• Vendredi 14h15, fin de semaine dans ma classe de CP/CE1, les élèves sont fatigués, mais je les sens disponibles. Prêts à un moment d'observation mathématique, je crois.

    Je démarre par un rituel, celui de mettre des lunettes imaginaires - enfin plus ou moins un rituel, car ce n'est que la seconde fois - avec le geste des lunettes autour des oreilles pour mieux entrer dans l'activité, des lunettes pour voir autrement notre environnement.

    Ma consigne : "Vous allez regarder la classe avec un regard mathématique, car il y a tout un tas de choses mathématiques autour de vous. " Je leur propose quelques verbes pour les aider : compter, calculer, mesurer, tracer.

    Et puis, ça démarre. Très vite.

    S. voit une horloge et parle des chiffres qu'il y a dessus.                                                                    

    V. voit une affiche avec un triangle violet et dit qu'il a été tracé à la règle.                                    

    D. parle des jours affichés au tableau, mais ne parvient pas à expliquer en quoi ce serait mathématique. S. l'aide en parlant des 7 jours de la semaine.                                                                                

    A. voit un tableau avec plein de nombres                                                                                                

    I. indique la bande numérique de 1 à 100.                                                                                             

    S. montre la porte et dit tout de suite qu'on pourrait la mesurer. Je lui demande alors ce qu'on pourrait mesurer. Elle y va et on aborde les notions de hauteur et de largeur.                                 

    Une autre S. désigne l'alphabet et ses lettres                                                                                        

    N. montre les journaux de la classe affichés sur un mur et dit qu'ils sont numérotés.                                                                                                                                     

    A. regarde le plafond et découvre qu'il est fait de plaques carrées et rectangulaires.                                                                          

    Une autre A. dit que les feux de couleur sur le tableau (feux de parole) sont des cercles.                                                                                                                                           

    Enfin encore un A. va chercher la boîte de craies où est indiqué le nombre 100.

    Tout cela en dix minutes !

    La semaine prochaine, nous nous lancerons des défis mathématiques à partir de ces observations, comme :                                                                        

     - mesurer les dimensions de la porte                                                                                                         

    - tracer sur une feuille le plafond de la classe en respectant les dimensions.                                   

    - reproduire les feux de couleur                                                                                                                  

    - chercher dans combien de semaines ce sera les prochaines vacances                                                                                                                                                        

    ... et tous les défis qu'ils me proposeront.

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ lunettes maths

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/mettre-des-lunettes-pour-voir-le-monde-autrement

    2/ débusquer les situations type maths – Icem

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/13119

    UNE QUESTION

    Comment mettre en lien l’observation mathématique libre et les  programmes ?


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  • Quel plaisir en début d’année de préparer les élèves au désormais célèbre cross de l’école. C’est toujours un moment fantastique pour travailler un nombre incalculable de choses avec les enfants.

    Cette année, j’ai un dilemme cruel. J., qui est maintenant en CM2 va sans doute obtenir une nouvelle victoire, tant son allure et sa vitesse sont remarquables, tandis que A., en CM2 lui aussi, devra batailler pour, comme l’année dernière, parcourir les trois tours du lac de Saint Mandé sans marcher. Autant de belles victoires qui me motivent et me réjouissent.

    Cet après midi, nouvel exercice dans la cour, malgré la chaleur, que je leur impose. Bien sur, il n’est pas encore envisageable de les faire tous courir le même temps. J’adapte donc les « variables didactiques » à mes jeunes coureurs. Six fois deux minutes, entrecoupées d’une minute de marche à pied pour le premier groupe, quatre fois trois minutes pour le second, et enfin deux fois six minutes pour le dernier. Un groupe court, l’autre observe, et le dernier travaille en autonomie sur un atelier.

    Les trois périodes de course s’enchainent. Les enfants se motivent dans la cour, et malgré la chaleur du moment, réussissent à boucler leurs contrats avec honneur. Certains marchent encore un peu, mais de nombreux enfants donnent leur maximum et terminent la séance en sueur et fier d’eux. C’est sûr, ils ont progressé et malgré l’envie de marcher ont réussi, pour la plupart, à se montrer qu’ils pouvaient y arriver. J. est trempé, a du mal à enchainer deux phrases de suite, mais il a le sourire. A. lui aussi est transpirant, il est haletant, il m’interpelle. « Maître, j’ai pas marché ! J’ai couru pendant douze minutes sans marcher ! ». Oui, il a du mal à courir, mais par contre connaît parfaitement les tables de multiplication. Son sourire radieux malgré la soif et la fatigue me fait chaud au cœur. Puis, L. se rapproche. « Maître, moi aussi j’ai couru douze minutes. Sans m’arrêter. J’ai mal aux jambes. Pourtant j’ai plus couru que A. ».  Enfin, SA. se rapproche à son tour. Elle a un peu marché sur ses six séries de deux minutes. Mais elle sourit. « Mais, Nicolas, moi aussi j’ai couru douze minutes. ». On se rassemble, on s’assoit par terre dans la cour, à l’ombre, et on commence à réfléchir.

    Les questions fusent. « Mon cœur me fait mal », « Je respire vite », « Pourquoi on transpire ?», « J'ai mal aux jambes »…. Toutes ces questions je les attendais un peu. Je sais, nous sommes manipulateurs. Mon programme de sciences pour le premier trimestre se construit petit à petit.

