• Souvent dans la salle des maîtres, ou en tout cas d’après mon expérience, chacun « se décharge » de ses moments pénibles. Alors on parle de ces élèves qui ne savent pas ceci ou cela, qui ont la bougeotte, qui ne se taisent jamais, qui ne rangent pas leurs affaires, etc… et la liste est sans fin. Peut-être qu’on a besoin de ça, mais parfois, je trouve ça pesant.

    Une année, dans une école où c’était devenue quelque chose de vraiment lourd pour moi, j’avais imposé un midi où l’on ne pouvait échanger que des regards positifs sur nos élèves ; cela avait plus ou moins bien pris mais cette journée me faisait du bien. Parce qu’à force, on pense comme ça... Ou alors on l’a tous un peu en nous… Un enseignant canadien m’avait dit que c’était quelque chose de très français ; ça m’avait beaucoup interrogé…(et je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir une école canadienne).

    Cette année, le soleil brille dans la salle des maîtres. J’ai la chance d’avoir une collègue de travail qui s’enthousiasme des milliers de moments avec ses élèves, qui voit (vraiment) les lumières brillantes que les enfants portent en eux, qui raconte TOUUUUT ce qu’ils savent faire, comme ils s’engagent dans les activités, comme ils rient, vivent, travaillent, apprennent, coopèrent, prennent soin les uns des autres, etc… et la liste est sans fin ! Un regard bienveillant, sans naïveté, qui fait du bien, et … quelle chance ont ses élèves et notre école ! Et en plus c’est contagieux, ça force à s’interroger sur son propre regard et à voir d’abord et avant tout, toutes ses petites choses positives, belles, drôles, touchantes, … qui se passent dans une classe et qui viennent des élèves.

    Alors (un très grand) merci à elle et je souhaite très fort qu’il existe une telle personne dans chaque salle des maîtres.

    Nicolas

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) L’équipe pédagogique

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/10790

    2) Nouvel Educateur : Projets d’adultes, leviers de transformation

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/2661

    UNE QUESTION

    Comment faire d’une équipe que l’on ne choisit pas une vraie équipe ?


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  • Au Festival du livre de Mouans-Sartoux, j'ai assisté en direct à un très beau "moment-champagne"...

    Le vendredi, c'est la journée des scolaires, enfin il paraît, car franchement de 10h à 15h, on assiste à des moments plus que terribles :

    - "Non, les BD et les mangas c'est pas pour vous

    - Non, c'est pas de ton âge...

    - Non, ne touche pas les livres...

    - On est pressé, viiiiiiiite...

    - Allez, en rang par deux et par ordre alphabétique...

    - Etc."

    Sans compter les défilés quasi militaires.

    Heureusement, il y a aussi de belles surprises !

    A un moment, tout un groupe de gamins se précipite sur le stand de l'ICEM :

    - "On a les mêmes, on a les mêmes... (des Btj, des Jmag)

    - Maître, tu as vu ?"

    Et là je vois arriver Eric avec le reste de la classe. Nous discutons un moment, les élèves s'éparpillent sous le chapiteau tranquillement, vont et viennent, s'arrêtent, discutent, regardent, touchent, lisent... Normal, ils sont venus au Festival du livre.

    Le temps passe et arrive presque toute la classe, tenant un grand livre entre plusieurs mains...

    - Eric, Eric, on a acheté un livre pour la classe...

    - Mais je ne vous ai pas donné l'argent de la coopérative.

    - Oui, mais là, on a mis chacun un peu de notre argent de poche et c'est pour la classe !".

    Merci à Eric et à sa classe pour ce très beau moment partagé.

    Jean-Charles Huver

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ La malle aux livres

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/la-malle-aux-livres

    2) La littérature jeunesse

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/30024

    UNE QUESTION

    Est-ce que lire, c’est une chose sérieuse ?


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  • En classe unique, un jour par semaine, premier "Accord de groupe" du vendredi (comme un conseil d'élèves) qu'ils ont aussi tous les mercredis : quelques prises de paroles qui valent le coup de se réjouir quand à leur implication dans les apprentissages.

    - Proposition par une élève d'une journée Halloween : je leur demande pourquoi justement un vendredi car ils passent quand même plus de temps avec le maître. Une élève de CP (fraîchement arrivée de maternelle en septembre 2017) me répond avec la plus grande simplicité : tu comprends maîtresse c'est tellement chouette de partager des journées spéciales. Nous avons aussi envie de partager quelque chose de spécial avec toi ! Un autre élève : Qui prépare le mot ? Et allez, même pas besoin de proposer la rédaction du mot partagée, l'idée est venue d'eux même.

    - Pendant le temps d'Arts Visuels, je vois quelques élèves discuter, se partager des feuilles...un CM1 était en train de fabriquer des créations géométriques pour que les CE1 les colorient. Des créations, des photocopies, des coloriages... Je leur ai donc proposé de partager cette idée lors de l'"Accord de Groupe". Cette idée a tout de suite fait l'unanimité dans la classe et quelle aubaine pour moi qui doit travailler la géométrie le vendredi ! Et en plus, il y en a plusieurs qui ont eu l'idée d'en faire des livrets pour les vendre pour la Coop ! Puis petit débat sur : "Est ce que les gens vont nous acheter des livrets de coloriage alors que nous ne sommes pas des professionnels ?"

