• Classe de CM1/CM2.

     Je fais des créations mathématiques depuis le début de l’année en demi-groupes. Les élèves sont devant le tableau et doivent dire ce qu’ils voient de mathématique sur la création.

     Il y a dans ma classe une élève que je n’entends jamais. Cette élève ne veut même pas lire, ni participer aux activités. Et là, un jour pendant l'observation d'une création mathématique, elle a dit quelque chose de très juste à deux reprises.

     Quelques jours plus tard, je mis mes élèves en binômes pour une activité de graduation (pour une frise historique) : il fallait dessiner un segment de 25 centimètres qui représentait un siècle et mettre une graduation tous les 10 ans. Cette élève timide était avec une autre, plus dynamique. Et la plus dynamique ne s’occupait pas de la réservée. Et elle m'a même dit : oui, mais elle ne sait rien. Alors je lui répondu : tu te rappelles qu’en création maths elle a eu de bonnes idées ?

     La timide est allée chercher une feuille à elle, et elle a commencé à mener sa recherche, ce qu’elle ne faisait jamais. Je l’ai un peu aidée et elle a trouvé comment graduer (c’était un trait tous les 2,5 centimètres). A la fin, elle m'a demandé si elle pouvait emmener sa graduation à la maison ? Elle en était fière.

    Explications possibles : c’était sans doute un endroit suffisamment peu scolaire, qui ne laisse pas de traces sur un cahier pour être évalué, qui lui a permis de s’exprimer. Elle n’a pas compris qu’elle était dans un moment scolaire, donc elle a réussi à dire quelque chose, et a vaincu sa peur de l’erreur. Pas de traces, et le fait que je lui ai reconnu ça dans une activité après, l’a remise en confiance.

     POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ créations mathématiques

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-creation-mathematique

    2/ recherche mathématique

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/la-recherche-mathematique-1

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/video-recherches-mathematiques

     UNE QUESTION

    Quels sont les éléments qui permettent de dire qu’une activité est « scolaire » ou non ?


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  • Je suis dans une classe de CM2, 23 élèves, quartier défavorisé d’Epinal. Je suis nouveau dans l’école, une équipe de cinq collègues bienveillante. Un public assez hétérogène, mais dans l’ensemble en grande difficulté.

    Depuis la rentrée, nous travaillons sur le récit de vie. On a commencé par les premiers textes libres : qui suis-je... je me présente. Je travaille sur le récit de vie, parce que je trouve que c’est une entrée assez intéressante et facile pour débloquer les enfants. J’avais repéré dans un groupe de cinq-six enfants un dégoût de l’école et des maîtres. Le récit de vie allait peut-être permettre de dire des choses d’eux, et les mettre en valeur. Deux-trois enfants m’ont dit : moi je ne raconte pas ma vie à des inconnus. Alors, on a essayé de faire en sorte qu’on puisse se raconter sans trop se dévoiler.

    Première semaine : écriture de textes libres sur soi, avec la liberté de présenter ou non son texte dans le choix de textes.

    En deuxième semaine, on a fait le lien avec la littérature, et j’ai choisi des extraits du Journal d’Anne Frank. J’avais un doute, parce que je m’étais dit : ce n’est pas facile de démarrer comme ça dès le début de l’année, par rapport au thème et à la fin tragique, même si les extraits choisis étaient plutôt plus légers. La mayonnaise a bien pris, et chaque jour on a étudié des extraits de ce Journal d’Anne Frank. On lisait ensemble et on discutait, sur le ressenti, les thèmes évoqués.

    En parallèle, une élève, qui disait qu’elle était très négative par rapport à l’école et par rapport au travail, a elle-même fait une recherche chez elle sur Anne Frank, et son texte trouvé a été un ajout dans les textes que j'apportais, une sorte de nourrissage culturel en plus sur ce thème. Et là, L. ajoute : "C’est bien d’étudier des histoires d’enfants qu’on ne connait pas et qui ont connu la guerre, et de voir que nous, on a cette chance-là de vivre dans un monde en paix et dans un pays tranquille." Et O. de renchérir : "On est un peu des gâtés-pourris."

    Il y a eu un silence dans la classe, on s’est regardé, et une discussion s’est enchaînée sur "pourquoi la guerre ?". Ça a bien dépassé ce que j’attendais. Je suis toujours quand même étonné de la force et de la pertinence que peut avoir la pensée des enfants lorsqu’ils sont mis en confiance, et j’ai vraiment pris conscience qu’il fallait faire le lien entre les textes des élèves et des textes d’auteurs.

    J’ai envie de prolonger ce moment-là par des débats philo. Il faut sentir pour cela la maturité du groupe. Là, je sens que j’ai un groupe mature. 

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ débat philo

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-debat-philo

    2/ nourrissage culturel – Boimare

    http://pedagost.over-blog.com/2015/05/le-nourrissage-culturel.html

    3/ passeur de culture – Icem

    https://www.icem-freinet.fr/archives/ne/ne/95/dossier95-pdf.pdf

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/25135

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/recherche/adultes/results/passeur%20de%20culture

    UNE QUESTION

    Dans quelle mesure l’identification à un personnage facilite l’expression et l’accès aux apprentissages ?


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