    Mais rapidement, de nouvelles questions que je n’avais pas prévues s’imposent. « Si, deux fois six font douze, comme le font trois fois quatre et six fois deux, cela veut dire que nous avons tous couru le même temps ? », « Ceux qui ont du mal et ceux qui savent courir ont tous couru douze minutes ? C’est pas possible ? », « Ca veut donc dire que si on court deux fois six minutes ou six fois deux minutes…. On aura couru le même temps ! » « Mais non moi je suis nul, j’arrive pas à courir, c’est pas possible ! ».

    Tout le monde palabre et puis finalement on s’accorde pour dire que six fois deux font douze, tout comme deux fois six. Tiens, on dirait que finalement la commutativité de la multiplication se retrouve dans la cour quand on fait du sport….

    Demain en classe, nous pourrons regarder la table de Pythagore un peu différemment. Nous chercherons sans doute tous les douze présents sur la table. Et puis, nous calculerons la vitesse de chacun, nous estimerons le temps qu’il faudra pour réaliser les trois tours de lac, nous parlerons de km/h, de min/km…. Et nous nous rappellerons ensemble des exploits de tous, la veille, afin de démontrer, naturellement, que la multiplication est commutative. Peut être étudierons nous les propriétés des autres opérations… Et si finalement les mathématiques, c’était la vie ?

    UNE QUESTION

    Comment individualiser le travail tout en gardant la cohésion du groupe et sans se perdre ?


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  • C'est la quatrième année que je travaille dans une école élémentaire de sept classes, mais seulement de CP et CE1, où je pratique une pédagogie inspirée de la pédagogie Freinet. Depuis l'an dernier, deux collègues me suivent dans cette démarche, chacune à son rythme et selon sa sensibilité (ce qui est le mieux).

    Le plaisir à vivre - que je ferai partager assurément à plusieurs occasions dans ce blog tout au long de l'année - est celui d'un temps de réflexion d'équipe - cinq enseignants à ce jour - non institutionnel à partir de nos pratiques. Non institutionnel, car ce projet de co-réflexion vient de nous, seulement de nous, ne répondant aucunement à une demande de type "projet d'école ou de circonscription".

    Pourquoi j'insiste là-dessus ? Ce n'est pas pour rejeter en bloc ce qui vient de cette fameuse institution (il y a parfois des projets d'école intéressants à mener... mais il y a aussi de formidables "usines à gaz", et aussi, trop souvent, des mélanges de genre entre liberté pédagogique et  exigences de résultats à court terme) mais pour revendiquer une liberté de ton entre nous. Entre pairs ! En effet, cette co-réflexion est d'abord née de notre besoin d'enseignants de terrain de vivre une dynamique d'équipe qui soit vraiment la nôtre, celle issue de nos questionnements, de nos désirs de partage, de nos impasses, de nos réussites... en totale liberté !

    Nous allons nous réunir tous les lundis de 12h30 à 13h15 - avec libre participation des enseignants de l'école - pour aborder les thématiques qui nous touchent. Lundi dernier, le "Je fais partager", lundi prochain, l'expression écrite et l'amélioration des textes écrits, et on a déjà prévu un lundi de partage sur l'utilisation par une collègue des fichiers de maths Ermel. Et puis, on laissera vivre...

    Ainsi, ce lundi 8, nous avons pu discuter ensemble de                                                                           - comment favoriser la participation d'un maximum d'élèves au "Je fais partager"                        - comment rendre les interventions les plus riches possible, sans dénaturer le partage volontaire et libre des élèves                                                                                                                        - faut-il ou non prolonger ce temps d'expression par un temps de recherche ?

    Ce n'est qu'un début, continuons le plaisir !

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ direction collégiale

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/11626

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/46318#attachments

     UNE QUESTION

    C’est quoi travailler en équipe ?


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  • Depuis plusieurs années que je choisis de prendre une classe de CP/CE1 (vous pouvez lire à ce sujet l'article suivant : Eloge du double-niveau), il y a plusieurs temps que je mets en place dès la première semaine : le "Je fais partager", le "Je fais un projet" et l'écriture de textes libres (même pour les CP, qui pourtant ne savent pas encore lire ou écrire des histoires : l'écriture de textes libres)

    Cette année, je me suis lancé le défi que chaque enfant de la classe écrive une histoire au cours des deux premiers journées de classe.

    En commençant toujours par un dessin, puis avec la technique de "dictée à l'adulte" pour les CP, ou en semi-autonomie pour les CE1, et le plaisir a été total : tous les enfants ont eu une idée d'histoire avec, pour les aider à se lancer, leur dessin personnel, et la plupart ont inventé des histoires de fiction, pendant que d'autres racontaient des petites scènes de leur vie quotidienne, le tout dans une ambiance apaisée de travail. A l'issue de ces deux temps d'écriture (mardi et mercredi), j'ai pu présenter chaque texte à l'ensemble de la classe.

    Voilà une vidéo et quelques photos pour illustrer ce beau moment.

    Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1

     

     

     

     

     

    Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1

     

     

     

     

     

    Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1Plaisir VECU 207 : Ecrire dès le début d'un CP/CE1

     

     

     

     

     

     

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/Texte libre

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/texte-libre-1

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/texte-libre-2

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/texte-libre-3

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/pratiques-et-recherches-66-la-cle-du-texte-libre

    2/ L'écrilire

    https://www.icem-freinet.fr/archives/frenchcancan/fc-4/4-135.pdf

    3/ carnet écriture tâtonnée (maternelle)

    http://www.ac-grenoble.fr/ien.grenoble5/IMG/pdf_EcrireC2_Ecriture_Inventee.pdf

    http://ekladata.com/semainedelecolematernelle.eklablog.com/mod_article62124099_50cce588c18ff.pdf?4169

     UNE QUESTION

    N’est-ce pas un leurre que faire écrire les élèves de CP aussi tôt dans l’année ?

     


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