• Voilà un JFP bien classique dans mon CP/CE1, avec son enfant donneur de paroles pour la quinzaine, ses trois-quatre enfants désireux de nous présenter leur « c’est important pour moi de le faire partager » et un maître qui se met en écoute flottante (qui est ma marque de fabrique personnelle).

    Je laisse ainsi cheminer les passages avec présentation à la classe suivie de questions-réactions. Et puis, arrive l'intervention inévitable, soit lors de la présentation, soit au moment des réactions, qui fait un petit bruit dans ma tête flottante, un déclic qui me fait une douce claque. Un "autrement que prévu" (expression de Jacques Lévine) comme je l'aime, comme je le chéris, contrairement à nombre d'enseignants qui le redoutent.

    Aujourd'hui, cet AQP, je le perçois lorsque Mila demande à Alice avec quelle grand-mère elle est allée voir un spectacle : « La paternelle ou la maternelle ? »

    Alors, je m'engouffre dans la brèche, tranquillement, sans forcer, lors de mon tour de parole,  pour créer tous ensemble l’arbre généalogique d’Alice, et puis d'autres élèves volontaires.

    Et voilà une notion de CE1 abordée par le naturel.

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ je fais partager

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/55579

    2 / comment rebondir sur un quoi de neuf ?

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-quoi-de-neuf

     UNE QUESTION

    Comment concilier rebondissement sur la vie de ma classe et programmation établie sur l’année ?


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  • Alboum de jeunesse, moment partagé, moment de mise en joie, en ces temps obscurcis par un retour en arrière des pensées d’émancipation, je suis deux fois plus heureuse de faire partager ce moment de classe-plaisir autour de l’écoute d’un album de jeunesse devenu un classique du genre.

    Un élève de grande section de maternelle apporte ce matin dans la classe « Le petit chaperon de ta couleur » de Vincent Malone. C’est un album-cd à écouter. Je connais bien cet «objet», livre, chansons à plusieurs voix, qui nourrit l’intelligence, car il croise différents niveaux d’interprétations de ce conte traditionnel. En transposant l’histoire au théâtre, dans notre temps présent, en inter-changeant les personnages, le loup est malade, c’est un cochon qui le remplace, l’auteur ouvre des interstices, dans lesquels l’enfant peut y glisser son intelligence et accéder à «la culture commune» par des chemins de traverse. L’auteur qui tourne en dérision chaque élément de l’histoire, des personnages jusqu’au narrateur lui-même, permet à l’enfant de se jouer de sa peur et d’avoir prise sur la trame narrative.

    Mais rien n’est simple, car en utilisant un certain registre de langage, l’auteur met aussi en interaction, comme dans la réalité, le monde des adultes avec celui des enfants, et parce que comme lui, je fais le pari que les enfants sont porteurs d’une intelligence aussi complexe que celle des adultes, nous écoutons cette histoire.

    Les 3ème et 2ème années me disent qu’ils la connaissent déjà, l’élève en question, je l’appellerai Maxime, l’avait rapporté l’année dernière, « avec Agnès, l’autre maîtresse», moi-même j’avais travaillé cet album, il y a deux ans, alors que Maxime était en 1ère année de cycle 1. Je leur demande quand même, s’ils veulent l’écouter de nouveau, connaissant la réponse d’avance et surjouant moi aussi mon rôle de maître du jeu, seuls les «petits» ne la connaissent pas du moins par l’école. Bien sûr, ils se mettent à crier:

    - Ouiiiii

     - Vous êtes sûrs ?

    - Ouiiiii

    Et là je mesure (j’évalue) le plaisir qu’ils ont d’écouter cette histoire, mais plus encore, le plaisir de mesurer à leur tour le fait qu’à chaque fois, ils la comprennent davantage, ils en saisissent un sens qui leur avait échappé jusqu’alors. Comment j’observe cela ? Eh bien parce que leur yeux pétillent et qu’ils rient et qu’ils se tournent vers leur camarade d’à côté pour répéter la blague, et lui faire partager cette découverte.

    Les 1ère année, les «petits» n’ont certes pas tout bien compris, mais ils ont le temps, nous ré-écouterons Vincent Malone l’année prochaine et l’année d’après, par ailleurs ils ont compris quelque chose d’essentiel dans cette expérience de classe : ils peuvent grandir, ils peuvent apprendre, car cela procure du plaisir de mieux comprendre mais aussi d’être complice de ce savoir avec les autres. 

    POUR ALLER PLUS LOIN

    1/ classe multi-âge

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/576

    2/ lecture plaisir

    https://www.cesep.be/index.php/73-publications/analyses/politiques-publiques/266-lire-pour-le-plaisir-pourquoi

     UNE QUESTION

    Quel intérêt d’aborder le même album ( ou plus largement la même notion) sur plusieurs années consécutives ?


