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Le titre de ce billet pourrait faire penser à une activité qui se pratique de plus en plus souvent en classes, la plupart du temps en début de journée, intitulée aussi "La Phrase du jour". L'enseignant écrit une phrase à partir de laquelle une analyse grammaticale est effectuée. Les phrases choisies par l'enseignant sont faites pour travailler un thème précis en grammaire.
Ce que je vais vous présenter aujourd'hui se différencie sur de nombreux points de cette pratique et se rapproche bien davantage d'un des principes défendus en pédagogie Freinet : partir des textes des enfants pour apprendre à lire, à écrire, à étudier la langue, à correspondre, etc.
En effet :
1) La phrase que nous allons étudier est proposée par un élève de façon spontanée, glissée dans mon oreille lors du temps de l'Accueil.
2) L'activité autour de cette phrase ne se limite pas à une analyse grammaticale, mais touche aussi à un vrai travail de compréhension, fait de contextualisation, d'hypothèses orthographiques, et seulement après de recherche grammaticale. Le tout porté par le désir qu'ils ont de deviner ce qu'a bien pu proposer leur camarade.
Pour ces deux raisons, je considère que les enfants se sentent bien davantage impliqués pendant ce temps, et que nous pouvons donc parler de "plaisir de classe".
Le point de départ de l'activité est venu de moi : un matin, j'ai été heureux de voir que de plus en plus d'élèves me disaient bonjour dans la cour, sans que je le demande. Alors, j'ai voulu leur faire partager cette satisfaction personnelle, mais plutôt que de passer par l'oral, je l'ai écrit au tableau sous une forme que j'affectionne, celle du Texte-Initiale (Le Texte-Initiale).
J__ s____ b____ c________ q__ n_____ n_____d_______ b__________ l_ m__________ !
(Je suis bien content que nous nous disions bonjour le matin !)
Les enfants ont découvert ce texte énigmatique, avec sous chaque mot un numéro. L'activité qui a suivi a été de recomposer le texte : chaque enfant me proposait une lettre pour le mot qu'il m'indiquait (par exemple le "o" après le "c" de "content"). Si la lettre était juste, il pouvait en proposer une seconde, sinon, nous passions à un autre enfant. Peu à peu, le texte apparaissait, les enfants, très actifs, se lançant dans une vraie conquête de la langue comme des aventuriers.
Une fois, le texte finalisé, nous passions à un petit moment grammatical : recherche de la nature des mots (déterminant, nom commun, nom propre, verbe) et nous finissions par des propositions d'enrichissement oral du texte à l'aide d'adjectifs.
Depuis ce premier temps que j'ai initié, chaque matin ou presque, un enfant me glisse dans la cour en secret un texte court à partir duquel nous menons l'activité.
Voilà un exemple en vidéo et une photo :
Le visage de Fahd reflète bien la fierté que peut éprouver un enfant à ce que sa phrase devienne celle de toute la classe.
Cette association du "Je fais partager une phrase" (Le "Je fais partager") et du "Texte-Initiale" m'a semblé intéressante à vous décrire !
Daniel Gostain
POUR ALLER PLUS LOIN
1) Le Français en méthode naturelle
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-francais
2) L'enfant-auteur
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche-enfant-auteur
UNE QUESTION
Peut-on travailler la grammaire indépendamment de la production de textes ?
1 commentaire -
On est lundi matin ! Tous les élèves montent en classe comme d'habitude ... sauf qu’ils n’ont pas de cartables … Et … qu’à 09h00 tout change ! Près de 200 élèves quittent leurs classes, en 2 ou 3 groupes, sans adultes et s'orientent dans les couloirs. Ils ont un objectif précis : rejoindre leur atelier sur le thème de la « Cop 21 : luttons contre le réchauffement climatique ».
Ça y est la journée Cop 21 a commencé !
Cela fait déjà plusieurs semaines que tous les enseignants ont réfléchi, organisé cette journée particulière. On est plus d'adultes que de classes, cela permet moins d'élèves par groupes. La directrice et deux anciennes collègues retraitées participent. On a préparé ensemble : inventaire et échange du matériel, d’idées, ...
Ce matin on est tous arrivés très tôt pour préparer les ateliers, les affichages pour orienter les élèves au mieux.
Et voici comment cela se passe :
- Chaque groupe assiste à 4 ateliers dans la journée avec des courts retours en classe pour débriefer.ateliers 1 : 9h00/9h45 – ateliers 2 : 10h15/11h10 – ateliers 3 : 14h00/14h45 – ateliers 4 : 15h15-16h10
Les ateliers :
1/ Sensibilisation à la protection de la nature : la forêt à partir d’un conte, l’exposition de Yann Arthus-Bertrand, les animaux en voie de disparition …
2/ Sensibilisation aux énergies nouvelles et renouvelables : à partir de jeux sur le site EDF, C’est pas sorcier, de l’urbanisation galopante à l’amélioration de l’habitat.
3/ Sensibilisation au tri : jeux sur le tri et les déchets
4/ Sensibilisation à la protection de l’eau et des océans : à partir du film Home, de l’exposition de Yann Arthus Bertrand, et de la charte de Maud de Fontenoy.