    Bon maintenant, il faut mettre en place tout ça !

    Quel plaisir !

    Marie Delarue (74)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Le Conseil

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    2) La Classe unique

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/8287

     UNE QUESTION

    Qui décide des apprentissages ?


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  • Sortir de la classe, c'est l'occasion de voir la ville à une heure où, généralement, on ne la voit pas. On croise les voitures de la Poste, les livreurs garés en double file, les retraités qui sortent faire leur courses. 

    Je trouve que le regard des gens change quand on sort de la classe avec sa classe. Les voitures s'arrêtent pour nous laisser passer, les gens disent « bonjour » et les enfants le leur rendent joyeusement. Parfois même, un petit refrain spontané se met à bercer la fin de nuit de ceux qui sont en retard dans le métro pour rejoindre leur bureau.

    Ce jour là, nous allions au Musée d'histoire. Pour y aller, nous devions descendre à la station « Canebière ». Nous attendions là, car l'un des enfants devait nous rejoindre pour cause de séance d'orthophonie. Comme nous étions en avance, je demandais aux enfants de regarder autour d'eux la ville qui les entourait, pour partager leurs trouvailles avec les copains. Et ça n'a pas traîné : l'un d'eux a remarqué la magnifique moulure au dessus de la porte de ce qui est désormais un commissariat, l'ancien Hotel Noailles.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « C'est qui ? ». Évidemment, pris de court, et n'ayant pas de spécialiste de la mythologie parmi les parents accompagnateurs, je leur répondais ma phrase joker : « On fera une recherche en classe ». Mais là, un petit couple d'octogénaires s'est arrêté. Le monsieur, qui savait visiblement captiver un groupe, nous a présenté Mercure, reconnaissable à son casque ailé.

    « C'est le Dieu du commerce et du voyage, c'est pour ça qu'il est sur la devanture d'un hôtel ».

    « Ah oui, il a des ailes » 

    « Mais c'est pas un hôtel, y'a des flics »

    Et, comme un ninja de la connaissance, en pointant du doigt la voiture jaune du facteur 

    « C'est aussi le messager des dieux, c'est pour cela qu'on utilise ses ailes sur le logo de la poste ».

    Émerveillement des gamins. 

    « Ah oui, les ailes, je les vois »

    « Où ça, où ça ? »

    Ça y est, le copain est arrivé de chez l'orthophoniste. On rassemble tout le monde, et on dit au revoir au gentil couple, visiblement ravi d'avoir partagé un moment fugace de connaissance sur un trottoir Marseillais, qu'aucun musée, aucune classe, aucun maître n'aurait pu nous offrir.

    Hervé Allesant

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Nouvel Educateur : Sortir

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-nouvel-educateur-186-sortir

    2) Groupe ICEM Etude du milieu

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/secteur-etude-du-milieu

     UNE QUESTION

    Une sortie, ça se prépare ? Doit-on tout préparer ?


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  • Dans notre classe de cycle 3, nous faisons des recherches personnelles, et plusieurs élèves se sont embarqués dans des exposés concernant leurs pays d’origine.

    Récemment, R s’est associée avec F pour faire un exposé sur le Sri Lanka, le pays de R. Au début, les recherches avaient consisté pour R à recopier le texte qu’elle trouvait sur internet. Elle m’avait mis ça à corriger, et j’étais embêtée parce que c’était un texte assez savant, et je savais que les enfants n’allaient pas comprendre grand-chose. J’ai repris ça avec elles, j’ai pris un temps, et leur ai dit : "Je vais vous lire le texte que vous avez écrit, je vais m’arrêter, et vous allez m’expliquer ce que vous avez compris." Elles se sont rendu compte que c’était beaucoup trop savant.

    On a donc travaillé sur la compréhension, et notamment, il y a eu tout un passage sur l’histoire du Sri Lanka, et notamment des différentes dominations successives dans ce pays, par exemple l’arrivée de la domination chrétienne qui venait supplanter la domination musulmane. Et puis ensuite, la domination anglaise, où on se rendait compte que les Anglais privilégiaient plutôt la population musulmane aux dépens de la communauté hindouiste, et puis ça s’est inversé. Et puis la guerre récente.

    Alors R a commencé à comprendre pourquoi elle se retrouvait en France : elle a fait le lien avec son histoire à elle : « C’est pour ça que ma grand-mère est partie. C’est pour fuir cette guerre », et elles ont commencé à discuter de leurs histoires. Et puis, elles ont parlé de religion. Sa maman est de religion hindouiste, et donc végétarienne, et son papa de religion chrétienne et mange de la viande. Elle nous a dit que quand ils se sont mariés, son papa s’est converti à la religion de sa maman, pour lui faciliter la vie au niveau de la cuisine. Et alors, R s’est dit : "Mais en fait, on peut changer de religion pour une histoire d'amour.", et F, qui entendait ça et qui est de religion musulmane, a été étonnée.

    Elles ont présenté cela à la classe, et il y a eu une discussion entre enfants sur ce qu’était la religion et ce qu’était la tolérance de l’autre.

    Magali Jacquemin

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ faire de l’histoire

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/10457

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/10458

    2/ btj : Croyances, mythes et religion

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/49504

     UNE QUESTION

    Connaître et travailler son histoire : rôle de la famille ou de l’école ?


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