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  • Chic ! Nous aurions obtenu une classe découverte demandée pour la troisième fois consécutive.  La réunion aurait été un succès, les enfants seraient tous impatients et nous serions en route pour découvrir un nouvel environnement.

    Lundi, c'est le premier jour de cette grande aventure. Nous nous réunissons dans une salle de classe avec les enfants et les autres adultes qui nous accompagnent. Le programme des activités est présenté. Nous allons pouvoir y mettre notre grain de sel : créer des équipes de trois élèves qui auront une mission quotidienne à accomplir.

     Il y aura les équipes suivantes :

    - l'équipe des écrivains, chargée d'inventer une histoire- fiction, en lien avec la classe de découverte.

    - l'équipe des journalistes, en charge de la rédaction d'articles sur la journée écoulée, comme au journal télévisé.

    - l'équipe des mathématiciens, dont le rôle sera d'inventer des problèmes mathématiques à partir de ce qui est vécu ou de l'environnement proche.

    - l'équipe des scientifiques, qui devra préparer un exposé ou mener une expérience sur un thème propre à ce nouveau lieu.

    - l'équipe des artistes plasticiens, qui devra réaliser une œuvre à partir de ce qu'elle aura vu ou collecté.

    - l'équipe des musiciens-danseurs-chanteurs, qui nous proposera une scène de son choix.

    - l'équipe radio, qui devra composer  un enregistrement sonore et ou visuel à partir de sons et images captés durant la journée.

    - l'équipe photo, qui  sera elle en charge de la prise de vues, puis de la sélection des photos en vue d'une exposition au retour de la classe découverte.

    Les équipes seront constituées avant le départ en fonction des désirs des enfants et des considérations de l'enseignant (composer des équipes hétérogènes, mélange garçons-filles, petits-grands). Elles resteront les mêmes pour ces missions tout au long du séjour, sauf en cas d'incompatibilité majeure.

    Chaque jour, une rotation est faite entre les équipes, afin que chacune puisse explorer chacun des regards.

    Tout le travail effectué par ces équipes sera l'objet d'une présentation aux parents au retour de la classe nature. Et par ailleurs, une partie de ce travail pourra aussi être mis en ligne sur le blog de la classe, s'il existe.

     

     


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  • Il serait 8h45, les parents accompagnateurs seraient là, nous serions prêts à chausser nos lunettes imaginaires.

    Nous commençons par essayer ces montures dans l'univers de la classe. Elles ont le pouvoir de nous mettre plein de questions en tête. Les questions relatives à l'environnement de la classe émergent naturellement : "Quelle est la dimension de la classe ?", "Combien y-a-t-il de livres dans la bibliothèque ?", "Est-ce qu'on aurait la place pour mettre une nouvelle armoire dans le fond de la classe ?", "Quelles sont toutes les différentes manières de disposer les tables dans la classe ?", "Si on devait vendre notre classe, quel en serait le prix ?"....

    Nous faisons le tri entre les questions qui pourraient déboucher sur une recherche et celles auxquelles nous ne pouvons pas apporter de réponses (ex.: pourquoi la classe a-t-elle des murs ?), ou alors pour lesquelles nous pouvons répondre sans véritable recherche (ex.: combien y-a-t-il d'élèves dans la classe ?).

    Les lunettes fonctionnent, chacun a trouvé la monture à sa taille, nous sommes chauds et nous allons maintenant les utiliser dans l'environnement du quartier.

    Suivant l'âge des élèves, nous nous équipons, soit d'un enregistreur si les enfants ne sont pas encore autonomes en écriture, soit de petits carnets sur lesquels les enfants écriront leurs questions. La classe est divisée en équipes accompagnées d'un adulte. La balade peut commencer.

    Nous franchissons les grilles de l'école, et pénétrons dans un territoire que nous allons redécouvrir. Les groupes s'éparpillent et tout de suite certains commencent à s'immobiliser pour proposer leurs questions. Tous sont maintenant conscients que les questions que l'on se pose doivent être propices à une recherche ultérieure. Exemple de questions : "Quelle est la largeur des trottoirs ?", "Comment est faite la numérotation des rues ?", "De quand date cet immeuble ?", "Pourquoi y-a-t-il un tuyau ici ?", "Quelle est la taille moyenne des personnes que l'on rencontre ?", "D'où provient ce son qu'on entend ?", etc.

    Une fois ces questions recensées, nous nous retrouvons en classe, nous les mettons en commun, et faisons un dernier tri pour ne garder que celles que la classe juge intéressante pour aller plus loin.  Chaque élève choisit alors la question qui l'intéresse le plus. Des équipes de deux à trois élèves sont constituées afin de mener leurs futures missions ! A suivre...

    POUR ALLER PLUS LOIN

    Comment sortir en classe pour mener une recherche ? https://www.icem-pedagogie-freinet.org/accueil-sortie

    UNE QUESTION

    Comment trouver les ressources pour répondre à tous les questionnements ?  

     


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