

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Plaisir VECU 412 : Fossiles et vraies recherches

     

    La chasse est lancée, le groupe s'agrandit et nous trouvons, dans cette ancienne carrière qu'est la Caverne du dragon, de nombreux autres fossiles qui font le bonheur des petits et des grands.
    Trente minutes plus tard, nous prenons un grand sac pour rassembler nos trésors et nous fixons une rendez-vous pour la semaine prochaine avec comme mission d'effectuer quelques moulages et recherches sur le sujet.

    Un moment de découverte et de jubilation improvisé qui a ravi petits et grands.

    Damien Bocquet - CM2 - École Gambetta - Waziers

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) Sortir

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    2) L'Histoire en méthode naturelle

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-histoire-geo

    UNE QUESTION

    Comment concilier un apprentissage chronologique et des découvertes naturelles ?

     


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  • Voilà pour se faire plaisir(s) en cette fin d'année, un florilège de témoignages venant d'enseignants de tous niveaux de classe pour dire que les plaisirs de classe, c'est possible... et que ce n'est pas secondaire dans les apprentissages.

    977. C'est quand l'élève qui pleurait en début d'année à l'idée de danser devant ses camarades se porte volontaire pour faire un numéro de zombie parmi 5 élèves devant plus de 200 spectateurs.

    978. C'est quand A. fait gréve pour le climat un vendredi et l'explique en classe en reprenant les notions de géographie vues il y a deux mois...

    979. C'est quand V. range avec précaution et pour la première fois de l'année son devoir dans son classeur...

    980. C'est quand T. , 16 ans, ayant fini l'évaluation avant les autres, dessine le portait de Christophe Colomb sur sa copie...

    981. C'est quand j'ai vu un élève très moqueur expliquer gentiment et sérieusement à une petite fille de la classe comment faire des points au tricot lors d'un atelier laine.

    982. C'est quand j'écoute et retranscris les ateliers « Je réfléchis » (ateliers philo inspirés par Jacques Lévine) enregistrés dans ma classe et que je découvre, souvent après coup, la richesse et la profondeur des échanges entre élèves.

    983. C'est quand une élève peu sûre d'elle l'an dernier, très émotive, est l'une de celles qui vient le plus régulièrement présenter des objets, des livres ou des histoires au « Je fais partager », et que sa maman me dit qu'elle n'en revient pas.

    984. C'est quand, alors que j'attendais depuis plusieurs minutes que les élèves arrêtent de pouffer et ricaner après une récréation agitée pour pouvoir commencer un moment de relaxation, je leur ai dit : « Bon, on va rire un bon coup tous ensemble » et que toute la classe est partie d'un énorme éclat de rire… puis que moi aussi j'ai été emportée par cette bonne humeur alors que j'étais exaspérée l'instant d'avant. Et que l'élève à côté de moi a dit comme pour elle-même : « C'est aussi une bonne relaxation, de rire. » C'est tellement vrai.

    985. C'est quand la "tenue de la boum" de la classe transplantée de T. était un déguisement de dinosaure.

    986. C'est quand mon élève "difficile" qui m'en a fait baver toute l'année vient me demander pardon et me dire que je suis la meilleure des maîtresses !

    987. C'est quand en classe découverte à la mer, les élèves de ma collègue me voyant passer devant leur chalet me demandent de leur faire un câlin pour bien dormir.

    988. C'est quand un élève timide et peu à l'aise à l'oral est élu délégué de la classe d'eau et parle devant les 6 classes impliquées dans le projet.

    989. C'est quand la classe monte sur scène et délivre le magnifique travail fait en classe de la reconstitution d'une cérémonie du début de la saison de l'abondance. Les larmes aux yeux !

    990. C'est quand un tout petit s'autorise à participer pour la première fois au bilan de la journée... Des petits pas vers les autres... Et séquence émotion pour la maîtresse.

    991. C'est quand à la séance de voile en juin, je vois E. sourire sincèrement pour la première fois de l'année.

    992. C'est quand j'amène en classe un objet qui suscite plein de questions et d'envie de manipuler (en l'occurrence un sablier magnétique).

    993. C'est à la fin du spectacle d'école, quand O., qui trouvait les répétitions trop longues, me dit : "c'est déjà fini ?!"


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  • Voilà pour se faire plaisir(s) en cette fin d'année, un florilège de témoignages venant d'enseignants de tous niveaux de classe pour dire que les plaisirs de classe, c'est possible... et que ce n'est pas secondaire dans les apprentissages.

    958. C'est quand une classe de CM1 agitée, très peu concernée par les apprentissages et trop peu coopérative, devient le temps d'une représentation au Printemps théâtral des écoles, un collectif de comédiens, unis, à l'écoute des uns et des autres, pour 25 minutes magiques, presque hors du temps...

    959. C’est quand A., qui a vraiment des difficultés dans l’apprentissage du français, fait des présentations tous les matins en utilisant son langage, et que les autres enfants, très patiemment, le regardent et l’encouragent en lui posant des questions.

    960. C’est quand E., qui est en PS et très en retrait de la classe depuis le début de l’année, parle fort en regroupement et que je suis obligée de lui demander de se taire. 

    961. C’est quand un grand (GS), va chercher un petit (PS), alors en colère dans un coin de la classe, lui parle tout doucement pour le calmer et le ramène tranquillement dans le groupe. 

    962. C’est quand des enfants débattent à bâtons rompus sur une création mathématique en pyramide pour essayer de formuler la manière de s’y prendre pour la réaliser.

    963. C’est quand T. qui avait très peu confiance en soi et peur de l’échec, m’a dit un jour avec de la jubilation dans les yeux : « J’ai réussi ! ».

