• Dans un article récent, je relatais un moment de découverte du milieu avec des lunettes mathématiques : http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-vecu-599-avec-mes-lunettes-mathematiques-je-vois-a112633252

    Depuis lors, les défis mathématiques issus de ces regards d'enfants ont été relevés et quand je vois - et vous pourrez le voir sur la vidéo - l'investissement, l'engagement, voire la jubilation de chacun des enfants, il est difficile de considérer ces moments comme simplement sympathiques, ou comme simplement complémentaires de la vraie Mathématique...

    Voyez comme N et C se mettent à compter les craies de la classe et quelle stratégie ils ont adoptée pour que ce soit efficace !

    ... comme S et N ont visité chaque classe de l'école pour savoir leur température intérieure et déterminer ainsi la classe la mieux chauffée.

    ... comment chaque enfant chargé de reproduire les feux de parole de la classe s'y est pris.

    ... comment D, un CP encore un peu maladroit, a essayé de mesurer le tableau.

    Le plaisir est vécu, il l'est par le maître que je suis, mais encore plus par les élèves.

    Il s'inscrit dans un postulat qui est de considérer le milieu comme faisant partie du cadre d'apprentissage, loin des idées de sanctuarisation de l'école.

    Et les savoirs, savoir-faire et savoir-être n'en seront que plus forts, car incarnés.

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ lunettes maths

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/mettre-des-lunettes-pour-voir-le-monde-autrement

    2/ débusquer les situations type maths – Icem

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/13119

    UNE QUESTION

    Comment mettre en lien l’observation mathématique libre et les  programmes ?


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  • De "service" pour la récréation j'ai trouvé un groupe de filles de CE1 pas du tout de ma classe en train de se livrer à un jeu étrange  : elles avaient ramassé des feuilles jaunes de tilleuls et elles avaient commencé à "décorer" le grillage avec, de leur propre initiative. Ce qui faisait ressembler la cour à un haut lieu du land-art ... Une installation d'automne !

     

     

     

     

     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    En fait elles fixaient les feuilles avec la tige qu'elles arrachaient.
    Je n'ai pu résister à l'envie d'envoyer une de mes élèves chercher mon appareil photo dans la classe pour immortaliser ce beau ... cour-art !
     
    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Création artistique

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/chantier-arts-et-creations

    2/ Land Art

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/land%20art

    UNE QUESTION

    Comment valoriser et encourager la fibre artistique des élèves ?

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  • Avec les grands, le lundi après-midi, c'est le temps consacré à l'écriture de textes libres et au choix de texte. Il s'agit toujours d'un moment très attendu par tous. Le calme règne donc ce lundi à 13h45. Tout le monde s'est remis sur son texte, le corrige, en écrit un nouveau, l'illustre.

    Soudain, O. apparaît au seuil de la classe accompagnée de sa maîtresse. Elle refuse de rentrer, pleure bruyamment. Mais c'est sans appel, ce matin encore, elle a frappé un de ses camarades de classe parce qu'il pleurait et a voulu planter gentiment un stylo dans la ventre d'un autre lors de la cantine. Mais revenons sur O. un instant. C'est une petite fille de 7 ans, en CE1. Elle est souvent très colérique, "fait son bébé", mais semble dotée d'une intelligence remarquable et remarquée. Elle est suivie par tout ce qui peut suivre un enfant avec ses problématiques. Sa famille est présente, c'est une petite fille bien entourée... Mais pourtant...

    La voici donc installée dans le fond de la classe à pleurer. Je tente de l'appeler pour lui parler et lui proposer de se créer elle aussi son texte, mais mes appels restent vains. J'attends. Elle continue à geindre quinze minutes durant.

    Puis elle constate qu'elle n'a pas perturbé la classe. Que tous les élèves sont au travail, concentrés, sérieux, heureux de s'exprimer. Ses pleurs n'y changent rien.

    Elle me regarde, je l'appelle. Je lui propose simplement d'écrire l'histoire qu'elle veut sur la feuille que je lui tends. Elle accepte et regagne sa place silencieusement. Je l'observe. Ses yeux ne sont plus rouges mais semblent animés d'une frénésie et d'un certain plaisir. Elle est en train de créer.

    Quelques minutes plus tard, c'est l'heure du choix de texte. La dizaine d'enfants qui ont souhaité présenter leur texte à la classe ce lundi sont appelés les uns après les autres au tableau par le président du choix de texte. Chacun le lit puis répond aux questions des autres élèves. Puis vient le tour de O. qui a souhaité lire le sien à la classe. Ce petit bout de CE1, du haut de ses 7 ans partage son texte avec les grands CM1-CM2. Mon plaisir est partagé par tous les élèves de la classe qui l'écoutent attentivement.

    C'est un succès. La classe applaudit, les questions fusent... et bien sûr c'est le texte de O. qui est choisi. Cette semaine, O. devra revenir parmi les grands pour toiletter son texte, le rendre plus attrayant et finalement le publier. Il sera affiché dans la classe, présent sur le blog de l'école.

    Quel plaisir d'accueillir les enfants en crise ;)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ gérer les élèves perturbateurs – Ifé

    http://neo.ens-lyon.fr/neo/themes/theme-8

     UNE QUESTION

    Quelle est l’attitude à adopter avec un élève sorti de sa classe ?

     


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  • Une classe, c'est une alchimie particulière.

