• Nicolas, élève de CM2, en délicatesse avec la lecture et l’écriture depuis leur première rencontre.  

    J’avais remarqué quand il était toujours en CE, dans la classe de ma collègue, qu’il portait un amour immodéré pour les cailloux et le monde minéral en général. Arrivé en CM1 avec moi, je l’avais mis en contact avec un ancien de mes profs de fac, directeur du département de géologie à Brest. Le "petit Nicolas" avait alors pris plaisir à gribouiller des mails pour poser ses questions et raconter un peu de son quotidien au scientifique. Nicolas commençait à avoir envie d’écrire.  

    Cette année, pour multiplier les voies de diffusion des écrits de la classe, nous avons commencé à publier un maximum de textes en « petits livres » (vous savez, ces pages A4 qui après un savant pliage se transforment en petit bouquin de huit pages… : Les Petits livres). Dès le départ, Nicolas a sauté sur son cahier de brouillon ou, de façon plus générale, sur tout ce qui ressemble à une feuille, pour écrire sa désormais célèbre histoire (dans notre classe, au moins) du « Lapin et de l’écureuil ». Le petit texte du début est devenu le tome 1 d’une série qui en est actuellement au cinquième tome.  

    Toujours très pressé de partager ses textes, Nicolas a lu le quatrième tome vendredi. Devant la classe attentive, il a saisi son petit livre, interprété ses personnages, tel Dussolier au théâtre. Dès la fin de la lecture, nous avons entendu des « Nico, tu lis vachement bien maintenant! », auxquels Nicolas a acquiescé, expliquant que le fait de lire ses propres textes devait y être pour quelque chose. Maintenant, tout le monde attend chaque semaine la suite des aventures, et Nicolas est devenu l’écrivain de la classe.  

    Egalement passionné de géométrie, il a avalé ses dernières ceintures PIDAPI de géométrie (pour en savoir plus : Pidapi) avant de venir me dire « Maître, j’ai fait pas mal de maths, j’ai bien avancé. Maintenant, je mets le paquet sur la grammaire ». A ce moment, je me suis dit que je n’aurais jamais entendu ça, il y a deux ans, dans la bouche de Nicolas. Il avait grandi, l’école devenait un endroit pour créer, grandir et progresser. Maintenant, on avait vraiment l’impression qu’il commençait à tenir les rênes de ses apprentissages. 

    Si j’avais eu une bouteille lors de cette séance de « présentations », le bouchon aurait clairement sauté au plafond.  

    Yves Paubert

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1) La Correspondance

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-correspondance-scolaire

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/secteur-arbres-de-connaissances

    2)Le nouvel Educateur

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-nouvel-educateur-189

    UNE QUESTION

    Jusqu’où faire confiance aux enfants ? Tous les élèves auront-ils un jour envie d’apprendre ?


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  •  En poste cette année dans une classe de CM dans une nouvelle école en milieu urbain, l'esprit coopératif me semblait très long à se mettre en place.

     Pour moi, la rentrée de janvier allait déjà me donner des indications sur l'évolution de la classe. J'ai été un peu déçue quand je voyais des moments de violence ressurgir en fin de journée (on finit à 17h).
     Au milieu d'un conseil super bruyant dans lequel les enfants se mettaient à régir spontanément à chaque nouvelle idée sans respecter les tours de parole, j'ai pris la décision d'arrêter le conseil. Réaction spontanée, très peu réfléchie, un peu inspirée par la colère aussi...
     Gros questionnement sur le tournant qu'allait prendre la classe ?

     Après quelques jours, un enfant me dit : "Maitresse, c'est injuste qu'on arrête le conseil car on est beaucoup à ne pas gêner. Je le vis comme une punition collective".
     Je lui propose alors d'en parler en réunion (on avait quand même gardé un petit temps de parole le matin : informations, propositions).
     J'explique alors que de mon côté, ce n'est pas le but, je n'ai absolument pas cette intention. Je veux juste ne pas passer des moments désagréables dans la classe. Quand on fait des choses ensemble qui ne marchent pas, je décide de les arrêter. Je leur parle des de la différence entre les décrets et les décisions parlementaires. En gros, j'étais passée à l'état d'urgence !

     Un enfant propose alors de faire un contrat de classe que chacun signerait, que ceux qui gênent au bout de trois fois soient en plus exclus du conseil d'après pour réfléchir. Sous ces conditions, je propose alors de recommencer en leur disant que je préparerai une fiche d'observation du conseil pour les enfants qui seraient dans ce cas là.