Les déplacements se font dans le calme : les plus jeunes sont pris en charge par les CM2 qui viennent les chercher et les raccompagner dans leur classe. On descend nos groupes en récréation , on retrouve d'anciens élèves, et des élèves que l'on croise sans vraiment les connaître et qui ne nous connaissent pas tous non plus .
Le midi, c'est dans une ambiance enthousiaste que les collègues se rejoignent pour déjeuner en salle des maîtres , on raconte comment se sont passés ces temps animés devant des élèves de tous niveaux , leurs réactions , leurs intérêts , ... Et toutes les observations sont faites en mode positif.Nous avons pris le temps pendant ces ateliers de parler, de s’écouter, de ne pas tout faire, de faire autrement en fonction des groupes : ne serait-ce pas cela aussi la liberté pédagogique ? Ce moment qui se voulait une sensibilisation sans pression de vouloir à tout prix mettre en œuvre une séance d’apprentissage est un pari gagné !
Et quelle surprise le lendemain, de croiser des élèves qui nous disent bonjour, nous sourient, (qui ne nous regardaient pas forcément avant) ... Et une petite fille en CP qui me dit : Mme XX (elle connaît mon nom !!!, j'ai adoré votre atelier, et sans compter les réactions des plus grands des élèves qui reviennent en classe et nous disent : « Quand est ce qu'on refait une journée comme celle -là ? »
Eh oui et si on le faisait plus régulièrement, ce serait un bon moyen de mieux se connaître, autant entre élèves et adultes, qu'entre élèves, et même entre collègues.Alors c’est vrai que c’est une lourde organisation mais le résultat est là, on en ressort tous grandis et heureux de la réaction des élèves.
Valérie Da Silva
POUR ALLER PLUS LOIN
1) Education à l'environnement
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/environnement
2) Mener des semaines thématiques
https://padlet.com/lasemainedessavoirs/1
UNE QUESTION
Peut-on vraiment sensibiliser aux grandes questions sur une journée ?
votre commentaire -
Si vous parcourez ce blog régulièrement, vous pouvez y déceler un mélange de pédagogie Freinet, d'influences clownesques, à travers notamment le projet des "empêchements à apprendre" (http://www.empechementsaapprendre.com/), et un certain goût pour l'incarnation des savoirs, qu'on retrouve dans le livre, "Verbes, Sujets et compagnie".
Cette semaine, avec ma classe de CE1, nous avons commencé à étudier, en chercheur d'indices, ce qui constitue une phrase. Les enfants en ont inventé chacun une de leur choix puis nous en avons analysé deux prises au hasard au tableau.
Les voilà :
1) Le roi vit dans un château royal.
2) Une jument court dans des pierres.
Je leur ai demandé de dire ce qu'ils voyaient. La première, L., a remarqué que deux mots se ressemblaient : "un" et "une". Et puis, N. a ajouté que "le" et "des" ne leur ressemblaient pas mais étaient sans doute de la même famille, celle des petits mots. Alors, nous avons cherché à comprendre l'intérêt de ces mots, et très vite, les sens de singulier/pluriel et de masculin/féminin ont émergé. Un enfant nous a révélé qu'on les appelait "les déterminants", puis nous avons observé le lien existant entre chacun des déterminants et le mot d'à côté, le nom. Bref, un bon moment de lecture grammaticale.
Mais ce qui a été le plus fort et parlant pour moi, c'est la conclusion que nous avons donnée à cette séquence sous forme théâtrale. J'ai demandé à des enfants volontaires de jouer le personnage-déterminant venant raconter son histoire à la classe. Vous constaterez dans cette vidéo ci-dessous comment l'incarnation, qui permet l'émotion, le jeu, l'humour, le plaisir et le partage, donne de la force à un concept pourtant abstrait. Et sans doute une certaine permanence...
A poursuivre les semaines prochaines.
La vidéo à consulter là : https://vimeo.com/151286403
Daniel Gostain
POUR ALLER PLUS LOIN
1) Le Français en méthode naturelle
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-francais
2) L'importance des personnages
https://padlet.com/danielgostain/1
UNE QUESTION
A quel moment de la scolarité doit-on enseigner la grammaire et ses notions ?
2 commentaires -
Que les apprentissages (et donc les programmes) ne soient issus que des projets des enfants favorisés par l'adulte.
Que la création, l'expression, l'expérimentation et la manipulation soient au centre de tous les apprentissages.
Que les horaires de classe et d'école puissent être plus souples et plus adaptés aux besoins et à la vie de la classe.
Que la circulation dans l'école soit la plus libre possible.
Que les parents deviennent de vrais partenaires, pouvant eux aussi faire partager leurs savoirs.
Que les arrivées en classe du matin deviennent échelonnées.
Que je ne sois plus seul en tant qu'adulte dans la classe.
Que l'inspecteur disparaisse et laisse place à un accompagnateur.
Qu'il y ait possibilité et même encouragement à aller voir d'autres classes.
Que nous puissions partir chaque année en "classe verte".
Qu'il y ait plus de temps pour se réunir, échanger, prévoir des projets, et ceci le plus librement possible.
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