    Une alchimie faite de sécurité (les élèves ont besoin de sentir que la classe est un lieu sans danger), de stabilité (ils ont aussi besoin de sentir que tout ne va pas être chamboulé sans arrêt, d'où la difficulté, surtout chez les élèves les plus fragiles, d'accepter l'absence de leur enseignant référent), de légèreté (ils doivent se sentir reconnus dans leur âme d'enfant), de sens (ils doivent vivre la classe comme un lieu de conquête, et plus largement de vraie vie).

    Cette alchimie ne se décrète pas, elle est favorisée par tout un dispositif qui vous est fréquemment décrit dans ce blog : expression libre, questionnements permanents, coopération, projets authentiques, reconnaissance de chacun, etc.

    Elle est aussi facilitée par la présence de certains enfants, et là, j'aimerais vous parler de S. 

    S. est une petite fille de sept ans, qui était déjà dans ma classe de CP l'an dernier, et qui, plus j'y réfléchis, a une place essentielle dans la classe : 

    - Elle participe - à sa manière, discrète - à tout ce qui est proposé en classe : écriture de textes libres, rallyes lecture, passage au "Je fais partager" (aujourd'hui, elle nous a présenté un dessin d'autoroute qu'elle a réalisé à l'occasion d'un déplacement récent en voiture), paroles aux moments philo...

    - Elle a accepté sans hésitation à se mettre à côté de F., dont j'ai déjà parlé dans l'article suivant (http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-vecu-288-la-metamorphose-de-f-a107848748), pour l'aider, et je la surprends régulièrement à se pencher vers lui pour lui montrer, lui réexpliquer, l'accompagner, sans qu'à aucun moment je n'aie besoin de le lui dire. Sans faire de bruit et sans recherche de gratification quelconque. 

    - Elle entre dans la classe à chaque retour de récréation avec un regard systématique sur l'emploi du temps qui est affiché au tableau et va aussitôt se positionner à l'endroit adéquat ou sortir les outils qui conviennent à l'activité à venir. 

    Précisons que ce n'est pas une élève issue d'un milieu social favorisé, ni une surdouée. Elle est là. Simplement là. 

    Alors, pourquoi a-t-elle selon moi une place si importante ? C'est parce que je considère que l'exemple donné par un pair est moteur pour les autres élèves - surtout quand cet exemple est gratuit, sans recherche de gloire ou de récompense de sa part -, bien plus moteur, ou plutôt, autrement moteur, que celui donné par l'enseignant. Et je sens depuis quelques semaines que S. fait peu à peu tache d'huile chez d'autres élèves plus récalcitrants. 

    Et puis, voilà un petit clin d'oeil pour parler encore un peu de S. Tout à l'heure, alors qu'on parlait ensemble de "pourquoi il y avait autrefois des chevaliers et plus aujourd'hui ?", elle est intervenue en disant qu'on dit le mot "chevalier", car le cheval et son maître sont très liés.

    J'ai souri. C'était faux... et pourtant tellement juste !

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ tutorat ( empêchement)

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/6165

     UNE QUESTION

    Est-ce qu’un enfant apprend mieux aidé par un pair ou par un enseignant ?


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  • Classe de CP/CE1. St-Étienne. 42

    Comme chaque mardi, nous allons au judo. Le Dojo est situé au cœur du Parc. Le trajet dure 1/4h, mais, comme chaque fois, nous « étudions le milieu ». Belle promenade : prenons le temps !

    En ce bel après-midi de printemps, il fait un temps magnifique. Chance : les jardiniers municipaux ne sont pas encore passés, l'herbe est haute, les parterres sont fleuris. J'autorise les enfants à franchir la barrière, cueillir, ramasser, écraser les pelouses... Ils sont ravis ! Nous rentrons à l'école avec des bouquets de pissenlits et de pâquerettes. Une photo et un petit article paraissent ensuite dans le journal hebdomadaire. C'est le portrait de Samir, rayonnant ! Cet enfant Rom parle à peine le français. Il ne sait ni lire, ni écrire. J'ai compris qu'il vit dans un squat misérable, non loin de l'école.

    Une semaine plus tard, Samir arrive à m'expliquer qu'il quitte l'école pour quelques mois. Il est triste mais c'est sûr, il reviendra pour la classe verte en juin. Le vendredi, je lui demande de bien ranger ses affaires. Quand, l'après-midi au moment du  « Quoi de neuf » je le vois farfouiller dans un grand sac en plastique, je m'imagine qu'il veut remporter ses cahiers et sa trousse. C'est alors qu'il en sort un petit bouquet de trois marguerites jaunes. C'est un bouquet de fleuriste, emballé dans du papier cristal avec un ruban bouclé et une étiquette professionnelle. D'où vient-il ? L'a t-il acheté ? Trouvé ? Timidement, il s'approche de moi et me le tend en me disant « Merci  maîtresse. C'est des pissenlits » D'ailleurs, je n'ai qu'à lire : il me tend un morceau de papier sur lequel il a su, tout seul, recopier « pissenlit ».

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ Comment faire une étude du milieu ? 

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    2/ Comment accueillir un EFIV ?

    http://eduscol.education.fr/cid61512/ressources-pour-les-efiv.html

    UNE QUESTION

    Comment sortir des sentiers battus lors des trajets ritualisés ?


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