     Le Conseil a donc repris, il fonctionne. Le premier : deux enfants gêneurs. Dans leur fiche de réflexion, ils écrivent tout ce qu'ils auraient aimé dire. Conseil suivant : aucun gêneur. Interpellée par leur engouement pour le conseil, je décide alors de leur proposer en discussion philo la question : "A quoi sert le Conseil de notre classe ?"

     Et c'est là que je vis mon "moment champagne", voici le compte rendu :

     Sarah Zanettacci

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Le Conseil

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-conseil-cle-de-voute-de-l-organisation-cooperative

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/un-conseil-cooperatif-1

    2)le débat philo

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/52051

     POUR ALLER PLUS LOIN

    Peut-on faire preuve d’autorité sans être autoritaire ?


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  • Mois de février 2016, classe urbaine de CP. J'ai demandé à un petit gars de me lire quelques lignes d'un documentaire. Il a lu les phrases, impeccable, et reformulé ce qu'il avait lu. Et je lui dis : "Tu te rends compte que ça y est, tu sais lire ? »
    - Ah ? bin en fait j'ai du mal à me rendre compte.
    - Là tu viens de lire ce qui est écrit, et tu as compris ce que ça veut dire !
    - Ah." (avec un sourire un peu fier, malgré une sorte de stupeur).

    Moi, j'avais un sourire énorme. Je suis contente, j'ai dit. Une minute après, ce gars-là attrape son petit pote, qui rame pas mal, par le cou d'une main, un bouquin dans l'autre main, et lui dit : "Viens, je vais faire comme la maîtresse, je vais t'apprendre à lire".

    Y en a un qui a dit "c'est sur votre visage que l'enfant se lit vainqueur"... je ne sais plus qui c'est.

    Pourquoi, comment c'est possible ? Laisser le temps à chacun ? Prendre du temps pour chacun ? Inviter à l'entraide ? C'est la fleur qui éclot enfin, et qui sent bon, grâce à un terreau et un compost invisiblement entretenus ? Et dont je ne suis jamais sûre qu'il va permettre cette éclosion ?

    Mélanie Tanous

    POUR ALLER PLUS LIRE

    1) Ecrire et lire

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55627

    2) Eloge de l'éducation lente

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/20429

    UNE QUESTION

    Qu'est-ce qui va donner envie d'apprendre ? 

     


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  • Mercredi 9, c'est la fête à la Loi Travail. Aussi, avons-nous imaginé une Loi Travail pour l'école, qui s'inspirerait quelque peu de celle sur l'entreprise. Voici les premiers articles de cette loi :

    • Tous les élèves doivent travailler de 8h30 à 18h30, avec une pause déjeuner de 5 minutes par plat consommé, car les programmes sont lourds et ils doivent les maîtriser.
    • L’enseignant peut convoquer certains élèves à n’importe quel moment de la semaine, du week-end ou des vacances, pour leur faire étudier une notion qu’ils ont négligée. Ils seront alors mis en temps d’astreinte permanent.
    • Le maître peut prolonger son cours tant que 70% de la classe ne montrera pas des signes d'épuisement (ce taux de 70 % sera estimé par les Inspecteurs compétents de l'Education nationale).
    • Les devoirs faits à la maison, pris en charge par les dignes parents volontaires et mobilisés, seront pris en compte dans le livret scolaire, et bénéficieront d’un bonus des notes de 10%.
    • Les élèves mettant en danger l’économie performative de la classe seront, dans un premier temps, mis au placard avec le matériel de classe, puis dans un second temps, en cas d’aggravation et après concertation avec les bons élèves, sortis du système éducatif.
    • Les enfants, à partir d’1 an d'âge, dès lors qu'ils auront acquis la marche, seront mis au service de l’enseignant, pour lui porter son café, ses photocopies, etc.,  dans le cadre d’une optimisation budgétaire du personnel de service et de la disparition progressive des crèches.
    • Les temps de déplacement des élèves entre la maison et l'école doivent être rentabilisés à l’aide de tous les moyens numériques actuels et futurs pertinents (oreillettes, implants...) et les apprentissages (tables de multiplication, conjugaisons, etc.) seront validés lors du passage du portail de l’école.
    • Un enseignant, mécontent d’un élève, peut lui intenter un procès et se voir attribuer des indemnités compensatoires prélevées sur les revenus des parents de l’enfant fautif, mais plafonnées à 15 mois de salaire.

     

    Pourvu que cette loi ne fasse pas descendre les élèves dans les cours de récréation !

    Daniel Gostain, Valérie da Silva et Nicolas Janod


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