    964. C’est quand K. qui aime le dessin d'histoire, décide d’aider S. qui me dit qu’elle n’a pas d’idée et qu’elle ne sait jamais quoi dessiner. Le dessin à quatre mains est alors plus précieux. 

    965. C'est quand j'ai appris que la LV2 chinois ouvrirait dans notre collège l'an prochain et que j'ai eu le plaisir de l'annoncer à M., élève de sixième, que je qualifierais de réservé. En effet, désirant étudier cette langue qui ne faisait pas partie de notre offre de langues, M. m'avait demandé s'il pouvait lister les élèves qui voulaient apprendre le chinois en cinquième. Il s'était donc autorisé à agir pour rendre possible son projet. Il a mené son enquête avec un grand sérieux. Appuyée sur cette liste de 19 noms, la demande a été remontée à la DSDEN, avec succès.

    966. C'est quand mes élèves me disent : "Mais en fait j'aime bien l'histoire".

    967. C'est quand d'anciens élèves qui n'ont pas cours viennent passer leur journée dans leur ancienne classe.

    968. C'est quand les élèves créent un tableau pour  les prénoms des deux poissons de la classe, qu'ils font tourner la feuille parmi leurs camarades et demandent à voter en conseil pour choisir parmi les propositions.

    969. C'est quand E., 4 ans, présente un kaléidoscope qu'elle a fabriqué et qu'ensuite nous chantons tous et toutes ensemble le mot kaléidoscope pour apprendre à le prononcer. Et c'est quand A., 3 ans et 11 mois, après avoir chanté kaléidoscope dit : "c'est un peu difficile mais c'est beau".

    970. C'est quand, début juin, M., 3 ans et 9 mois, prononce sa première phrase intelligible et Y., 3 ans et 11 mois, lui fait un bisou.

    971. C'est quand, toujours Y., 3 ans et 11 mois, me dit: "Maitresse tu m'as coupé la parole !"

    972. Ce sont les histoires racontées par les enfants que je transcris, que nous avons mis dans le journal, et que nous lisons à la fin de la journée....

    973. C'est quand G., 14 ans, explique en conseil de classe toutes ses difficultés et affronte crânement les regard des adultes...

    974. C'est quand E. écrit sans ciller pendant une heure et se dit finalement que le français c'est bien....

    975. C'est quand A. me donne en début de séance le tesson de bouteille acéré qu'elle a dans la poche...

    976. C'est quand D. reprend son texte en ayant corrigé presque toutes les fautes d'accord, y compris le participe passé...

    PS : Lire aussi cette séquence parue en 2014 : C'est quand en 2014


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  • OUI, j'en ai assez ! J'en ai marre des projets onéreux et ronflants de certains collègues qui écrivent qu'ils organisent un voyage pour "l'ouverture d'esprit" ou "la découverte d'une autre culture". Les élèves passent des heures en car, visitent en touristes, consomment des visites, participent à des activités (encadrées, alléchantes, attractives... très chères !) et bizarrement, leurs plus beaux souvenirs sont : 1/les nuitées en dortoir 2/les veillées 3/le pique-nique/les repas 4/les "récrés" 5/le shopping... En clair, rien de ce qui était annoncé dans le programme pédagogique !

    J'ai choisi de partir "pour 3 francs 6 sous" à "2 pas de chez nous" avec des petits enfants de 6-7-8 ans que leurs parents hésitaient à lâcher (Bonjour les appréhensions ! Je n'imaginais pas.. la peur du manque/vide chez les parents !) pour que les enfants vivent simplement

    1/ une vie en collectivité sans leur famille

    2/ des activités de pleine nature

    OUI, leurs plus beaux souvenirs sont : 1/les nuitées 2/les récrés 3/les repas 4/les veillées 5/les promenades

    Mais, en partant seulement 3 jours, non loin de St-Etienne, c'était bien le projet de la classe. Et je l'ai défendu auprès de l'Inspecteur. Aucune visite guidée. Aucune animation payante. Aucun intervenant arrivé juste à point (et chèrement) pour occuper la soirée.

    Un projet construit avec/par les élèves. Qu'est-ce qu'ils ont jubilé en organisant les répartitions dans les dortoirs ! En écrivant au cuisinier pour lui demander de préparer (top secret !) le gâteau d'anniversaire de N ! En écrivant eux-même la liste pour le sac de voyage !

    Dans mon école publique de centre-ville, où existe encore une vraie mixité sociale, je suis contente que toutes et tous les élèves aient pu partir.

    OUI, c'est pour mon projet de classe, l'essentiel ! Et culturellement, découvrir la verte campagne (Ouille ! Les orties ça brûle !) ; la vie en collectivité ( Oh NON ! Il/elle ronfle ; pleure ; remue dans le dortoir) et l'autre/le copain-la copine ( "T'as qu'une seule paire de chaussures ? Ta trousse de Toilette, c'est juste un sac plastique ?)

    Et puis, si en plus, on a sensibilisé les uns les autres à l'intérêt du développement durable, en prenant les transports publics, en consommant local, en découvrant le patrimoine régional, tant mieux !

    Dans nos classes, la première lutte contre la xénophobie, la peur de l'autre, c'est juste et simplement de vivre et travailler ensemble , tous/toutes les élèves ! Au quotidien !

    Marie-Eve Thivillier

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) La classe découverte

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/classe%20découverte

    2) Les responsabilités dans une classe coopérative

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/responsabilités

    UNE QUESTION

    Appropriation de son environnement ou dépaysement : que privilégier ? 


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